CELLIER Claude, Marie

Par Maurice Moissonnier, compléments de Claude Pennetier

Né le 13 août 1897 à Messimy (Rhône), mort en déportation le 11 août 1942 à Auschwitz (Pologne) ; employé puis cheminot ; militant de la CGTU, secrétaire de l’UD-CGTU du Rhône en 1928 ; militant communiste, membre du comité régional du PC ; dirigeant communiste de Gentilly et Cachan (Seine, Val-de-Marne).

Le père de Claude Cellier était manœuvre à l’Arsenal de Lyon-Perrache, sa mère faisait des ménages. Ils avaient trois enfants dont deux filles. Élève de l’école laïque, Claude Cellier obtint le certificat d’études primaires, mais il abandonna ses études à l’âge de treize ans pour commencer à travailler. D’abord coursier chez une modiste, il était l’année suivante copiste dans une compagnie d’assurances de Lyon puis à la chambre syndicale des avoués. À seize ans, il devint clerc d’avoué et fréquenta des cours de droit jusqu’au 15 janvier 1915, date de son service militaire au 30e Régiment d’infanterie à Annecy (Haute-Savoie) jusqu’en 1916, où il servit à Chambéry au 97e RI. Il partit alors au front et fut fait prisonnier de guerre au Chemin des Dames le 22 juin 1917. Rapatrié le 2 décembre 1918, il fut démobilisé le 1er juillet 1919. Il entra le 7 juillet à la Compagnie du PLM comme homme d’équipe au service d’exploitation de Lyon. Congédié pour raison de grève, le 30 avril 1924, il devint permanent syndical.

De 13 à 19 ans, Claude Cellier fit partie de groupements laïques et fut membre du conseil d’administration de la section laïque de Saint-Just et du Point-du-Jour. Il quitta ces organisations dont les dirigeants étaient hostiles aux grèves de mai 1920 auxquelles il participa. Le 28 mai 1920, il adhéra au parti socialiste SFIO où il lutta pour l’adhésion à la IIIe Internationale. Il était secrétaire adjoint de la sous-section de Saint-Just. Il milita dans le jeune PC avec Edmond Chambon, Gaston Lévy, Jacques Soudeille dit Souzy, etc. Il participa à tous les congrès nationaux du PC, à partir de celui de Paris d’octobre 1922 jusqu’au 7e en 1932. Il intervint à la conférence nationale de Paris, salle Bellevilloise, le 11 mars 1930. En mars 1932, la région lyonnaise le délégua au VIIe congrès du parti tenu à Paris. Dès 1923, il milita « pour remonter le courant de défaitisme qui s’était emparé du parti au moment de la trahison de Frossard (voir Louis Oscar Frossard)... lors de l’occupation de la Ruhr ». Membre de la cellule des cheminots, il était chargé du travail de propagande générale (voir Louis Poirier). Il fut élu en 1925 au comité régional du parti et réélu par la conférence régionale tenue à Lyon le 24 janvier 1926. Il était aussi membre du bureau régional du parti.

Comme Claude Cellier le déclarait en 1933, « la plus grande partie de ma vie militante a toujours été et est encore dans l’organisation syndicale ». Il avait adhéré dès le 1er septembre 1919 au syndicat des cheminots de la Compagnie PLM où il était entré en juillet. Ayant participé activement aux grèves de février et surtout mai 1920, il « remplaça les anciens dirigeants syndicaux qui étaient défaillants » et entra au Conseil d’administration du syndicat. Il passa à la CGTU en 1922. Il fut nommé en août 1923 à la commission de propagande de la CGTU du Rhône ; à la même date, il démissionna de la commission de contrôle de l’UD où il siégeait depuis 1922. Il participa au premier congrès unitaire ordinaire de l’Union des syndicats tenu le 5 août 1923 au cercle syndicaliste de Villeurbanne. Il y fut l’un des porte-parole de la minorité départementale qui défendait les orientations de la majorité confédérale en s’affirmant en faveur des commissions syndicales créées par les communistes et de l’adhésion à l’Internationale syndicale rouge : « Nous déposerons une motion d’adhésion à l’ISR et vous l’accepterez, disait-il en conclusion de son intervention, car la Révolution russe est le prélude à la Révolution mondiale. »

Après les désaccords du congrès de Bourges et la scission qui se produisit à Lyon en 1924-1925 au sein de la CGTU (voir à ce propos : Henri Fourcade, Théophile Argence, Pierre Pontal, Ruault), il contribua à la création de l’Union unitaire demeurée fidèle à la confédération et installée rue Molière.

Claude Cellier défendit, aux divers congrès de sa corporation, les positions de Gaston Monmousseau, puis de Pierre Semard. Il devait plus tard s’opposer au passage à l’autonomie défendu par Devaux, Mérot, Breuil Après une visite à Lucien Midol exilé en Suisse, il eut la charge de « redresser l’Union des syndicats de la voie ». Il fut alors choisi par les cheminots comme délégué du personnel de sa catégorie auprès de l’Inspecteur principal et de l’Ingénieur en chef du PLM. En novembre 1923, il était secrétaire du Syndicat unitaire des cheminots de Lyon et créait un « Comité de gare » à Lyon-Perrache qui fit arrêter le trafic de cette gare pendant 3/4 d’heure en avril 1924. Cette action entraîna la révocation de Claude Cellier par la Compagnie PLM le 30 avril. Par une « procédure habile autant que malhonnête », cette sanction fut transformée en retraite par anticipation. Ayant, sur instruction fédérale, refusé de quitter son lieu de travail, il fut arrêté le 2 mai et emmené au Commissariat. Il fut relâché et échappa aux poursuites envisagées qui furent abandonnées suite à l’amnistie votée le 24 mai par le Cartel des Gauches. Le 1er juin 1924, il était désigné, par le Congrès de l’Union des syndicats unitaires du PLM, secrétaire permanent de l’Union. Il conserva cette responsabilité jusqu’en 1928.

En juillet 1928, après le départ de Désiré Revol, « Le Bureau politique du Parti décidait de [l’]affecter comme secrétaire permanent de la 6e Union régionale de la CGTU ». Cette décision fut ratifiée par le comité régional de l’UR et il conserva cette responsabilité jusqu’en 1933.

Claude Cellier fut candidat à plusieurs élections : son nom avait été proposé par les militants lyonnais pour les élections législatives de 1928, mais le Centre refusa ; en mai 1932, il obtint dans la 6e circonscription de Lyon 868 voix au premier tour et 430 au second, tandis que le socialiste André Février était élu avec 7 139 voix. En 1935, il fut sans doute candidat aux élections municipales dans le VIe arrondissement de Lyon sur la liste conduite par Pierre Capelle, bien que la profession de ce candidat soit alors celle de monteur en chauffage (mais nous savons que Cellier en changea souvent). Cette liste obtint 1 020 voix au premier tour et se désista au second tour en application des accords entre le PC et la SFIO.

Claude Cellier quitta ensuite Lyon au moment de son mariage et s’établit dans la région parisienne. Son dossier du RGASPI comprend une note de la fédération Paris-Sud du PC. Il y est déclaré « très sérieux, agitateur pas organisateur, attaché au Parti, superficiel ». On y apprend que sa femme était, fin 1933, employée à Vitry-sur-Seine. La commission des cadres l’avait noté A. Conservateur au Cimetière de Gentilly, domicilié dans cette ville, il fut militant de Cachan de militant communiste à Cachan entre 1935 et 1940, cependant son adresse à Cachan, 44 du Sentier des Grandes places (depuis 1949, rue Claude Cellier) semble de complaisance (un autre candidat communiste, Paul Benard, égoutier, habitait à la même adresse). Ne pouvant pas être candidat aux élections à Gentilly, comme employé municipal, il orienta son action vers Cachan. Il était fut tête de liste communiste aux élections municipales de mai 1935, alors que Antoine Marcilloux l’était pour la SFIO, il y a eu trois élus SFIO (Antoine Marcilloux et André Lemoine), Edmond (ou Édouard) Lambert et aucun communiste. Il semble que plusieurs candidats communistes venaient de Gentilly (ainsi André Heussler) en raison de la faiblesse de l’implantation communiste à Cachan. Les résultat du premier tour étaient cependant fort honorables : sur 3475 inscrits et 2889 votants, Cellier avait 805 voix et le socialiste Marcilloux 655 voix. Laliste "antifasciste" du deuxième tour profita aux socialistes, mais l’Union républicaine (Eyrolles) conserva la municipalité.

Claude Cellier fut mobilisé en février 1940 au fort Lamothe à Lyon, démobilisé en juillet, et contribua alors à organiser l’action clandestine du PC dans le Rhône. Arrêté le 6 octobre 1940 par la police française, interné au camp d’Aincourt jusqu’en février 1941 puis au camp de Rouillé (Vienne) jusqu’en juillet, puis au camp de Compiègne (Oise), il fut déporté le 6 juillet 1942 vers Auschwitz dans le convoi des 45 000 et mourut peu de temps après, le 11 août 1942.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19136, notice CELLIER Claude, Marie par Maurice Moissonnier, compléments de Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 8 décembre 2021.

Par Maurice Moissonnier, compléments de Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat., F7/13120, Bellegarde 26 janvier 1930 ; F7/13121, Saint-Étienne, 14 février 1930 et F7/13671. — Arch. de l’institut de marxisme-léninisme (Moscou) microfilms déposés à l’Institut Maurice Thorez, bobine n° 26. — RGASPI 495.270.8473. autobiographies des 17 mars 1932 et 11 mai 1933. — Bulletins officiels de l’union des syndicats unitaires du Rhône. — Compte rendu du congrès des syndicats unitaires du Rhône. — Compte rendu du congrès des syndicats unitaires, 5 août 1923, Traquet édit. — l’Humanité, 12 mars 1930. — Le Cri du Peuple, 7 et 21 mars 1931. — La Voix du peuple, organe régional du PC, avril-mai 1935. — Interview d’anciens militants lyonnais du PC. — Notes de Jacques Girault, René Lemarquis, Jean-Pierre Besse et Marcel Breillot. — Arch. com. Cachan, note explicative pour le dénomination nouvelle "rue Claude Cellier", 2 novembre 1949 "son domicile aurai été au N°44 du Sentier de Grandes places à Cachan, mais il n’en a pas été trouvé trace dans les archives communales".

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