CERCLIER Roger, Pierre, Alexandre

Par Gilles Morin, Claude Pennetier

Né le 5 février 1899 à Boussac (Creuse), mort le 15 novembre 1950 à Guéret (Creuse) ; instituteur en Creuse ; militant syndicaliste du SNI ; militant socialiste et coopérateur ; résistant ; député socialiste (1945-1950).

Roger Cerclier
Roger Cerclier
Député

Fils d’un gendarme, Roger Cerclier fit ses études primaires à Guéret puis entra à l’École normale d’instituteurs de la Creuse en 1915. Mobilisé comme maréchal des logis, chef d’artillerie, il participa à la Grande guerre puis à l’occupation de l’Allemagne.

En poste à partir de 1921, Cerclier enseigna dans diverses localités de la Creuse (Bourg-d’Hem, Toulx-Sainte-Croix, Chénérailles, Anzême, Bussière-Dunoise, Bosroger, Bénévent-l’Abbaye). Marié en septembre 1923 à Saint-Laurent (Creuse) avec une institutrice, veuf, il se remaria le 8 juillet 1926 à Anzême avec une institutrice.

Cerclier milita à la SFIO aussitôt après la scission de Tours. Il assura le secrétariat du congrès fédéral réuni à Guéret le 18 décembre 1927 et collabora régulièrement au Mémorial de la Creuse, hebdomadaire socialiste publié à Aubusson. Un Cerclier - s’agit-il du même ? - fut candidat SFIO au conseil général dans le canton de Saint-Vaury en juillet 1925 et octobre 1931. 
Administrateur de l’Union des coopératives de la Creuse, il fut cofondateur de la coopérative de librairie-papeterie « Les Presses du Massif Central » dont Louis Roussillat* fut le président-directeur à Guéret. Il était membre du conseil d’administration de l’Union des coopérateurs du Centre en 1941.

Syndicaliste actif, Cerclier participa à la création de l’union locale CGT de Guéret vers décembre 1930, assura la direction de l’Union départementale CGT de la Creuse en 1931 et les fonctions de délégué à la propagande, de gérant du journal La Creuse syndicaliste, puis, à partir de 1936, celle de secrétaire général. Franc-maçon, initié en 1931, il appartenait à la loge « Les Préjugés vaincus » (Orient de Guéret). Il fut fait maître en 1932. Il fut un actif militant du Comité de lutte contre la guerre et le fascisme en juillet 1935. 


Instituteur à Bénévent en 1937, Cerclier était le trésorier de la section départementale du SNI et le secrétaire de l’UD. Mais il devait perdre cette responsabilité et se trouver en minorité durant l’été. Lors de l’assemblée générale du 15 juillet 1937, il intervint dans la discussion « contre la guerre », se montra d’accord avec la position de la section, mais demanda « qu’on tienne compte de la présence d’États totalitaires ». Il se prononça pour une motion d’unanimité, qui ne se réalisa pas. Dans le rapport soumis par le conseil syndical à l’AG, présenté dans le bulletin de mai, une phrase semblait le viser : il y était question des militants « cramponnés aux postes qu’ils occupent ». Lors de l’AG, il critiqua cette allusion et le secrétaire de la section, dans sa réponse, indiqua que Cerclier n’était pas visé par cette phrase. Le 27 septembre, lors de la réunion du conseil syndical de la section départementale du SNI, il annonça « qu’il abandonn[ait] ses fonctions de trésorier » et le conseil syndical le félicita pour sa gestion. En octobre 1937, il fut remplacé comme trésorier. 
Lors de l’AG du 16 juillet 1938, il intervint pour reprocher au syndicat « sa mollesse dans la question du droit syndical des fonctionnaires ». Dans la discussion du rapport moral, il se dit « partisan de la politique dite de fermeté ». Il voulait « qu’au bloc des fascismes on oppose le bloc des démocraties » et faisait partie de la commission chargée de préparer la résolution finale. Pour l’élection des délégués cantonaux du SNI, dans le canton de Bénévent, il fut battu avec 10 voix sur 25 suffrages exprimés. 
Cerclier ne figurait pas dans la liste des instituteurs mobilisés publiée dans le bulletin départemental de décembre 1939-janvier 1940, mais peut-être avait-il été oublié. Mobilisé de janvier à juillet 1940, il fut décoré de la Croix de guerre.

Cerclier ne fut pas inquiété dans un premier temps par Vichy, sa qualité de maçon n’étant probablement pas avérée. Mais, après avoir refusé de participer avec ses élèves à la manifestation du 11 novembre avec les LVF, il fut interrogé à ce sujet et finalement révoqué le 8 juillet 1942 pour son appartenance maçonnique. Il travailla à la coopérative agricole « La Marchoise », comme chef de service, de septembre 1942 à avril 1944. En contact avec un groupe de résistants de la Haute-Vienne depuis octobre 1942, sous le pseudonyme de « Jean-Pierre », il rejoignit le mouvement Libération-Sud en février 1943 et organisa la Résistance dans la Creuse. Devenu chef départemental des Mouvements unis de Résistance, puis président du Mouvement de Libération nationale, il prit le maquis en avril 1944 pour échapper à la Gestapo. Il reçut, le 7 juin 1944, la reddition de la garnison allemande de Guéret. Président du Comité départemental de Libération, il assura du 16 novembre 1944 à octobre 1945, la direction de l’Office départemental des prisonniers, déportés et réfugiés pour lequel il fut détaché.

Aux élections cantonales de 1945 à Guéret, Cerclier obtint 2 210 suffrages mais fut devancé par le communiste Petit, pour lequel il se désista, et qui fut élu au deuxième tour. Il ne se représenta plus. Il était le délégué fédéral au congrès de 1947 du Parti socialiste SFIO.

Cerclier, conduisant les listes socialistes SFIO, élu à l’Assemblée constituante du 21 octobre 1945 (26 012 voix), retrouva son siège à la deuxième Constituante, le 2 juin 1946 (25 343 voix) et à l’Assemblée législative le 10 novembre 1946 (20 787 voix). Il vota en faveur de l’investiture de Maurice Thorez le 4 décembre 1946 et vota blanc le lendemain dans le vote d’investiture de Georges Bidault. Chargé du rapport parlementaire sur le statut général de la Coopération en 1947, membre de la commission des affaires économiques puis de celle de la famille et de la santé publique dans la première Constituante, puis des commissions des affaires économiques et du ravitaillement à la seconde et dans la première législature de la IVe République jusqu’en 1949, il siégea comme juré à la Haute Cour de Justice de juin 1946 à novembre 1947. 
Il se spécialisa par ailleurs dans les questions agricoles.

Cerclier mourut, devant son domicile, écrasé par une voiture conduite par un chauffard, qui n’était autre que le délégué départemental du RPF. Celui-ci fut arrêté le lendemain après avoir pris la fuite. Il déclara devant le juge d’instruction « qu’il avait perdu la tête ». Le nom de Roger Cerclier fut donné à un groupe scolaire de Guéret, ainsi qu’à une rue d’Aubusson.

Sa veuve, née Marie, Louise Mazière, le 11 avril 1905 à Eymoutiers (Haute-Vienne), institutrice, fille d’un gendarme, candidate au conseil général, dans le canton de Guéret en 1951, obtint 1 003 voix sur 5 278 exprimés. Remariée le 11 juillet 1956 à Paris (XVe arr.) avec Louis Roussillat*, elle décéda le 1er août 1996 à Guéret.

Son fils Claude, membre de la SFIO, candidat aux élections législatives de novembre 1958, obtint6 002 voix sur 56 352 inscrits, le candidat radical-socialiste Harty de Pierrebourg l’emportant au deuxième tour. Le candidat communiste Auguste Tourtaud qui le précédait recueillit au deuxième tour un tiers des voix socialiste du premier tour. 


Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19154, notice CERCLIER Roger, Pierre, Alexandre par Gilles Morin, Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 14 août 2021.

Par Gilles Morin, Claude Pennetier

Roger Cerclier
Roger Cerclier
Député

SOURCES : Arch. Nat., F/1a/3240 ; F/1cII/289 ; F/7/14995 ; 72 AJ/60, témoignage à M. Doysie, août 1945, CAC, 20010216/51/1375. — Arch. Dép. Creuse, I M 201, 3 M 313, 4 M 88. — Conseils généraux, élections, résultats officiels, juillet 1925-octobre 1928, octobre 1931, Paris, J.L.L. D’Artrey directeur.Presse locale. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1950. — Presse locale. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1950. — Le Populaire Dimanche du 19 novembre 1950. — André Combes, La Franc-Maçonnerie sous l’Occupation, Éditions du Rocher, 2001, p. 250. — Dictionnaire des Parlementaires français, 1945-1958. — DBMOF, notice par Jean Maitron et Cl. Pennetier. — Renseignements recueillis par J.-L. Broilliard, J. Gaumont, J. Girault et D. Lefebvre.

ŒUVRE : {Drame des bois et des Landes}, Paris, Magnard, collection Fauves et jungles, 1947, 160 p.

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