SCARBONCHI Dominique, Pierre, Ange, Marie

Par Jacques Girault

Né le 11 juin 1913 à Cuttoli-Corticchiato (Corse), mort le 28 mars 1986 à Toulon (Var) ; avocat à Toulon ; militant communiste ; conseiller municipal de Toulon.

Son père, en 1913, commis des affaires indigènes en Côte d’Ivoire, mourut pendant la Grande Guerre. Dominique Scarbonchi, pupille de la Nation, fit ses études supérieures à la Faculté de Droit d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Il effectua son service militaire dans l’armée de terre comme simple soldat. Il se maria en février 1939 à Toulon avec la fille d’un ingénieur, ancien officier de la Marine nationale. Le couple eut deux garçons.

Dominique Scarbonchi, avocat au barreau de Toulon, affichait des opinions favorables à la Résistance et des sympathies communistes. Il fut le défenseur de plusieurs militants communistes déférés devant le Tribunal maritime permanent de Toulon en 1941-1942. Après le sabordage de la flotte et l’arrivée des Allemands, il rencontra le commissaire de gouvernement près le Tribunal maritime permanent de Toulon à la prison. Il obtint son accord, selon son témoignage, « pour établir de faux extraits de jugement pour les camarades emprisonnés dans le but de les soustraire à une éventuelle déportation ». Par la suite, il défendit plusieurs résistants et obtint la libération de résistants emprisonnés avant leurs jugements. Lors des bombardements de Toulon à partir de novembre 1943, il fit des relevés des chutes de bombes qu’il fit transmettre par un membre d’un réseau de renseignements à Londres. Contacté par Paul Rigon, il rejoignit le Front national en juin 1944 dont il devint le vice-président départemental après la Libération puis fut reconduit dans cette responsabilité par le congrès départemental du 13 janvier 1946.

Dominique Scarbonchi adhéra au Parti communiste français en septembre 1944. Cet engagement ne l’empêcha pas de défendre devant la cour de justice de Toulon des inculpés pour faits de collaboration. Membre de la cellule communiste Politzer, il siégea au comité de la section communiste Paul Vaillant-Couturier en 1951 et fut l’un des principaux orateurs du PCF jusqu’au début des années cinquante.

Chargé d’organiser la défense d’Henri Martin lors de son procès (17-19 novembre 1950), il fut aussi très actif lors de l’affaire Rosenberg. Très bien implanté dans les associations regroupant les Corses, président de la Fédération des « Corses unis » au début des années 1950, il accompagnait leurs revendications, par exemple pour le retour de l’escadre à Toulon.

Toutefois, la police signalait en novembre 1951 qu’il n’avait plus pris la parole en meeting depuis des mois et l’expliquait à la fois par la méfiance du Parti vis-à-vis des intellectuels après l’exclusion d’un autre avocat, Maître Loisel, pour « déviationnisme » en juillet 1951, mais aussi par son souci de relancer son cabinet qui aurait quelque peu périclité par suite de son engagement. Cependant, toujours conseiller juridique du PCF, il continuait à le financer et restait en relations étroites avec Jean-Baptiste Bartolini. Toujours membre du comité de la section Paul Vaillant-Couturier, il devint membre du comité fédéral en mai 1954, mais continua à rester « en retrait » selon des rapports du secrétaire fédéral. Bien que non reproposé en juin 1956, il fut réélu mais ne le fut plus en mai 1957.

Candidat aux élections municipales de Toulon, le 29 avril 1945 sur la liste « d’union patriotique, républicaine, antifasciste », après avoir obtenu 19 432 voix sur 60 365 inscrits, il fut élu au deuxième tour avec 31 982 voix. Il fut régulièrement réélu dans les minorités du conseil municipal (octobre 1947 sur la liste « Union républicaine et résistante », 18 023 voix ; mai 1949, 16 945 et 18 487 voix ; avril 1953, 24 264 15 845 voix et 8 419 signes préférentiels, troisième position de la liste ; mai 1955, 24 264 voix sur 73 245 inscrits, deuxième de la liste ; élu en quatrième position sur la liste communiste en mars 1959 ; septième position sur la liste communiste non élue). Au sein du conseil municipal, avec Julien Sauli, il mena l’offensive contre le maire RPF, Louis Puy, élu en 1947. Il fut moins actif par la suite.

Au début des années 1950, il militait dans le centre culturel local créé par l’association “France-URSS“ et était le vice-président du comité départemental du Secours populaire. Il était aussi le vice-président du Mouvement de la Paix.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article192216, notice SCARBONCHI Dominique, Pierre, Ange, Marie par Jacques Girault, version mise en ligne le 11 mai 2017, dernière modification le 13 mai 2017.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Dép. Var, cabinet. — Archives du comité national du PCF. — Notes de Gérard Scarbonchi, son neveu et de Jean-Marie Guillon. — Presse locale. — Sources orales.

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