CERF Georges

Par Léon Strauss

Né le 16 janvier 1888 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), mort le 12 avril 1979 à Strasbourg (Bas-Rhin) ; professeur de mathématiques à la Faculté des sciences de Strasbourg ; président de la section de Strasbourg de la Ligue des droits de l’Homme de 1930 (?) à 1971.

Georges Cerf était le fils de Jules Cerf, boucher à Nancy, issu d’une famille juive lorraine peu pratiquante, et de Zoé Bernheim, originaire de Colmar (Haut-Rhin). Brillant élève de l’école primaire supérieure, il entra au lycée de garçons de Nancy en classe de seconde et y fut le condisciple du futur historien Charles-Edmond Perrin. Élève de l’École normale supérieure de 1907 à 1910, il y contracta la tuberculose et ne put entrer dans l’enseignement qu’en 1918 comme chargé de cours à la Faculté des sciences de Dijon (Côte-d’Or). En novembre 1919, il soutint sa thèse de doctorat ès sciences. Il enseigna à la Faculté des sciences de Strasbourg de 1922 à 1961 comme maître de conférences, puis comme professeur (1928). C’est à Strasbourg qu’il épousa en 1923 Madeleine Grosmuth, fille d’un assureur. Il ne quitta cette ville que pour exercer un an à Dijon (1926-1927), puis à la suite de l’évacuation de l’Université de Strasbourg à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) en 1939, où il fut assesseur du doyen. De décembre 1940 à août 1944, il fut mis à la retraite d’office en application du statut des Juifs et il vécut à la campagne dans le Puy-de-Dôme. Après la Libération, il assuma la direction de l’Institut de mathématique de la Faculté des sciences de Strasbourg. Membre dès 1919 des « Compagnons de l’Université nouvelle », mouvement qui luttait pour la réforme de l’enseignement et « l’école unique », il fut, durant plusieurs années, secrétaire ou président de l’Association des parents d’élèves des lycées de Strasbourg. Il était aussi président de la section de Strasbourg de la Ligue des droits de l’Homme (au moins depuis 1930 ?) et de la section de Strasbourg du Parti radical-socialiste. Il appartint à partir de 1935 au comité départemental du Rassemblement populaire présidé par son collègue Rothé* : sa maison de campagne de Saint-Léonard, sur la commune de Bœrsch (Bas-Rhin) fit l’objet d’un attentat le 14 septembre 1936.
L’enquête de la gendarmerie ne permit pas d’identifier l’auteur de l’attentat, mais celui-ci se fit connaître et s’en glorifia pendant l’occupation par l’Allemagne nazie. Il ne fut pas inquiété après la Libération.
En novembre 1937, Cerf ne fut pas réélu président de la Fédération des parents. En juillet 1938, lors de l’assemblée générale extraordinaire de la Fédération des parents des lycées de Strasbourg, il se prononça pour l’établissement de la « classe d’orientation » prévue par Jean Zay*. Selon le journal clérical Der Elsässer, « l’immense majorité de l’assemblée fit comprendre à M. Cerf, d’une façon dépourvue d’équivoque, que la Fédération des parents des lycées de Strasbourg n’a aucun goût pour de pareilles expériences inspirées par la franc-maçonnerie ». L’assemblée refusa, par 33 voix contre 22, une modification des statuts qui lui aurait permis de rester membre du comité.
Après la guerre, tout en présidant une section de l’Union rationaliste, il reconstitua la section strasbourgeoise de la Ligue des droits de l’Homme, dont il assura la présidence jusqu’en 1971. Il entra vers 1950 en conflit avec le secrétaire général de la ligue, Émile Kahn*, auquel il reprochait son laxisme envers la ligue allemande, jugée trop « atlantiste ». Selon lui, certains des dirigeants de l’organisation allemande auraient été des sympathisants nazis mal blanchis. « Compagnon de route » du Parti communiste, il prit cependant ses distances à l’égard de l’URSS et des communistes français, en particulier au sujet de la Tchécoslovaquie et d’Israël. Il adhéra en 1976 au nouveau Parti socialiste. Il mourut à Strasbourg le 12 avril 1979.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19161, notice CERF Georges par Léon Strauss, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 15 janvier 2019.

Par Léon Strauss

OEUVRE :
Il est l’auteur de nombreuses publications mathématiques s’échelonnant de 1919 à 1961. Son mémoire sur « Les transformations de contact et le problème de Pfaff » de 1928 est un classique.

SOURCES : Arch. Dép. Bas-Rhin, 98 AL 338. — Arch. privées. — Témoignages de ses fils, Roger Cerf, professeur émérite à l’Université Louis Pasteur de Strasbourg, et Jean Cerf, directeur de recherche émérite au CNRS, décembre 2005. — Henri Cartan, nécrologie, Annuaire des Anciens Élèves de l’École Normale Supérieure, 1983 — Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, n° 6, Strasbourg, 1985, p. 477.

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