JAMET Jean (père)

Par Jean-Luc Labbé

Né le 13 décembre 1800 et décédé le 5 mai 1862 à son domicile, lieu-dit La Chaise, commune de Sainte-Lizaigne (Indre). Garde-Champêtre puis garde-particulier, marié avec Marie Ledoux, deux enfants. Déporté une première fois en Algérie (forteresse de Mostagadem) suite au coup d’Etat de décembre 1851, puis une seconde fois en 1858.

Jean Jamet, militant démocrate-socialiste, fut l’une des principales victimes dans le département de l’Indre de la répression qui suivit le coup d’Etat du 2 décembre 1851. Garde-champêtre dans sa commune de Sainte-Lizaigne, près d’Issoudun, il fut arrêté à son domicile le 5 ou le 6 décembre. D’un rapport du procureur de Châteauroux au ministre de l’intérieur début 1852 il ressort que « Le nommé Jamet (père), averti par les démagogues d’Issoudun, a réveillé dans la nuit du 4 au 5 décembre quelques habitants de sa commune en leur demandant de se tenir prêts, qu’on allait sonner le tocsin, qu’on était en révolution et qu’on marcherait sur Issoudun ». Lors de la perquisition « on a trouvé chez lui du plomb, des balles et un fusil ». Ce qui aurait pu sembler attendu pour le garde-champêtre d’une commune rurale, et donc chasseur comme beaucoup, fut un fait aggravant qui classa Jamet parmi « les individus dangereux. »
Vraisemblablement doté d’un fort caractère, il ne baissa pas les yeux face au magistrat du tribunal d’exception. Le 30 janvier 1852, le Préfet et le Procureur de Châteauroux écrivirent au ministère qu’il n’y avait « personne plus gravement compromis que lui ». Il fit partie, pour l’Indre, des 13 condamnés à la peine la plus lourde : la déportation au bagne de Cayenne. Sa peine fut commuée par le Général Canrobert à la déportation en « Algérie plus », c’est-à-dire à l’enfermement dans un camp disciplinaire à Mostagadem. En 1955, sa peine fut ramenée à « Algérie moins », avec droit d’aller et venir sous étroite surveillance. G. Sand intervint plusieurs fois en sa faveur comme elle le fit pour beaucoup d’autres avec plus ou moins de succès.
Libéré en 1856, Jean Jamet revint à Sainte-Lizaigne. Ne pouvant plus exercer son emploi de garde-champêtre du fait de ses condamnations, il resta sous étroite surveillance et travailla comme garde particulier. Suite à l’attentat d’Orsini contre l’Empereur, une nouvelle vague de répression s’abattit sur les démocrates et on ressortit les listes de 1851. Lors d’une perquisition, on saisit chez lui des papiers sans grande importance et quelques balles. La police ne trouva pas le fusil, qu’elle avait déjà pris sept ans auparavant. On lui fit démolir ses bottes de paille pour vérifier que rien n’y était caché. Signalé « très influent dans sa commune, mais aussi à Paudy, Reuilly et même jusqu’ à Issoudun », Jean Jamet fut condamné une nouvelle fois à l’internement en Algérie en 1858 ; Il avait osé dire que « l’Empire n’existerait plus dans 18 mois ». Il fut chargé dans un wagon cellulaire en gare de Châteauroux le 26 mars en compagnie de Jean-Baptiste Lumet, Lelièvre, Moreau et Périnet, tous d’Issoudun, direction Marseille via la gare de Lyon à Paris. Suite à la loi d’amnistie, il rentra en 1860 dans son village de Sainte-Lizaigne. Il mourut deux ans plus tard (mai 1862) à son domicile du hameau de La Chaise.
Ses fils Jean et Adolphe perçurent, à partir de 1882, une rente annuelle de 600 Francs pour le premier et de 400 Francs pour le second, suite à la loi d’indemnisation que vota la République cette année-là pour les victimes des répressions politiques commises par l’Empire. Un des fils, Jean Jamet né en 1829, sera maire républicain-socialiste de Sainte-Lizaigne de 1880 à 1908.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article192058, notice JAMET Jean (père) par Jean-Luc Labbé, version mise en ligne le 6 mai 2017, dernière modification le 5 février 2020.

Par Jean-Luc Labbé

Sources : B. Moreau, Marianne bâillonnée, Points d’Ancrage 2002 – Notes de G. Lubin – Arch. Dép. Cher 2U233.

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