BOUY Georges

Par Hervé Dupuy, Michel Thébault

Né le 25 mai 1924 à Saint-Léon-sur-Vézère (Dordogne), fusillé le 25 avril 1944 sur condamnation à mort d’une cour martiale du régime de Vichy à la maison d’arrêt de Limoges (Haute-Vienne) ; cultivateur ; résistant FTPF de la Dordogne.

Il était le fils de Louis Bouy et Marthe Caillaud. Célibataire, il exerçait la profession de cultivateur et vivait avec ses parents sur l’exploitation familiale à Saint-Léon-sur-Vézère.
Il s’engagea dans la Résistance au sein des FTPF, à l’âge de 19 ans, en février 1944 par crainte d’être envoyé travailler en Allemagne. En mars 1944, il était affecté à la garde de l’École des cadres des FTPF. Cette école des cadres de l’interrégion B des FTP, qui comprenait les départements de la Corrèze, de la Creuse, de la Dordogne et de la Haute-Vienne avait été créée au second semestre 1943 par l’état-major régional de Limoges pour, à la fois combler les vides provoqués par la répression subie lors des combats de l’été et de l’automne 1943, mais aussi pour instruire de jeunes cadres parmi les nouveaux engagés dans la Résistance. Le témoignage d’un résistant Roger Lescure recueilli dans Maquis de Corrèze (op. cit. p. 258) précise son fonctionnement : « A la fin de 1943, Raymond Duvignac me demande de diriger l’école des cadres de l’inter région FTP déjà installée près de Fanlac, en Dordogne… l’école dispose déjà d’un encadrement de camarades espagnols pour l’instruction militaire… Personnellement je suis commissaire aux effectifs, chargé du moral, de l’instruction politique et civique. Les stagiaires (25 ou 30 pour un stage de 25 jours) viennent surtout de Dordogne, mais aussi de la Corrèze et du Lot, de la Haute-Vienne, de l’Indre, de la Creuse. Cinq soviétiques assurent une garde permanente. Dans mes cours aux élèves-cadres FTP, j’enseigne que, si la propriété individuelle des travailleurs des campagnes et des villes doit être absolument respectée, par contre le bien national est nôtre et tout ce qui est destiné à l’ennemi doit être considéré comme prise de guerre ». De plus chaque stage devait participer à une opération militaire réelle, ce qui amena à partir de janvier 1944 à une multiplication des opérations de la Résistance dans le secteur. En mars 1944, l’école des cadres s’était déplacée, suite à une première attaque, au lieu-dit les Veyssières à Prats-de-Carlux. A cette époque, l’école était dirigée par le capitaine Fernandes Deogracias (appelé parfois « Diego Garcia ») et son adjoint Ortiz, deux Républicains espagnols mais semble alors inactive ou en attente d’une nouvelle promotion de stagiaires. Aux côtés des Espagnols, il faut noter la présence de deux militaires soviétiques, prisonniers de guerre évadés, Ivan « Golowin »Pilipenko et Victor Alexenko, chargés de la protection de l’école et parfois de l’instruction. Georges Bouy et une dizaine de jeunes français composaient le reste de l’effectif.
Le maquis fut victime fin mars 1944 du zèle répressif déployé par le capitaine Jean, commandant l’escadron 4/5 de la Garde, cantonné à Bergerac (Dordogne). Entre les mois de décembre et avril 1944 il porta avec son unité, un corps franc composé d’une trentaine de volontaires, des coups très durs à la résistance locale. Le 24 mars 1944, la brigade de gendarmerie de Sarlat (Dordogne) apprit la présence dans le secteur de Calviac-en-Périgord (Dordogne) dans une ferme, d’une trentaine de résistants. Les autorités administratives (préfet de la Dordogne, intendant du maintien de l’ordre à Limoges) prévenus donnèrent l’ordre au capitaine Jean d’intervenir. Le 25 mars à l’aube, les gardes du corps franc encerclèrent la ferme. Un violent combat s’engagea à l’issue duquel les gardes prirent possession de la ferme. Plusieurs résistants furent faits prisonniers André Dumas, Robert Solas et Georges Bouy (prénommé Serge dans le récit de Claude Cazals). Claude Cazals, La Garde sous Vichy (op. cit.) indique également l’existence d’un quatrième prisonnier Yvan Pilipenko alias « Golowin », ancien officier soviétique évadé d’Allemagne, qui sera ensuite déporté vers Dachau (convoi du 2 juillet 1944). Le rapport des enquêteurs qui suit le combat, indique qu’un important matériel fut découvert ainsi que des brochures montrant « que les méthodes enseignées dans cette école technique étaient fortement imprégnées de communisme ».
Sans doute incarcérés d’abord à Périgueux, Georges Bouy et ses camarades furent rapidement transférés à Limoges pour être jugés par la cour martiale. La loi du 20 janvier 1944 promulguée par le gouvernement de Vichy avait instituée des cours martiales itinérantes composées de trois juges anonymes. Les jugements étaient expéditifs et sans appel, les condamnés immédiatement fusillés dans l’enceinte de la prison, par un peloton composé de membres des GMR. La cour martiale siégea ainsi à Limoges à plusieurs reprises entre la fin janvier et le début du mois de juillet 1944. Georges Bouy fut condamné à la peine de mort pour « activité terroriste » par cette cour martiale le 25 avril 1944 et immédiatement fusillé sur place, à la maison d’arrêt de Limoges, à 17 h 20 en même temps que Robert Solas, Henri Sauvent, André Dumas et Desiderio Romero Platero. Il fut inhumé au cimetière municipal de Limoges.
Il obtint la mention Mort pour la France le 30 novembre 1945 et son nom figure sur le monument aux morts de Saint-Léon-sur-Vézère (Dordogne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article192023, notice BOUY Georges par Hervé Dupuy, Michel Thébault, version mise en ligne le 5 mai 2017, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Hervé Dupuy, Michel Thébault

SOURCES : Arch.dép.Haute-Vienne 1517 art.298. — AM 4H142. — Maquis de Corrèze, 150 combattants et témoins Éditions Sociales 1975 — Claude Cazals La Garde sous Vichy Ed. La Musse 1997, en ligne — Guy Penaud, Histoire de la Résistance en Périgord, éd.Fanlac 1985 — témoignage de Roger Ranoux — Mémorial genweb — Mairie de Limoges, registre des décès 1944 acte n° 1056.

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