COUSSET Joseph, François (Indre)

Par Jean-Luc Labbé

Né en 1804 à Clugnat (Creuse), mort en 1878 à Argenton-sur-Creuse (Indre). Avoué puis avocat. Républicain-démocrate-socialiste à Argenton s/c dès le début de la Seconde République (1848), nommé Procureur de la République, élu conseiller municipal à Argenton s/c à l’été 1848, adjoint au maire révoqué par le préfet en décembre 1850. Exilé volontaire suite au Coup d’Etat du 2 décembre 1851, condamné par contumace à la déportation. Installé à Chambéry (Savoie) de 1851 à 1878, revenu à Argenton s/c "quelques mois" avant sa mort en décembre 1878.

Jeune avoué, Joseph Cousset se maria à Argenton-sur-Creuse le 21 juin 1826 avec Jeanne Olympe Maingaud, fille d’un maitre des postes et d’une aubergiste. Le couple aura quatre enfants.
Avocat, lors de la révolution de février 1848, il devint l’un des principaux militants républicains-socialistes d’Argenton s/c pendant les années suivantes et jusqu’au coup d’Etat de Louis Napoléon Bonaparte en décembre 1851.
Dans les semaines qui suivirent la révolution de février 1848, Joseph Cousset prit contact avec Fleury et Dufraisse, placés à la direction de la préfecture de l’Indre (Châteauroux) par G. Sand. Joseph Cousset obtint ainsi une charge de procureur de la République.
Lors des élections de juillet 1848, Joseph Cousset, avec 7 autres républicains, fut élu au Conseil municipal. Quoique que minoritaires dans ce conseil municipal de 23 membres, l’élection des huit républicains fut malgré tout contestée par le Préfet. L’élection municipale suivante, en juin 1850, permit aux républicains de conquérir la totalité des sièges et à Joseph Cousset de devenir adjoint-au-maire.
Mais au début du mois de décembre 1850, le préfet décida de suspendre Joseph Cousset de toutes ses responsabilités ; confirmant ainsi la reprise en main de la droite réactionnaire sur les quelques bastions démocrates-socialistes qui existaient encore dans le département de l’Indre.
Lors du coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851, Joseph Cousset fut de ceux qui tentèrent de résister. Son dossier judiciaire insista sur le fait "qu’il tenta de se rendre maitre de la mairie d’Argenton" et que pour cela il "devait recevoir le soutien des ouvriers travaillant sur le chantier" de la voie ferrée en construction entre Châteauroux et Argenton, sur le tunnel et le viaduc de Chabenet. Deux de ces ouvriers (voir Claverie dit Nérac et Poussin dit le Lochois) furent également condamnés. Joseph Cousset devait également recevoir le soutien du maire de la commune voisine de Badecon.
Cette tentative de résistance échoua et, comme partout en France, le pouvoir impérial demanda à la police de mettre la main sur tous les militants dont les listes avaient été établies au cours des années précédentes.
Joseph Cousset ne se laissa pas arrêter et dès le 5 décembre partit dans la clandestinité pour rejoindre l’Angleterre où se trouvait la plupart des chefs républicains qui, comme lui, avaient échappé aux rafles policières. Rapidement, il quitta l’Angleterre pour se refugier à Chambery, dans la principauté de Savoie, autre destination des chefs républicains en exil.
La justice condamna, par contumace, Joseph Cousset à la peine maximale, la déportation à Cayenne. La commission mixte de février 1852 ramena cette peine à la déportation en Algérie, peine malgré tout assortie de 10 ans d’internement en camp de travail. Plusieurs années après, alors que le régime impérial donnait quelques signes de clémence, Joseph Cousset, fit une demande de grâce qui lui fut refusée.
Depuis février ou mars 1852, Joseph Cousset était donc en Savoie où ses relations lui permirent de reprendre son métier d’avocat. En 1870, à la suite de la chute de l’Empire et de la proclamation de la République, Joseph Cousset aurait pu décider de revenir à Argenton où se trouvait encore sa famille. Probablement jugea-t-il imprudent de prendre ce risque dans ces années marquées par les suites tragiques de la Commune. Ce ne fut qu’au début de l’année 1878 que Joseph Cousset, alors âgé de 74 ans et se sentant probablement en fin de vie, décida de revenir à Argenton-sur-Creuse ; ville où il décéda le 12 décembre 1878.
Lorsque, en 1882, la République indemnisa « les victimes du 2 décembre » Cousset était donc décédé ; ses deux filles, Céline alors institutrice à Chambéry et Aline alors domiciliée à Issoudun, reçurent chacune une rente annuelle de 400 Francs.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article191241, notice COUSSET Joseph, François (Indre) par Jean-Luc Labbé, version mise en ligne le 6 avril 2017, dernière modification le 28 septembre 2022.

Par Jean-Luc Labbé

SOURCES : dossier d’instruction Arch. Dep. Cher 2U233 – B. Moreau, Marianne bâillonnée, 2002. – Liste des indemnisés, L’Echo des Marchés, octobre 1882. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Joseph François Cousset — Notes de Valentine Dumas - On trouvera dans la revue des Amis du vieux Chambery, 2012, une très complète biographie : "Joseph Cousset, un condamné politique entre Creuse, Indre et Savoie".

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