NOVI Delfo

Par Robert Mencherini

Né le 15 octobre 1918 à Santa-Maria a Monte (Toscane, Italie), massacré par les Allemands dans la nuit du 9 au 10 juin 1944, entre Sénas et Lamanon (Bouches-du-Rhône) ; ouvrier agricole ; membre des Mouvement unis de Résistance et Corps francs de la Libération (MUR-CFL).

NOVI Delfo
NOVI Delfo
Centre de la Résistance et de la Déportation Arles

Fils de Rinaldo Novi et de Judita Montanelli, son épouse, Delfo Novi était ouvrier agricole. Il habitait à Arles (Bouches-du-Rhône), avec sa compagne (enceinte en juin 1944), jusqu’au moment où, réfractaire au STO, il vint se cacher à Saint-Rémy (Bouches-du-Rhône), chez sa sœur et son beau-frère, Broggi, gérant du mas de Pilons. Bien qu’engagé aux MUR à Arles, Delfo Novi avait peu de contact avec les responsables de ce mouvement à Saint-Rémy, pour lesquels il était quasiment inconnu.
Le 9 juin 1944 vers midi, alors que le quartier de la Galine était bouclé par les troupes allemandes, quatre légionnaires français de la compagnie Brandebourg, spécialisés dans l’infiltration des maquis, se présentèrent au mas comme des résistants en quête d’un abri et de nourriture. Ils participèrent même à un simulacre de combat avec des militaires allemands, qui, arrivés vers 16 heures, fouillèrent le mas (sans rien trouver) et firent mine de fusiller tout le monde. Puis, une heure plus tard, les quatre hommes, emmenant Delfo Novi, se rendirent à l’Amicale, coopérative boulangère du quartier de la Galine. Ils y poursuivirent leur comédie, en retenant tous les nouveaux arrivés dans ces locaux et en obligeant la femme du boulanger Thiot à cuire un agneau qu’ils avaient volé. Après l’arrivée tardive du gérant de la coopérative, Eugène Thiot*, à la nuit tombée, les légionnaires Brandebourg, se dévoilèrent. Delfo Novi fut, avec ses amis, conduit, mains sur la tête, dans une gloriette proche et soumis sans doute, comme eux, à la torture. Au cours de la nuit, des soldats allemands arrivèrent avec un camion, sur lequel les Saint-Rémois furent chargés. Dans celui-ci se trouvait déjà un jeune Lyonnais arrêté à Cavaillon. Eugène Thiot* y fut hissé, mort ou mourant. Le véhicule prit la direction d’Orgon. Le corps d’Eugène Thiot* fut jeté dans un fossé et le camion s’arrêta à mi-chemin de Lamanon et Sénas. Là, entre la voie ferré Miramas-Cavaillon (Bouches-du-Rhône - Vaucluse) et le canal des Alpines, furent assassinés par coups de feu, de crosse et à l’arme blanche, avec Delfo Novi, Pierre Barriol*, Charles Gras*, le jeune Lyonnais et les frères Roudier*, Louis et Marcel. Les corps des deux derniers furent retrouvés, quelques jours, après sur le territoire de la commune de Sénas et les quatre autres dépouilles sur celui de la commune de Lamanon, quartier de la Baptistine. Le corps de Delfo Novi portait des traces de balles et de coups à l’arme blanche dans le dos. Il fut d’abord inhumé à Lamanon, puis, après des obsèques solennelles à Saint-Rémy, le 5 décembre 1944, dans le cimetière de cette ville.
Delfo Novi fut reconnu grenadier (MUR-CFL) et obtint la mention « Mort pour la France ». Son nom figure sur la plaque commémorative de la coopérative de la Galine et sur la stèle érigée entre Sénas et Lamanon, le long du canal des Alpines. Il est également gravé sur la plaque « Guerre de 1939-1945 » du monument aux morts de la place de la République, sur celle scellée au début de l’avenue de la Résistance au centre de Saint-Rémy (avec la mention erronée FTPF) et sur le monument aux morts de la Résistance du cimetière de cette ville. A noter que les nom et prénom sont quelquefois inversés dans les premiers dossiers administratifs et que le prénom est parfois écrit Delfi sur les plaques commémoratives.
Voir le lieu d’exécution La Galine, Saint-Rémy de Provence (Bouches-du-Rhône) et ses environs, Sénas et Lamanon, 9-10 juin 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article192708, notice NOVI Delfo par Robert Mencherini, version mise en ligne le 8 juin 2017, dernière modification le 11 février 2022.

Par Robert Mencherini

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Centre de la Résistance et de la Déportation Arles

SOURCES : AVCC, Caen, 21P124083 — Casimir-Pierre Mathieu, La résistance à l’oppression, la première et deuxième guerre mondiale, La Résistance, Saint-Rémy, chez l’auteur, Cavaillon, Imprimerie Mistral, 1978, p. 316 et sq. — Marcel Bonnet, « Le massacre de “La Galine”, 9-10 juin 1944 », Revue de l’Amicale laïque de Saint-Rémy-de-Provence, 1984, reproduit (avec des documents) in Marcel Bonnet, Le massacre de “La Galine”, 9-10 juin 1944, présenté par André Bonafos et par Rémy Bonein (chef de groupe du quartier de la Galine 1940-1943), Eyrargues, Édition espace culturel Eyrarguais, 1991 —Véronique Sassetti, « Saint-Rémy de Provence pendant la Seconde Guerre mondiale », mémoire de maîtrise, dir. R. Mencherini, Université d’Avignon et des pays de Vaucluse, 1996, dactylographié, p. 95 — Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944), Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930 - 1950, t.3, Paris, Syllepse, 2011, p. 599.

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