BEAUDOIN François, Xavier, Joseph

Par Philippe Wilmouth

Né le 28 août 1904 à Giromagny (Territoire de Belfort), exécuté sommairement le 15 avril 1945 près de Reitzenhaim (Saxe, Allemagne) pendant une Marche de la mort ; ingénieur agronome ; maire et député ; réseau Cohors-Asturies.

François Xavier Joseph Beaudouin
François Xavier Joseph Beaudouin
Crédit : ASCOMEMO, Philippe Wilmouth

Marié, père de 5 enfants, ancien élève de l’institution Villa Saint-Jean de Fribourg (Suisse), il était ingénieur agronome à la tête d’une importante exploitation agricole familiale à Obreck (Moselle). Il devint maire de cette commune en 1934. Il conserva ce mandat officiellement jusqu’en 1942. En janvier 1935, pour l’arrondissement de Château-Salins, il fonda une section locale du Parti agraire et paysan français, le Bauernbund de Joseph Bilger. En 1936, il fut élu député de la Moselle dans la circonscription de Château-Salins. À la Chambre des députés, il s’inscrivit au groupe « Agraire indépendant » et faisait partie de la Commission des douanes et de la Commission des pensions. Il s’intéressait principalement à l’agriculture tout au long de la législature. Il faisait partie du comité provisoire du Front lorrain, rassemblement anticommuniste mosellan. Président de la Fédération des producteurs de lait de la Moselle, il fut élu en 1939 à la Chambre d’agriculture.
Lieutenant de réserve dans la cavalerie, il s’engagea au 5e D.L.C. lorsque la guerre éclata. Son comportement lui valut la Croix de guerre avec deux citations. Fait prisonnier sur la Somme, interné à l’Oflag VIII A à Kreuzburg/Oppeln (Silésie, Pologne occupée ; actuellement Bielsko-Biala, Pologne), il fut libéré en 1941 en tant que père de famille nombreuse. Il fut alors nommé directeur des services agricoles d’Indre-et-Loire.
Il s’engagea dans la Résistance dans le réseau Cohors-Asturies créé en avril 1942 à l’instigation du B.C.R.A et dirigé par Christian Pineau* qui confia l’organisation de la zone occupée à Jean Cavaillès*. Réseau de renseignements, Cohors déployait des actions de sabotage à partir de 1943. Les activités furent interrompues par l’arrestation de Cavaillès le 28 août 1943. Elles reprirent aussitôt, quand Jean Gosset* prit la tête du réseau. Le réseau changea alors de nom, et s’appela désormais Asturies.
Arrêté par la Gestapo à Tours (Indre-et-Loire) le 14 septembre 1943 sur dénonciation d’un agent infiltré, il fut déporté le 27 avril 1944 vers le camp de concentration d’Auschwitz (Pologne occupée) sous matricule n° 185033. Transféré au camp de Flossenburg (Bavière, Allemagne), il fut affecté au kommando de Flöha (Saxe, Allemagne). Epuisé, il fut exécuté le 15 avril 1945, avec 57 de ses camarades, dont 21 Français, près de Reitzenhaim (Saxe, Allemagne), lors de l’évacuation du kommando. Leurs corps furent inhumés le 20 mai 1945 à Marienberg (Saxe, Allemagne), puis transférés sur le site de Gelobtland, annexe de Marienberg, en 1952 dans une sépulture collective.
François Beaudouin fut nommé chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume. Son nom est inscrit sur les monuments aux morts d’Obreck et de Giromagny, sur le monument commémoratif 1939-45 à l’Assemblée Nationale à Paris et sur le monument du canton de Fribourg (Suisse).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article191436, notice BEAUDOIN François, Xavier, Joseph par Philippe Wilmouth, version mise en ligne le 15 avril 2017, dernière modification le 15 avril 2017.

Par Philippe Wilmouth

François Xavier Joseph Beaudouin
François Xavier Joseph Beaudouin
Crédit : ASCOMEMO, Philippe Wilmouth

SOURCES : AVCC, dossier statut 21 P 16368. — Assemblée Nationale, Base de données historique des anciens députés, fiche de François Beaudouin. — FMD, transport du 27 avril 1944 Compiègne-Auschwitz. — Mémorialgenweb. — Jean Jolly (dir.), Dictionnaire des parlementaires français, notices biographiques sur les ministres, sénateurs et députés français de 1889 à 1940, Paris, PUF, 1960. — Jean-François Colas, Les droites nationales en Lorraine dans les années 1930 : acteurs organisations, réseaux, université de Paris X-Nanterre, thèse de doctorat, 2002. — Jean El Gammal (dir.), Les parlementaires lorrains de la IIIe République, Metz, éd. Serpenoise, 2006. — Philippe Wilmouth, Front Lorrain contre Front Populaire, Knutange, éd. Fensch-Vallée, 2006. — Marie Granet, Cohors-Asturies, histoire d’un réseau de résistance 1942-1944, Bordeaux, éd. Cahiers de la Résistance,1974.

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