PLANCHERON Pierre

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 15 octobre 1926 à Péronnas (Ain), exécuté sommairement le 10 juin 1944 à Lissieu (Rhône) ; cultivateur ; résistant.

PLANCHERON Pierre
PLANCHERON Pierre
Arch Dép. Rhône, 3460W3

Pierre Plancheron était le fils de Pierre Marie Plancheron et de Marie Louise Hubry. Il avait deux frères et une sœur. Il vécut ses dix premières années avec sa famille à la Correrie à Péronnas (Ain). Son père était câbleur et devint cultivateur. En 1936, les Plancheron déménagèrent à Saint-André-sur-Vieux-Jonc (Ain). Ils demeurèrent au lieu-dit les Clés. En 1939, ils changèrent à nouveau de domicile. Ils s’installèrent à Buellas (Ain) et exploitèrent une ferme située à la Teyssonnière. C’est au sein de la ferme familiale que Pierre Plancheron devint cultivateur.
Les Plancheron s’engagèrent dans la Résistance. Pierre Marie Plancheron et ses deux fils aînés, Jean et Raymond, prirent le maquis. Pierre Plancheron, sa mère et sa sœur Lucienne restèrent à la ferme. Pierre Marie Plancheron autorisa le camouflage d’armes parachutées chez lui. Malgré les précautions prises (les armes furent enfouies dans la terre), les Plancheron furent dénoncés. Le 24 mai 1944, Pierre Plancheron, sa mère et sa sœur furent arrêtés à leur domicile, à Buellas, par la Feldgendarmerie de Bourg-en-Bresse (Ain) pour stockage d’armes. Ils furent conduits à l’Hôtel du Commerce à Bourg-en-Bresse où la Feldgendarmerie les interrogea. Bien que Pierre Plancheron fut battu devant sa sœur, ils ne parlèrent ni l’un ni l’autre. Il passa la nuit dans les caves de l’hôtel. A 4 heures du matin, Pierre, sa mère et sa sœur furent transférés à Lyon (Rhône), à l’ École du Service de santé militaire, siège de la Gestapo, avenue Berthelot. Ils furent interrogés, fouillés et dépouillés de leurs affaires (papiers, sacs et autres). Le soir même, ils passèrent leur première nuit à la prison de Montluc. Le lendemain, 26 mai, il furent à nouveau conduits au siège de la Gestapo pour être interrogés. Alors qu’ils étaient tous trois réunis, dans l’attente de l’interrogatoire qu’ils allaient subir, les sirènes se mirent à hurler. Ils furent conduits dans les caves. L’École du Service de santé militaire fut bombardée par les alliés. Dans le chaos qui suivit, Pierre, Lucienne et leur mère furent sortis des caves et reconduits à Montluc. Ils échappèrent ainsi à l’interrogatoire et à la torture. C’est dans ces circonstances que Lucienne et Marie Plancheron virent Pierre Plancheron pour la dernière fois. Il portait une chemise en fibranne crème, un pull marron fait à la main avec des dessins en zigzag, un pantalon rayé, une veste beige, des chaussettes blanches à torsades de coton, des souliers neufs jaunes et un béret basque. A Montluc, Lucienne Plancheron fut incarcérée dans la cellule 23 et Marie Plancheron dans la cellule 24. Pierre Plancheron était dans une autre cellule en compagnie du comte de la Teyssonière (de Buellas). Les Allemands le changèrent de cellule le 5 ou 6 juin.
Le 10 juin 1944, Pierre Plancheron et dix-huit autres détenus furent extraits de Montluc. Ils furent conduits à Lissieu (Rhône) dans une camionnette bâchée escortée par quatre voitures transportant des militaires allemands. Vers 8 heures 40, le convoi se gara au bord de la route nationale 6, non loin du hameau du Bois Dieu. Les soldats bloquèrent la circulation sur la route à environ 150 mètres au nord et au sud de la camionnette et ils éloignèrent un témoin. Ils firent descendre les prisonniers du véhicule et les exécutèrent à coups de mitraillettes. Ils laissèrent les cadavres sur place. La camionnette et l’une des voitures repartirent dans la direction de Lyon tandis que les trois autres automobiles se dirigèrent vers Villefranche-sur-Saône (Rhône).
Les gendarmes et la police furent alertés le jour même. Ils découvrirent les dix-neuf corps à environ 13 mètres de la chaussée. Ils étaient allongés perpendiculairement à la route nationale, les pieds dirigés vers la voie, faces contre terre. Les enquêteurs ne trouvèrent aucune pièce d’identité ni objet permettant de les identifier. Les cadavres furent transportés à l’institut médico-légal de Lyon.
Le corps de Pierre Plancheron fut décrit comme suit par les gendarmes : « Le cadavre N°5, mesure I mètre 68 environ et paraît âgé de 18 ans. Il est de corpulence mince ; les cheveux châtain foncé ; nez légèrement busqué, moustache naissante ; visage maigre et allongé. Il est vêtu en lainage marron rayé blanc ; d’un pantalon noir avec rayures blanches, maintenu par une ceinture élastique bleue rayé blanc ; d’un chandail marron foncé ; d’un foulard vert avec dessins chinois. Il est dépourvu de chaussettes mais est chaussé de souliers bas jaune. Il a été trouvé porteur d’un mouchoir blanc ; d’une pochette blanche sans initiale avec encadrement blanc et bleu ». Un autre descriptif indique qu’il mesurait 1m70, qu’il avait les cheveux bruns, les yeux marrons foncés, le visage ovale et le nez rectiligne. D’après le rapport du médecin légiste, le corps de Pierre Plancheron « maigre ou amaigri » portait plusieurs blessures par balles à la tête, au tronc et à la jambe gauche. Pierre Plancheron avait été atteint par plusieurs balles alors qu’il gisait à terre, déjà mortellement frappé. Il fut identifié le 26 octobre 1945 par son père.
Pierre Plancheron fut homologué FFI. Il obtint la mention Mort pour la France et le titre d’interné résistant. Il fut décoré de la médaille de la Résistance. Son nom est gravé sur la plaque commémorative située à Lissieu, en bordure de la route départementale 306 (anciennement route nationale 6). Son nom apparaît également à Buellas sur le monument aux morts et sur une plaque commémorative.
Le 19 juin 1944, Lucienne et Marie Plancheron furent transférées au camp de Romainville (Les Lilas, Seine-Saint-Denis). Elle furent déportées et emprisonnées le 27 juin 1944 à Sarrebruck (Allemagne), puis à Ravensbrück (Allemagne) le 28 juin et dans le kommando de Schönfeld (Allemagne) le 16 juillet 1944. Elles furent rapatriées en France le 12 mai 1945.

Voir la monographie du lieu d’exécution

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article192430, notice PLANCHERON Pierre par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 20 mai 2017, dernière modification le 11 juillet 2017.

Par Jean-Sébastien Chorin

PLANCHERON Pierre
PLANCHERON Pierre
Arch Dép. Rhône, 3460W3

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 3808W901, 3460W3, 3335W30, 3335W19, 3335W27. — Ach. Dép. Ain, fiche matricule de Pierre Marie Plancheron, recensements de population de Péronnas (1926, 1931) et de Saint-André-sur-Vieux-Jonc (1936). — SHD, Vincennes, inventaire de la sous-série 16P. — Site Internet Mémoire des Hommes. — Mémorial Genweb. — Site Internet Memoire-deportation-ain.fr (témoignage de Lucienne Plancheron).

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