CÈZE Henri, Lucien

Par Jacques Girault

Né le 6 mars 1936 à Carnoules (Var) ; instituteur ; militant syndical du SNI ; militant communiste, maire de Carnoules (1971-2014), conseiller régional (1982-1985).

Fils d’un mécanicien dans les chemins de fer, militant communiste, Henri Cèze ne reçut aucune éducation religieuse. Il effectua ses études au cours complémentaire de la commune, puis au lycée de Brignoles avant d’entrer à l’École normale d’instituteurs de Draguignan (Var) en 1951. Il obtint le baccalauréat (série sciences expérimentales). Incorporé en septembre 1956 dans un régiment d’infanterie coloniale, envoyé en Algérie, il commença en janvier 1957 la formation d’élève officier à Cherchell mais fut renvoyé en février à la suite d’une intervention de la sécurité militaire. Muté dans un régiment de tirailleurs algériens dans les Aurès, il fut libéré en novembre 1958 comme caporal.

Cèze avait enseigné une année à Pignans à sa sortie d’école normale en 1955, puis au retour du service militaire, il fut affecté au collège d’enseignement général de Carnoules. En 1968, quand ce CEG fut fermé, il refusa d’intégrer le corps de PEGC et redevint instituteur à l’école de Carnoules jusqu’à sa retraite.

Membre du Syndicat national des instituteurs depuis 1954, Henri Cèze fut candidat pour le conseil syndical en 1960 (« Liste Brun pour un syndicalisme agissant »), en 1962. À nouveau candidat en 1966 (Liste « pour l’unité, la démocratie et l’efficacité du syndicat »), il fut élu et réélu en 1968. Délégué au congrès national, il figurait à nouveau sur les listes « Unité et action » aux élections de 1971 à 1976. En 1976, le syndicat le présenta comme suppléant à la Commission académique paritaire départementale.

Au début des années 1960, Cèze participa à l’encadrement de plusieurs séjours en colonies de vacances organisés au Logis du Pins au sein des camps laïques varois puis de l’Office départemental d’éducation et de loisirs. À plusieurs reprises, il fit équipe avec Baptistin Brun.

Henri Cèze appartenait à une famille de militants communistes. Son frère Jean, né le 6 mars 1932, ouvrier à l’arsenal de Toulon, membre du parti depuis 1950, secrétaire de la section communiste de Cuers, devint membre du comité fédéral du Var en 1957 et l’était toujours en 1968. Devenu membre de la commission de contrôle financier de la fédération, il était en 2001 trésorier de la section communiste de Cuers. Son autre frère, Paul Cèze, était maire de Carnoules de 1959 à 1971. Henri Cèze, membre, puis secrétaire, du cercle de l’Union de la jeunesse républicaine française depuis 1951, membre du Parti communiste depuis septemebre 1955, participa au stage central des instituteurs. Le secrétariat du parti autorisa son inscription pour la session de septembre 1956. Mais il devait dans cette période travailler à la rédaction du Petit Varois, quotidien communiste. Aussi, juste avant son départ sous les drapeaux, participa-t-il à la session de Pâques 1957, baptisée « journées » de L’École et la Nation, revue communiste spécialisée sur les questions scolaires. Secrétaire de la cellule communiste depuis 1959, membre du secrétariat de la section de Cuers, il devint membre du comité fédéral du parti en 1962 jusqu’en 1966, selon les listes officielles. En fait il était maintenu, mais son nom ne figurait pas « en raison d’un article du statut syndical qui entraînera son élimination de la direction syndicale ». Son retrait était donc « formel » selon la section des cadres du PCF. Son nom était à nouveau mentionné à partir de 1970 et il le demeura jusqu’en 2001, secondant Georges Morel dans la responsabilité des questions scolaires. Il fut membre du bureau fédéral de 1979 à 1994. Délégué de la fédération au congrès national de 1964, salle de la Mutualité à Paris, aux élections sénatoriales de 1968, il fut le suppléant de Georges Caton, candidat communiste.

Élu conseiller municipal communiste de Carnoules en mars 1971, Cèze devint maire de la commune, succédant à son frère Paul Cèze. Constamment renouvelé, il fut réélu à la tête d’une liste de gauche jusqu’en 2014. Candidat au conseil général dans le canton de Cuers en 1976, il fut devancé dès le premier tout par le conseiller sortant socialiste. Candidat à nouveau aux élections sénatoriales sur la liste communiste, en 1977, il obtint 197 voix au premier tour sur 1 170 inscrits et 186 au deuxième tour. Lors des élections sénatoriales partielles, le 27 septembre 1981, il réunit 168 voix sur 1 160 inscrits et se désista pour la candidate socialiste qui fut élue. Il présidait alors l’association des élus communistes et républicains du Var, responsabilité qu’il occupait toujours vingt ans plus tard.

Henri Cèze fut désigné par le conseil général, où la gauche était majoritaire, pour siéger au conseil de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur en 1982. Mais il fut écarté quand la majorité de l’assemblée départementale passa à droite en 1985. Néanmoins, il retrouva ce siège en mars 1986, élu en tête de la liste communiste, et l’occupa jusqu’en 1992. Le 22 mars 1992, il figurait en deuxième position sur la liste communiste, « liste de rassemblement pour changer, mieux vivre et travailler dans notre région » qui n’eut qu’un élu. Il ne fut pas candidat au renouvellement de 1998.

Il s’était marié, en mars 1983 à Carnoules, avec un professeur qui avait deux enfants d’un premier mariage.

Dans les remous de la fédération communiste du Var, à la fin des années 1990, Cèze s’engagea ouvertement aux côtés des militants qui contestaient les méthodes de la fédération du parti. Aussi l’association départementale des élus communistes et républicains qu’il présidait depuis le milieu des années 1980 reçut-elle la reversion de nombreux élus communistes qui refusaient désormais de verser leurs indemnités à la fédération communiste. Il fut, dans l’automne 2000, un des fondateurs de l’association « Projet communiste en 83 » qui diffusa une plaquette programmatique. Elle regroupait les militants considérés comme hostiles à la ligne de la direction fédérale. Ainsi la section de Carnoules, dont Cèze, vota à la majorité les orientations proposées pour le congrès de Martigues, étape décisive dans la « mutation » du parti. Les divergences portaient aussi sur des questions locales liées au développement de l’intercommunalité. Les communistes toulonnais et la direction fédérale pensaient qu’il fallait accélérer le processus. Cèze et d’autres élus communistes, notamment ceux de La Garde, considéraient qu’il fallait limiter la domination toulonnaise. Pour le 32e congrès du PCF, en 2006, il fut un des signataires du texte alternatif « Une contribution nécessaire pour un congrès de changement effectif ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19187, notice CÈZE Henri, Lucien par Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 22 mai 2022.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. ODEL. — Arch. comité national et de la fédération du Var du PCF. — Presse syndicale, nationale et locale. — Renseignements fournis par l’intéressé. — Sources orales.

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