MICHEL Camille, Constant

Par Michel Thébault

Né le 23 octobre 1905 à Vigeville (Creuse), exécuté sommairement le 8 juin 1944 à Limoges (Haute-Vienne) ; ouvrier ajusteur SNCF ; Résistance-Fer.

Il était le fils de Louis Michel, âgé de 25 ans à sa naissance, « absent comme ouvrier maçon » et de Clémence Parenton âgée de 25 ans, cultivatrice, tous deux domiciliés au hameau de Coubarteix, commune de Vigeville. Il se maria à Limoges le 12 septembre 1927 avec Marguerite Gauthier. Domicilié rue Charlemagne à Limoges, il était en 1944 employé comme ouvrier ajusteur au dépôt des machines de la gare SNCF de Limoges.
Il s’engagea dans la résistance en février 1944, au sein du réseau Résistance Fer, membre du groupe franc au dépôt de Limoges et participait au sabotage du matériel servant aux transports de l’armée allemande.
Le 8 juin 1944, vers 17 heures, une opération de recherche de résistants à l’intérieur du personnel SNCF du dépôt fut menée par la SIPO-SD accompagnée de troupes allemandes (10 agents de la Gestapo et 250 soldats allemands). Un rapport de l’inspecteur divisionnaire SNCF de Limoges, « sur les incidents graves survenus au dépôt de Limoges le 8 juin 1944 » rédigé pour sa hiérarchie le 10 juin 1944 (AN, 72AJ 498, cité par Christian Bachelier op. cit.) nous indique les circonstances de cette opération qui conduisit à la mort de Camille Michel : « Le 8 juin 1944, vers 17 h, M. Lespes, chef de dépôt principal et moi-même avons été prévenus que le dépôt était cerné par des troupes d’occupation accompagnées par la Gestapo et que des coups de feu avaient été tirés contre des agents de l’atelier. Voulant connaître les motifs et intervenir si possible, il nous fut interdit, sous la menace de revolvers, de quitter les bureaux et on nous prévint que nous étions arrêtés.
Ce n’est qu’au bout de 10 minutes environ qu’on nous fit sortir, en levant les bras, avec tout le personnel des bureaux hommes et femmes, y compris les sous-chefs. Tout le personnel, sauf M. Lespes et moi-même, descendit dans la fosse du chariot. Un officier de la Gestapo prit alors une liste et appela plusieurs noms. Aucun des agents figurant sur la liste n’étant présent, M. Lespes dut fournir des explications. À cet effet, il se rendit accompagné au bureau des sous-chefs où la feuille de service fut consultée.
Pendant l’absence de M. Lespes, ayant aperçu dans les premiers rangs du personnel, l’apprenti de 3e année Barthélémy Michel, blessé au bras et perdant son sang en abondance, j’essayais à deux reprises d’intervenir pour qu’on me permette de téléphoner au service médical de la gare afin qu’une infirmière nous soit envoyée de toute urgence. Satisfaction m’ayant été donnée, Mlle Magne est venue quelques instants après panser le blessé.
C’est alors qu’un soldat allemand me fit savoir qu’il y avait un autre blessé bien plus grave qui gisait dans une fosse de la remise Nord, sous une machine. Je demandais l’autorisation de m’y rendre aussitôt. Je découvrais alors l’ouvrier Michel Camille qui râlait. Sorti de la fosse, atteint de plusieurs balles, il fut soigné quelques instants après par Mlle Magne… À 18 h 30, les forces de police se retirèrent et laissèrent libre le personnel. Les deux blessés furent transportés aussitôt à l’hôpital de Limoges. L’ouvrier Michel Camille est décédé le soir même à son domicile où il avait été ramené ».
Une autre source précise que Camille Michel fut fauché au dépôt de locomotives par une rafale de pistolet-mitrailleur tirée par Hubsch, agent français de la Gestapo.
Il obtint la mention Mort pour la France et son nom figure sur le monument commémoratif du Jardin d’Orsay à Limoges, ainsi que sur la plaque commémorative de la SNCF à la gare de Limoges-Bénédictins.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article191538, notice MICHEL Camille, Constant par Michel Thébault, version mise en ligne le 20 avril 2017, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Michel Thébault

SOURCES : IR 1387 0488 - ODAC 87 — ADHV 986 W 539 ; 11 J 1 — Archives municipales de Limoges 4 H 32 — ADIRP 87 — Dossier CVR 87 (CVR 9155) — La Liberté du Centre, 12-09-1945 — SHD GR 16P 416887 — SHD-PAVCC Caen 21 P378349, 21 P597877. — Christian Bachelier, « La SNCF sous l’Occupation allemande 1940‐1944 »,Rapport documentaire, 1996 —François Adeline Haute-Vienne La guerre secrète 1940-1944 Hors-série édité par Le Populaire du Centre décembre 2006 — Notes Bernard Pommaret — État civil (Mairie de Limoges, Arch. Dép. Creuse). — Camille Michel, notice d’Hervé Barthélémy et Stéphane Robine, in Cheminots victimes de la répression, 1940-1945, Mémorial, Thomas Fontaine (dir.), Paris, Perrin-SNCF, 2017, p. 1040.

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