CHABOT Eugène [CHABOT Marie, Eugène]

Par Jacques Girault

Né le 20 octobre 1906 à Toulon (Var), mort le 25 mai 1980 à Toulon ; instituteur ; candidat communiste aux élections au conseil d’arrondissement dans le canton de Cuers (1937).

Fils d’un officier des équipages de la Flotte, Chabot fit des études à l’école primaire supérieure Rouvière (1918-1924) et réussit le concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs de Draguignan en 1924. Nommé dans le nord du département (Châteauvieux), il effectua son service militaire dans les chasseurs alpins à Grasse (Alpes-Maritimes) et sa profession de foi en 1937 indiquait : « bien qu’admissible à l’École militaire de Saint-Maixent, dut à ses opinions politiques d’être nommé seulement la veille de sa libération. »
Instituteur à Gassin puis à Cuers, marié à une institutrice en août 1929, adhérent au Syndicat national des instituteurs depuis 1929, membre de la Libre pensée (secrétaire fédéral de 1935 à 1938), Chabot vota pour le candidat socialiste SFIO aux élections législatives en 1932.
Il se maria à l’église, fit baptiser ses enfants, mais ne pratiqua jamais personnellement. Il consacrait ses loisirs à la peinture. Ancien élève de l’école des Beaux-Arts de Toulon, il suivit les cours du peintre Edmond Barbaroux*. Après le salon de la Société des amis des arts de Toulon en 1936, la Revue moderne illustrée des arts et de la vie lui consacra un article reproduit dans le bulletin syndical en octobre 1936 ; il avait introduit la peinture dans son enseignement et son œuvre était composée de « croquis rapides et vivants », de « paysages à peine indiqués et pourtant équilibrés et pleins de signification ». Il dut certainement jouer un rôle dans les manifestations publiques (kermesses) organisées par le syndicat.
Chabot adhéra au Parti communiste dans le courant de 1935 et devint secrétaire de la cellule de Cuers qui prit le nom de Paul Vaillant-Couturier ; il était aussi secrétaire de la section locale des « Amis de l’Union soviétique ». Le 31 octobre 1937, il faisait partie du comité de la nouvelle section communiste de Carnoules. À la fin de 1937, il fut élu membre du comité régional du Var du Parti communiste. Il n’approuva pas la politique de la « main tendue » vers les milieux catholiques.
Dans les assemblées générales du syndicat des instituteurs, à partir de 1935, Chabot intervint souvent pour défendre l’attitude du Parti communiste, ainsi le 22 octobre 1936, où une motion déposée par Forestiéri* critiquait implicitement les communistes pour leur manque de loyauté à l’égard du Front populaire. Il fut élu membre du conseil syndical lors de l’assemblée générale du 22 octobre 1936 et devait y rester une année.
Chabot représenta le Parti communiste lors de l’élection complémentaire pour le conseil d’arrondissement dans le canton de Cuers, après l’élection du communiste Turle* au conseil général. Le 21 novembre 1937, sur 2 543 inscrits, il obtint 621 voix et se désista pour le candidat socialiste SFIO. Il fut exclu temporairement du syndicat pour avoir fait mention de sa qualité d’« instituteur syndiqué » sur ses bulletins de vote.
Après les accords de Munich, Chabot, qui ne semblait pas avoir critiqué les analyses du candidat sur la question de la paix (« tout plutôt que la guerre » répondait-il au questionnaire), démissionna du Parti communiste, le 20 octobre 1938. Le Populaire du Var, hebdomadaire socialiste SFIO, le 22 octobre, commentait la « démission sensationnelle » de Chabot « jugeant maladroits et dangereux certains articles de la presse communiste à propos de la récente crise internationale ». Le 1er novembre, Rouge-Midi, hebdomadaire communiste (ce numéro n’a pas été conservé) annonçait son exclusion. Chabot s’étonnait dans la presse locale de ce « procédé bien étrange quand on sait que j’avais démissionné du parti depuis plusieurs semaines et en indiquant la raison. L’organe régional communiste aurait pu, à son tour, formuler le motif d’une exclusion désormais platonique ».
Chabot, par la suite, désapprouva la grève du 30 novembre 1938 qu’il considérait en 1939, dans la réponse écrite au questionnaire, comme revêtue d’un « caractère nettement politique ». Lors de l’assemblée générale du syndicat, le 19 janvier 1939, il présenta une résolution demandant un référendum avant toute décision de grève ; elle ne fut pas mise aux voix. Comme 411 autres syndiqués, il ne versa pas à la souscription pour les grévistes.
Mobilisé au début de la guerre, il reprit son poste à Cuers après l’armistice mais fut déplacé d’office le 1er janvier 1941 à Signes. L’école comprenait deux classes. Avec sa femme comme adjointe, il remplissait les fonctions de directeur sans avoir été officiellement nommé.
Le rapport établi par l’inspecteur d’académie en 1941 considérait qu’il avait une « attitude nationale ». En dépit des sollicitations de la région marseillaise du Parti communiste, il refusa de réintégrer le parti.
Chabot demanda sa mutation pour Toulon en octobre 1946 où il se remaria en décembre 1950. Il réintégra le syndicat et collabora occasionnellement à certaines activités. À la retraite depuis 1962, il se consacra à la peinture et signait R. Chabot. Il figurait dans les années 1970 parmi les artistes peintres les plus connus de la région toulonnaise. Il collaborait aussi à Var Matin République pour les manifestations culturelles et assurait les fonctions de secrétaire des séances de l’Académie du Var dont il était membre. Il se définissait en 1978 comme un électeur de gauche.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19220, notice CHABOT Eugène [CHABOT Marie, Eugène] par Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 4 février 2011.

Par Jacques Girault

SOURCES : RGASPI, Moscou, archives biographiques du Komintern, 495 270 7638, 11 septembre 1938, classé "B". — Arch. Dép. Var, 2 M 6 25 ; 4 M 59 4 4 ; 3 Z 2 10 ; 3 Z 4 30. — Eugène Chabot, « Souvenirs d’un vieux maître d’école », Bulletin de l’Académie du Var, 1977-1978. — Réponses écrites faites au questionnaire de l’enquête sur les enseignants varois au moment du Front populaire (Jacques Girault, « Les enseignants varois au moment du Front populaire », Provence historique, avril-juin 1974, et Jacques Girault, « Les enseignants varois au moment du Front populaire : typologie des comportements », Annales du Midi, juillet-septembre 1975), et à l’enquête nationale sur le SNI (mars 1976). — Presse locale. — Renseignements complémentaires fournis par l’intéressé.

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