VIGUIER Alain, Paul, Marc [Pseudonymes : Robin, Serge, Vincent Graille, Gilles Fabre]

Par Robert Kosmann

Né le 6 février 1946 à Châteaurenard (Bouches-du-Rhône) ; ingénieur chez Renault à Billancourt (1969-2007) ; adhérent de la CFDT ; militant du PSU (1968-1973), de la Gauche ouvrière et paysanne (1973-1976), puis membre et dirigeant du groupe marxiste léniniste OCML « Voie Prolétarienne » (1979-2014).

Le père de Alain Viguier, Marius Viguier, fut employé d’état civil à la mairie de Châteaurenard. Sa mère Madeleine née Bosse, d’origine paysanne, fut ouvrière en couture puis couturière à domicile. La famille vécut à Châteaurenard où Alain Viguier suivit l’école primaire. Il continua au cours complémentaire, où sa professeure d’histoire était militante du PCF. Il poursuivit ses études au lycée technique d’Avignon (Vaucluse) et obtint le baccalauréat en 1963, avant de suivre les cours de l’ENSAM (Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers) à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) (1965-1968) puis à Paris (1968-1969). Il obtint son diplôme d’ingénieur en 1969. Dès l’adolescence, il avait été choqué par la guerre d’Algérie et estimait nécessaire l’indépendance du peuple algérien. Ses convictions humanistes et religieuses s’affirmèrent au sein de la communauté catholique de l’ENSAM. Il adhéra à l’UNEF (1967-1969) à Aix-en-Provence puis à Paris, début d’une politisation qui s’accéléra avec les grèves étudiantes de Mai 68 à Aix.

Alain Viguier effectua l’intégralité de sa carrière professionnelle comme cadre chez Renault à Billancourt (1969-2007) où il intervint sur les questions techniques et économiques. Embauché le 1er octobre 1969, il adhéra tout de suite à la CFDT « qui lui paraissait plus ouverte aux idées de 1968 ». Il partit en Algérie, comme coopérant, dans le cadre du service national, de décembre 1970 à février 1972, puis revint à Boulogne. Il fut collecteur de timbres (1981-1984) et représentant CHSCT dans les bureaux, en 1984. Il ne reprit pas sa carte en 1985, pour des raisons professionnelles et en désaccord avec l’orientation portée par la confédération et celle du Syndicat Renault des travailleurs de l’Automobile (SRTA), animé par Daniel Labbé, qui acceptait la fermeture de l’usine de Billancourt.

Après les grèves de 1968, Alain Viguier adhéra au PSU considérant que c’était un parti plus radical que le PCF ou la SFIO. À la fin 1970, alors qu’il trouvait en Algérie comme coopérant formateur à l’institut technologique d’El Harrach à Alger, il fut désigné comme « représentant » du PSU auprès des mouvements de libération nationale africains. Il rencontra à ce moment Apolonio de Carvalho, révolutionnaire brésilien, avec qui il se lia d’amitié. Leurs échanges politiques confortèrent Alain Viguier dans son engagement révolutionnaire internationaliste, développèrent sa connaissance du léninisme et des luttes de libération nationale. Rentré en France, il participa, dans les années 1970, au soutien des luttes révolutionnaires au Brésil. En 1970, il avait rompu avec la religion et avait commencé l’étude des classiques du marxisme-léninisme, dont les thèses philosophiques de Mao Zedong. Revenu à Boulogne il adhéra à la Gauche ouvrière et paysanne (GIO), de sympathie maoïste, et quitta avec elle le PSU. Il fut militant de la GOP de 1973 à 1976 et membre de sa direction régionale parisienne. Lors de la fusion avec le groupe « Révolution » issu de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), Alain Viguier estima que cette fusion ne donnerait rien et n’adhéra pas à l’organisation unifiée (Organisation communiste des travailleurs, OCT). Trois ans plus tard, il rejoignit, avec d’autres camarades de son ancienne organisation, le groupe « Voie Prolétarienne » dont les membres fondateurs étaient issus du PSU et qui défendait la Révolution culturelle chinoise. L’organisation prônait « l’établissement » et l’implantation en milieu ouvrier. L’usine de Billancourt fut jugée stratégique, mais comme Alain Viguier avait déjà des contacts et un poste chez Renault, il ne fut pas concerné. Dès 1978, alors qu’il n’était que sympathisant et jusqu’en 1981, il fut un des rédacteurs du journal Pour le Parti, organe de l’organisation. Il écrivit en particulier de nombreux papiers sur l’Algérie. Il fut permanent de l’organisation pendant un an (1984-1985), membre de son comité central de 1984 à 2014 et de la direction politique de 1984 à 2013.

Sur le plan personnel, Alain Viguier vécut, à partir de 1972, avec Marie Dominique Balmes qui avait été militante des Comités Vietnam de base (CVB), puis du Secours rouge, du MLF ((1972-1974) et qui intégra l’OCML Voie Prolétarienne en 1977. Ils se marièrent en 2006. Ils eurent ensemble deux enfants : une fille Magali, née en 1978, et un fils, Pascal, né en 1981.

En 2014, Alain Viguier était retraité Renault depuis 2009, toujours militant de l’organisation Voie Prolétarienne. Il avait été actif dans le soutien aux grèves des « sans papiers » (2008-2011). Il avait entamé en 2009 des recherches d’Histoire sur le PCF, sa politique et son implantation à Renault Billancourt et préparait une thèse universitaire sur ce sujet. Il considérait que son engagement passé et présent lui avait permis, entre autres, « un enrichissement au contact de la classe ouvrière ». Il conservait le regret de ne pas avoir été plus au contact direct des ateliers. Il se rappelait les moments forts de la grève des presses chez Renault, en 1973, et de son amitié avec Apolonio de Carvalho. Il considérait qu’il avait été parmi ceux qui ont contribué à maintenir le groupe Voie Prolétarienne dans les moments critiques. Il estimait que le maintien sur un temps relativement long d’une petite organisation marxiste léniniste (1976-2014) s’expliquait par « une vision ni dogmatique ni apologétique du socialisme », et « grâce à ses établis, à un contact constant avec la classe ouvrière » et par des « allers et retours entre travail théorique et travail pratique ». Il regrettait toutefois aujourd’hui une « insuffisance de travail théorique » et restait attaché aux fondements de l’organisation : critique de la théorie des forces productives en URSS et thèse maoïste que « la lutte des classes continue sous le socialisme ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article191975, notice VIGUIER Alain, Paul, Marc [Pseudonymes : Robin, Serge, Vincent Graille, Gilles Fabre] par Robert Kosmann, version mise en ligne le 3 mai 2017, dernière modification le 3 mai 2017.

Par Robert Kosmann

ŒUVRES : Rédaction de nombreux tracts et brochures politiques. — Articles sur l’Algérie dans le journal Pour le Parti, sous le pseudonyme de Gilles Fabre. — Travaux universitaires : À propos de la « forteresse ouvrière, Rôles et fonctions de Renault Billancourt dans la politique communiste, Master 1 sous la direction de Michel Dreyfus, Université Paris 1, 2009 — Renault Billancourt 1936-1970 mythe de la forteresse ouvrière et politique du parti communiste français, Master 2 sous direction Michel Dreyfus, Université Paris 1, 2010. — Thèse en préparation (2011-2015) sous la direction de Michel Pigenet, Université Paris 1, sur la politique du PCF chez Renault.

SOURCES : Gilbert Hatry (dir.), Notices biographiques Renault, Éditions JCM. — Site de l’OCML Voie prolétarienne. — Entretien avec Alain Viguier, septembre 2014.

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