LAPLANTINE Barthélémy

Par Jean-Luc Labbé

Né le 4 octobre 1813 à Issoudun (Indre), mort en 1859 à Mostagadem (Algérie) ; marié et deux enfants ; menuisier ; militant démocrate socialiste à Issoudun (Indre) ; membre de la Jeune Montagne en 1849, inculpé en 1851 pour participation à un banquet interdit, emprisonné en décembre 1851, déporté en Algérie en mars 1852 ; resté volontairement en Algérie où il décède en 1859.

Barthélémy Laplantine naquit le 4 octobre 1813 à Issoudun dans une famille d’artisans menuisiers et se maria le 4 novembre 1834 à Vatan avec Marie-Désirée Gerbault (couturière de 20 ans, née à Vatan en 1814, morte à Issoudun en 1857).

Au moment de ce mariage, Barthélémy Laplantine, alors âgé de 20 ans, était dit menuisier et ses deux frères étaient témoins : Jean-Honoré (fabricant de 39 ans) et Jacques (fabricant de 35 ans). Les trois frères savaient signer de leur nom. Les parents (Jean Laplantine, fabricant, et Madeleine Moreau) étaient morts respectivement en 1822 et 1831. Le couple Laplantine-Gerbault eut deux enfants nés à Issoudun : Cécile-Hortense née en 1837 et Barthélémy [dit Paul] né en 1845.

Agé de 35 ans, artisan menuisier dans l’entreprise familiale, marié et père de deux enfants, Barthélémy Laplantine s’engagea dès les premiers pas de la Seconde République à Issoudun. Son dossier judiciaire instruit en décembre 1851 dira de lui qu’il était membre actif de la Solidarité Républicaine et de la Jeune Montagne. En février 1851, Barhélémy Laplantine fut inculpé pour sa participation à un banquet interdit par le Préfet et auquel avait pris part 37 personnes pour le troisième anniversaire de la déclaration de la République de février 1848.

Au lendemain du coup d’état bonapartiste du 2 décembre 1851, il participa à une réunion nocturne rassemblant 150 personnes chez le vigneron Jean-Baptiste Lumet où il fut question d’organiser une insurrection. Dans les jours suivants, Barthélémy Laplantine fut arrêté et incarcéré à la prison de Châteauroux avec les autres démocrates-socialistes issoldunois. Condamné à la déportation en Algérie en janvier 1851 par le Préfet de l’Indre et le Procureur de Châteauroux, cette condamnation fut confirmée par la commission mixte Canrobert en février (Arch. Dep. Indre).

La base de données nationales établie par J-C Fracy sur les poursuivis de 1848 donne les éléments essentiels de son dossier judiciaire. "Observations en liste générale : Affiliateur aux sociétés secrètes. Organisateur actif de l’insurrection projetée. Aucun retour à espérer de lui. Motifs et observations dans l’État de la commission mixte : Son attitude a été fort inconvenante devant le juge d’instruction, il a refusé de répondre à ses questions. Signalé par l’instruction comme affiliateur à la société secrète la Jeune Montagne et l’un des organisateurs actifs de l’insurrection projetée. Aucun retour à espérer de lui. (Extrait du travail de la Commission mixte du département de l’Indre, SHD, 7 J 72)".

Avec les autres condamnés du département de l’Indre, et en particulier Jean Patureau-Francoeur, il fut placé en mars dans un wagon cellulaire pour son tranfert en Algérie. PLacé sous le régime "Algérie-moins", ayant donc la possiblité de travailler à l’extérieur de son lieu d’assignation à résidence, Bathélémy Laplantine ne fit l’objet d’aucune mesure de grâce et, sembla-il, d’aucune intervention en sa faveur de George Sand auprès du pouvoir impérial. Il se trouvait toujours à Mostagadem lors de la mesure de grâce générale de 1858 et sa famille ne l’y avait pas rejoint. Barthélémy Laplantine, qualifié alors de journalier, décéda le 30 novembre 1859.

Il semble donc que Barthélémy Laplantine avait, de son propre chef, fait le choix comme d’autres de rester en Algérie après avoir rompu tout lien avec sa famille issoldunoise. Sa femme Marie-désiré était morte deux ans auparavant (le 9 août 1857 à Issoudun, où elle était domiciliée Impasse de la prison). Son fils Barthélémy [dit Paul], coiffeur à Selles-sur-Cher (Cher) en 1871, fut condamné pour violence sur enfant et déporté à Cayenne où il mourrut en 1874.

Le 12 décembre 1871, le Journal officiel de la République Française, dans le cadre d’une publication pour des "successions en déshérence", déclara Barthémy Laplantine mort à Mostagadem le 30 novembre 1859.

En 1882, dans la cadre de la loi d’indemnisation des victimes de la répression impériale, sa fille Cécile, seule ayant-droit encore vivante, perçut une rente annuelle de 800 Francs. Cette fille Cécile-Hortense s’était mariée (lingère) le 28 janvier 1862 à Issoudun avec Alexandre Daumain, menuisier-charpentier de moulin, originaire de Selles-sur-Cher. Il ne semble pas que les deux frères de Barthélémy Laplantine, Jean-Honoré et Jacques, ont joué un rôle politique quelconque à Issoudun.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article191293, notice LAPLANTINE Barthélémy par Jean-Luc Labbé, version mise en ligne le 10 avril 2017, dernière modification le 22 mai 2020.

Par Jean-Luc Labbé

SOURCES : B. Moreau, Marianne bâillonnée, Points d’ancrage 2002. – L’Echo des Marchés, octobre 1882. – Arch. Dép. Cher 2U233. - Archives judiciaires et état civil. -Base de données de J-C Farcy. - Les inculpés de février 1851 à Issoudun, J-L Labbé.

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