ESCHER-DESRIVIÈRES, Jean, Alfred

Par Michel Rousselot

Né le 24 février 1896 à Paris (XVIIe arr.), mort le 26 mars 1969 à Paris (XIVe arr.) ; docteur ès-sciences, ingénieur à la compagnie Saint-Gobain ; membre du conseil fédéral (1944) puis président de la Fédération française des syndicats d’ingénieurs et cadres FFSIC-CFTC (1946-1958).

Jean Escher fils de Jean, Charles, Marie, Antoine Escher, employé au ministère de la Guerre, et de Marie Honorine Leroy, sans profession, très tôt privé de ses parents, fut élevé par son oncle Gabriel Louis Desrivières et sa tante Marie Honorine Désirée Gabrielle Leroy, qui l’adoptèrent le 3 décembre 1923. Il devait rester célibataire.

Après un baccalauréat littéraire et un baccalauréat mathématiques, il fut boursier et enseigna en collège pour financer la poursuite de ses études. De 1922 à 1926, il prépara pendant quatre ans un doctorat ès-sciences physiques au laboratoire de Marie Curie qu’il obtint avec la mention très honorable. Il avait profité de l’enseignement des grands physiciens de l’époque tels Jean Perrin et Paul Langevin et avait fréquenté des chercheurs débutants comme Irène Curie ou Frédéric Joliot.

Après son doctorat, il opta pour l’industrie et entra en 1926 à la compagnie Saint-Gobain où il fit toute sa carrière en qualité d’ingénieur de recherche d’abord au laboratoire des « glaceries » puis, à partir de 1954, à l’état-major de la direction commerciale. Chargé notamment des applications industrielles du verre coloré il fut à l’origine de l’utilisation de la lumière jaune pour les phares des automobiles. Il développa également les recherches pour l’usage du verre dans le secteur du bâtiment.

Jean Escher-Desrivières fut préoccupé par les problèmes sociaux dès 1936. Pendant l’occupation allemande, il refusa de participer à toute activité sociale officielle, et à la Libération, il fut parmi les premiers militants à participer à la création en novembre 1944 de la Fédération française des syndicats d’ingénieurs et cadres FFSIC-CFTC et à siéger à son conseil fédéral. Son adhésion était motivée par la part qu’avait prise la CFTC dans le Conseil national de la Résistance, dans son programme de reconstruction du pays et de réformes sociales. Il s’intégra à la première équipe du Conseil fédéral et assura la responsabilité du groupe des ingénieurs et cadres de la chimie. Il participa à la rédaction des arrêtés « Parodi » de classification des salaires et dirigea la délégation qui élabora la convention collective nationale pour les cadres des industrie de la chimie d’une part et de l’industrie du verre d’autre part. Élu président de la FFSIC en juin 1946, alors qu’André Bapaume devenait secrétaire général permanent, il siégea dans les comités nationaux de la CFTC. Il continua à s’impliquer dans les négociations, notamment pour les conventions collectives de branches qui se créaient alors. Il participa aux discussions et interventions sur la Sécurité sociale et sur les retraites des cadres, avec interpellation du gouvernement et manifestations, intervenant notamment le 14 janvier 1947 salle Wagram à Paris, lors du meeting organisé par le Comité de défense des cadres, soutenu par la FFSIC-CFTC et par la Confédération générale des cadres CGC et présidé par Charles Argant*. Il participa aux travaux de la commission paritaire qui aboutit à la signature le 14 mars 1947 à la convention collective nationale instituant le régime de retraites et de prévoyance des cadres (AGIRC) aux cotés d’André Bapaume, d’Alexandre Drevelle, de Charles Argant et d’André Lienard* (pour la FFSIC) ainsi que, notamment, de Roger Pascré (pour le Cartel confédéral des ingénieurs et cadres supérieurs CGT) et d’Yves Fournis (pour la CGC).

Soucieux de développer les relations extérieures de la FFSIC, Jean Escher-Desrivières présenta, lors du congrès de la FFSIC de 1952, un rapport couvrant à la fois le plan national avec la Confédération des travailleurs intellectuels et les relations internationales avec les actions de la Confédération internationale des syndicats chrétiens (CISC) et les travaux du Bureau international du travail (BIT). Ayant fait admettre le principe de l’adhésion à la Confédération des travailleurs intellectuels, il représenta la FFSIC à son comité directeur pendant plusieurs années. Il participa aux travaux de la Fédération internationale des syndicats chrétiens d’employés techniciens et cadres (membre de la CISC).

Il fut animé par la volonté de construire un syndicalisme moderne capable d’intervenir dans le domaine économique. Ainsi après avoir présenté un rapport sur les salaires au congrès de la FFSIC de 1950, lors des congrès de 1953 et de 1954, il présenta successivement des rapports sur « la fonction économique du syndicalisme moderne » puis sur « les cadres et le chômage technologique ». Il prit part à la commission de la recherche scientifique et technique du deuxième plan de modernisation (1954-1957). Il s’intéressa également au mode de structuration du syndicalisme avec le débat présent dans la CFTC tendant à regrouper tous les salariés d’un même secteur économique dans une même fédération d’industrie et soumit un rapport traitant de ce sujet au congrès de FFSIC de 1955.

Lorsque Jean Escher-Desrivières quitta la présidence de la FFSIC en 1958, il fut nommé président d’honneur et François Lagandré lui succéda comme président de la FFSIC. Il reçut les insignes de chevalier de la Légion d’honneur des mains de Gaston Tessier en 1958.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article191408, notice ESCHER-DESRIVIÈRES, Jean, Alfred par Michel Rousselot, version mise en ligne le 13 avril 2017, dernière modification le 7 janvier 2021.

Par Michel Rousselot

SOURCES : Arch. Union confédérale des ingénieurs et cadres UCC-CFDT, fonds FFSIC-CFTC. — Discours de Gaston Tessier du 15 novembre 1958. — Journal Cadres et Profession, notamment : n° 2, juin 1946, n° 123, septembre 1958, n° 125, novembre-décembre 1958, n° 232, avril 1969, et nombreux éditoriaux durant sa présidence. — Notes de François Lagandré (1999). — État civil.

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