Né en 1909 à Paris (VIe arr.), mort le 22 mars 2003 ; syndicaliste CGT de l’énergie à Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis).
Jean Chabriel était fils d’un métallurgiste qui travaillait chez Delaunay-Belleville, socialiste puis communiste. L’enfant ne connut jamais sa mère. Après le décès de celle-ci, son père le reprit avec lui à l’âge de cinq ans à Pantin (Seine, Seine-Saint-Denis). À onze ans et demi, Jean Chabriel entra comme « gamin » (apprenti) dans une cartonnerie. Mais le salaire étant insuffisant, Jean Chabriel travailla ensuite quelques mois à la cristallerie de Pantin qu’il quitta en 1924, l’usine étant fermée. Il adhéra alors au Parti communiste et partit sur les routes pour gagner sa vie (on appellait alors cela « faire le trimard »). Il put trouver du travail près de Vierzon dans une ferme pour revenir à Pantin.
Il présenta alors sa candidature à plusieurs administrations. La société de Traitement industriel de résidus urbains (TIRU) fut la première à lui répondre et il entra, en 1929, à l’usine de Romainville où il travailla comme manœuvre dans les sous-sols au décrassage des fours. Il participa à la création de la section syndicale en 1936 (la TIRU fut occupée une quinzaine de jours). Il fit le compte rendu de la délégation chargée de présenter les revendications ouvrières au siège de la TIRU le 27 janvier 1938, et fut à nouveau délégué en juillet 1938 avec Charles André*, Rousseau et Dubois. Après la grève du 30 novembre 1938, il fut muté à la TIRU d’Issy-les-Moulineaux (Seine, Hauts-de-Seine), en même temps que Charles André* et poursuivit son action syndicale jusqu’à à la guerre. La veille de partir aux armées, il fut arrêté dans l’usine pour avoir distribué à une station de métro un numéro de l’Humanité clandestine.
N’ayant pas accepté « la drôle de guerre », il s’engagea dans les corps françs où il fut décoré de la Croix de guerre avec palmes et deux étoiles de bronze. Il fut fait prisonnier au col de Saal (Vosges), s’évada cinq fois et arriva à Strasbourg (Bas-Rhin) le 23 novembre 1944 où il s’engagea immédiatement dans les FFI. Il participa au nettoyage des derniers ilôts strasbourgeois tenus par des SS. Le 11 décembre 1944, il fut démobilisé et s’engagea le 16 février 1945 à Saverne dans l’armée Leclerc où il participa à la libération de l’Alsace. Blessé le 24 janvier 1945 sur le pont du Petit Rhin, hospitalisé à l’hôpital de Strasbourg, il fut évacué à l’hôpital de Dijon le 7 février 1945 en raison de la contre-offensive allemande. Ayant rejoint Strasbourg le 15 avril, il passa le Rhin le 2 mai et finit la guerre à Karlsruhe.
Démobilisé le 12 septembre 1945, Jean Chabriel fut réintégré à la TIRU de Romainville où il fut élu délégué général du syndicat CGT des producteurs et distributeurs d’électricité de la région parisienne. En 1948 après la fusion de ce syndicat avec celui du Gaz de Paris, il fut membre de la commission exécutive du syndicat du personnel des industries électrique et gazière de la Région parisienne. En 1947, il avait été désigné secrétaire de la commission secondaire de la Région parisienne (Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne et Oise), chargée d’intégrer le personnel des services d’EDF dans le cadre du statut national. Par la suite, Jean Chabriel siégea dans de nombreuses commissions du personnel et, en 1949, il fut un des créateurs de l’Union sportive électrique et gazière (USEG). De 1955 à 1960, il assura le secrétariat du syndicat de la production et du transport d’énergie de la Région parisienne.
De 1947 jusqu’à son départ de Pantin en février 1996, Jean Chabriel exerça plusieurs responsabilités au sein du Parti communiste : il appartint au comité de section, au bureau de sanction et fut le responsable de l’Amicale des vétérans du parti de Pantin et de la Seine-Saint-Denis. De 1959 à 1977, il fut conseiller municipal de Pantin, de 1959 à 1965 délégué du maire et officier d’état civil, de 1965 à 1971 maire adjoint et de 1971 à 1977, syndic. En 1977, il fut nommé maire honoraire.
Marié, Jean Chabriel avait un fils, Rémy, né le 8 mai 1934. Le 19 février 1996, une cérémonie eut lieu à Pantin en l’honneur de Jean Chabriel qui avait décidé d’aller s’installer dans le Midi. Il était titulaire de la Croix de guerre, de la Croix du combattant, de la Médaille des évadés et de la Médaille des rengagés.
SOURCES : Arch. FNE-CGT. — Le Secteur électrique, février 1938 et juin-juillet 1938. — René Gaudy, Les Porteurs d’énergie, Temps Actuels, 1982. — Biographie rédigée par P. Delplanque à l’occasion de la cérémonie du 19 février 1996.