Par Yves Le Maner
Né le 20 juillet 1898 à Lallaing (Nord), mort en 1968 ; ouvrier mineur, puis employé de coopérative ; militant socialiste et syndicaliste du Nord.
Marat Cerezo naquit dans une famille d’origine espagnole établie à Denain (Nord), son grand-père, malade, n’ayant pu comme ses frères émigrer aux États-Unis. Dans la famille Cerezo, la tradition républicaine et anticléricale était particulièrement forte et revêtait parfois des aspects originaux ; ainsi la sœur de Marat était-elle prénommée Marianne et ses frères Danton, Marceau, Saint-Just et... Guillotin !
Marat Cerezo connut une enfance et une adolescence difficiles : son père ayant quitté le domicile familial, il dut travailler très tôt à la mine, le maigre salaire de femme de ménage de sa mère étant bien trop faible pour nourrir une famille nombreuse. Blessé lors d’un accident à la mine, il perdit l’usage d’un œil. Après avoir appris le métier de mouleur à Nancy, il trouva un emploi à l’usine d’armement Cail à Denain. Ses idées anarchistes et antimilitaristes l’amenèrent rapidement à dénoncer la nature des fabrications de l’usine et il fut licencié. Son mariage avec la fille d’un militant socialiste en 1921 détermina son entrée aux Jeunesses socialistes et à la CGT.
Militant du mouvement coopérateur, il devint, en 1926, contrôleur à l’union coopérative de Denain, alors présidée par François Lefebvre*. En août 1935, il était secrétaire du syndicat CGT de l’alimentation de Denain. Avec André Mercier, le secrétaire du syndicat unitaire, il prit la parole dans une assemblée commune des deux bureaux syndicaux confédérés et unitaires, qui décida d’envoyer une résolution commune à leurs fédérations respectives et à leurs confédérations, leur demandant de hâter la fusion et l’unité syndicale.
Cet emploi lui assura la sécurité matérielle et il intensifia son action politique et syndicale. Secrétaire du syndicat confédéré de l’alimentation de Denain et de ses environs (il conservera ce poste après la réunification de 1935), il devint, en 1928, secrétaire du comité d’arrondissement du Parti SFIO et accéda la même année à la commission administrative de la fédération socialiste du Nord. Ayant succédé en 1934 à son oncle Hippolyte Cerezo à la tête de la section locale de Denain, il devint la même année secrétaire de la section cantonale SFIO de Denain (sept sections), rattachée à la section d’arrondissement de Valenciennes dont Ernest Couteaux* était devenu le responsable. Secrétaire à la propagande de la fédération socialiste du Nord, il fut l’un des organisateurs du Front populaire dans le Valenciennois et prit position notamment en faveur de l’intervention militaire en Espagne, problème auquel il était particulièrement sensibilisé en raison de ses origines.
Membre du réseau de Résistance « Libé-nord » pendant l’Occupation, Marat Cerezo continua de militer au sein du Parti socialiste après la Libération, et ce pratiquement jusqu’à sa mort. Lors de la scission syndicale de 1946, il opta pour Force ouvrière et fut élu délégué du personnel des coopératives de Denain sous cette étiquette. Conseiller municipal de Denain de 1925 à 1935, Cerezo ne s’était plus présenté après cette dernière date, mais, en 1953, il fut à nouveau candidat sur la liste socialiste et fut élu ; il siégea au conseil municipal de Denain jusqu’à sa mort.
Au cours de sa longue fidélité au Parti socialiste SFIO, Marat Cerezo avait assisté à tous les congrès de la fédération socialiste du Nord et avait été délégué au congrès national tenu à la salle Japy à Paris en 1931. Il mourut en 1968, laissant la direction cantonale du Parti socialiste à son petit-fils.
Par Yves Le Maner
SOURCES : Arch. Nat. F7/13083. — Arch. Dép. Nord, M 154/279, M 595/41 et M 595/67. — H. Ieria, mémoire de maîtrise, Lille III, 1974, op. cit. — L’Humanité, le 30 août 1935