SINEAU Louis, Auguste.

Par Jean-Luc Labbé

Né le 3 février 1817 à Issoudun (Indre) et mort dans cette même ville ; artisan drapier puis meunier ; démocrate socialiste en 1848 ; emprisonné fin 1851 - début 1852 ; perquisitionné en 1865 ; conseiller municipal à partir de 1870, réélu en 1871 (pendant La Commune) et jusqu’en 1892 ; conseiller d’arrondissement en 1886.

A la naissance de louis, son père Jacques déclarait la profession de drapier qu’il exerçait dans son moulin du village de Chinault à Issoudun. Louis Sineau sera lui aussi drapier jusque vers 1850, période au-delà de laquelle il se déclara meunier. En 1852, marié à une femme née Imbert et père de trois enfants, il était réputé « assez aisé » financièrement.
Militant démocrate-socialiste dès les débuts de la Seconde République, il fut l’un des militants issoldunois fichés par la police pour son adhésion à la « société secrète » La Solidarité Républicaine. Mais, appelé à témoigner au procès des dirigeants locaux en 1849, il ne sera pas inquiété. A la suite du coup d’Etat de Louis Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851, il sera arrêté et emprisonné plusieurs semaines à Châteauroux avant d’être relâché fin janvier 1852 car « jugé peu dangereux ». Il aurait en fait réussi à minimiser son rôle et peut-être fourni des renseignements sur d’autres inculpés fortement condamnés ; ce reproche lui sera adressé par Jean-Baptiste Lumet. Si ce reproche reposait sur une réalité, la principale victime en aura été François Villotte, ouvrier drapier chez Louis Sineau et déporté en Algérie. Cette thèse est étayée par un rapport de police, que ne pouvait connaitre Jean-Baptiste Lumet, lors de l’instruction judiciaire : « L’inculpé Vilatte travaillait chez lui, il a été obligé de le renvoyer tant il lui a tenu de propos sanguinaires. Assez aisé, laborieux, Sineau été compromis par ses relations ».
Que ce reproche fût ou non justifié, force était de constater l’engagement politique durable de Louis Sineau. En 1865, comme son ami Alfred Leconte qui deviendra député en 1876, il a été l’objet d’une perquisition par la police impériale, et une « locomotive chauffait », prête à les emmener si l’on avait trouvé quelque preuve. Louis Sineau fut élu pour la première fois au conseil municipal d’Issoudun en août 1870 et refusa de faire acte d’allégeance à l’Empereur ; ils ne furent que trois sur vingt-sept élus. Suite à l’élection municipale des 30 avril et 7 mai 1871, il faisait partie d’un conseil municipal « radical et révolutionnaire en totalité ou presque » selon les mots du Sous-Préfet. Louis Sineau siégea ainsi au conseil municipal sans discontinuer pendant 22 ans et ne fut pas, probablement en fonction de son âge, candidat aux élections municipales de 1892. En 1886, il avait été élu conseiller d’arrondissement dans le canton d’Issoudun-nord.
Une fiche de police datant de 1874 le décrivait comme suit : « Radical et communard, sans instruction, meneur dangereux, influent à Chinault et dans une certaine catégorie de vignerons, notamment les plus abrutis. A chez lui un drapeau rouge, il n’attend qu’une occasion favorable pour le faire flotter. Sa maison est le rendez-vous des étrangers propagandeurs (sic) de doctrines les plus pernicieuses ; grand amateur de réunions publiques, conciliabules permanents chez lui du club révolutionnaire ». Pour faire bonne mesure cette même fiche de police rapportait qu’il avait été « condamné le 19 août 1860 pour ne pas avoir déposé à la police une pièce trouvée de 5 Francs ». Tout compte fait, si l’on comprend bien ce rapport de police, ce fut le seul acte délictueux commis par Louis Sineau …

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article191425, notice SINEAU Louis, Auguste. par Jean-Luc Labbé, version mise en ligne le 27 avril 2017, dernière modification le 27 avril 2017.

Par Jean-Luc Labbé

SOURCES : Arch. Dép. Indre et Cher.

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