DENIS Henri, Léon

Par Jean-Luc Labbé

Né le 20 octobre 1885 à Issoudun (Indre) et décédé en 1937 ; ouvrier mégissier ; syndicaliste CGT des cuirs et peaux (1905-1914), membre d’un groupe Jeunesse antimilitariste puis Jeunesse syndicaliste ; auteur de chansons et de pièces de théâtre social.

En 1901, Henri DENIS alors âgé de 15 ans était apprenti mégissier chez Rouet, entreprise d’une dizaine d’ouvriers rue Ledru-Rollin (rue Saint-Martin) ; c’était également le cas de son frère cadet Léon. Le père de famille venait de décéder récemment et la veuve Marie Merrier, employé de commerce de 38 ans (chez His ou Fils ?) élevait seule, outre ses deux grands fils, Camille 12 ans, Marcel 11 ans et René 5 ans.
En 1907, Henri DENIS était domicilié rue du puits à Coignet puis au hameau de Fontaine à Issoudun. Alors membre actif de la section antimilitariste puis de la jeunesse syndicaliste, groupes affiliés à la Bourse du travail CGT d’Issoudun, Il fit l’objet d’une fiche individuelle de police en 1907 pour avoir « collaboré à la composition de pièces de théâtre ayant un caractère révolutionnaire à l’interprétation desquelles il a prêté son concours ». Bien plus qu’un collaborateur, il en était en réalité l’auteur et le metteur en scène. Il n’hésitait pas à monter sur scène avec la petite dizaine de jeunes qui composait l’association qu’il avait constituée.
Cette association théâtrale était constituée dès 1905 en parallèle de la section d’Issoudun de l’Association Internationale Antimilitariste des Travailleurs (AIAT). Le dimanche 17 septembre de cette année 1905 le délégué du comité national de cette association, Auguste Delalé, vint à Issoudun pour une conférence sur le thème de « l’antimilitarisme révolutionnaire et du pacifisme ». Auguste Delalé n’était pas un inconnu à Issoudun : secrétaire de la fédération CGT des cuirs et peaux, il était venu plusieurs fois à Issoudun lors de la grève des mégissiers de juillet à décembre 1904. A l’issue de cette conférence le groupe théâtral d’Henri DENIS s’était produit avec « chœur et chants par les camarades bien connus du public » et la soirée s’était terminée par « Le Fiancé de Marie, grand drame antimilitariste à grand spectacle en 1 acte, 8 personnages, pièce composée et montée par la section d’Issoudun ». Difficile de mieux dire que le groupe théâtral était l’émanation du groupe des jeunes antimilitaristes de l’AIAT.
La Jeunesse antimilitariste et La Jeunesse syndicaliste n’auront plus d’activité en 1907 (Auguste Delalé avait été mis en prison) mais le groupe théâtral poursuivit son aventure et se produisit dans les initiatives du mouvement ouvrier, avant tout à Issoudun mais aussi à Châteauroux et au moins une fois à Bourges avec une programmation associant des chansons à des pièces de théâtre social antimilitariste. 1911 fut l’année de déclaration officielle de l’association auprès de la Préfecture, conformément à la loi de 1901. Henri DENIS s’était donné le titre de directeur et se déclarait ouvrier (mégissier) comme tous les membres du conseil d’administration : Antoine Chapuis (maroquinier domicilié Rue de Rome et secrétaire de l’association), Léon Denis (mégissier domicilié à Fontaine, trésorier), Jules Piniau (mégissier domicilié 26 rue Eugène Süe), Noël Jusserand (tailleur de pierre domicilié rue du colonel Louis) et André Dénoyer (cordonnier domicilié 11 rue du Puits-Ytasse).
En 1912, « le directeur du groupe artistique issoldunois », Henri DENIS donc, faisait partie des personnalités invitées à l’inauguration d’un monument aux morts de la guerre de 70 par la mairie avec la participation du ministre du budget. L’anarcho-syndicalisme avait reflué et Henri DENIS acceptait cette participation à une manifestation de chauvinisme qui fit hurler plus d’un socialiste du PSU. Mais il continua à manifester son adhésion au mouvement ouvrier et l’une de ses pièces fut au programme, au printemps 1914, d’une fête de la Bourse du travail de Châteauroux où il était précisé qu’il s’agissait de la 28ème représentation : « Le dernier réveil, pièce en un acte pour trois personnages », avait été publiée en 1911 aux Editions Stock (Paris) et constitue le seul texte qui nous soit parvenu.
La suite de son histoire n’a pas été recherchée mais il semble, comme son frère Léon, avoir quitté Issoudun pour la région parisienne dans les années 1920. Son nom ne figurait plus en 1920 sur la liste du syndicat CGT des ouvriers en cuirs et peaux. Etait-il encore ouvrier mégissier ?
Etat civil : Henri DENIS était le fils d’Edmond-François DENIS (vigneron de 27 ans en 1885) et de Marie-Henriette Mérier (ouvrière festonneuse de 22 ans ; le couple s’était marié en 1884) et domiciliés Hameau de Fontaine à Issoudun. Témoins de la naissance d’Henri : Jean-Dominique Michon vigneron de 67 ans (arrière-grand-père maternel) et Léon Merier cultivateur de 42 ans (grand-père maternel). Henri DENIS s’était marié avec Marie-Marguerite Blanchard le 4 juillet 1910 et décéda le 14 février 1937. Il avait eu quatre frères et sœur : Léon (1886-1952), Camille né en 1888, Andrée (1896-1899) et Andrée-Marie (1900-1977).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article192558, notice DENIS Henri, Léon par Jean-Luc Labbé, version mise en ligne le 25 mai 2017, dernière modification le 29 décembre 2019.

Par Jean-Luc Labbé

SOURCES : Arch. Dép. Indre. – Arch. UL CGT Issoudun. – L’Émancipateur. – L’Écho des Marchés. – État civil Issoudun.

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