ROUDIER Louis

Par Robert Mencherini

Né le 3 mars 1921 à Arles (Bouches-du-Rhône), abattu dans la nuit du 9 au 10 juin 1944, entre Sénas et Lamanon (Bouches-du-Rhône) ; sous-officier de réserve, chef de sizaine des Mouvements unis de la Résistance (MUR).

Louis Roudier était le fils de Pierre Roudier et de son épouse Marie-Louis Bavol et le frère cadet de Marcel Roudier*. La famille habitait Saint-Rémy (Bouches-du-Rhône) et les deux hommes, sous-oficiers de réserve, passionnés d’aviation, fréquentaient l’aérodrome de Romanin, sis dans le quartier de la Galine. Ils rejoignirent la Résistance et le groupe des MUR, dirigé par le gérant de la coopérative boulangère de la Galine, Eugène Thiot*.
Le 9 juin 1944, les frères Roudier se rendirent à la coopérative de la Galine où ils furent retenus par les légionnaires français de la compagnie Brandebourg, spécialistes de l’infiltration des maquis, à la recherche d’armes et de résistants, qui avaient investi la place. Depuis quelques heures, ces légionnaires sillonnaient le quartier et se présentaient comme des résistants ou réfractaires à la recherche d’aide. Après l’arrivée tardive d’Eugène Thiot*, à la nuit tombée, ils se dévoilèrent. Louis Roudier fut, avec ses amis, conduit, mains sur la tête, dans une gloriette proche et soumis sans doute, comme eux, à la torture. Au milieu de la nuit, son frère fut traîné jusqu’au mas familial où des armes furent découvertes et amenées à la coopérative. Entre temps, des soldats allemands étaient arrivés avec un camion, sur lequel les Saint-Rémois furent chargés. Dans celui-ci se trouvait déjà un jeune Lyonnais, arrêté à Cavaillon. Eugène Thiot y fut hissé, mort ou mourant. Le véhicule prit la direction d’Orgon (Bouches-du-Rhône). Le corps d’Eugène Thiot fut jeté dans un fossé et le camion s’arrêta à mi-chemin de Lamanon et Sénas. Là, entre la voie ferré Miramas-Cavaillon (Bouches-du-Rhône - Vaucluse) et le canal des Alpines, furent assassinés par coups de feu, de crosse et à l’arme blanche, avec les frères Roudier, Delfo Novi*, Pierre Barriol*, Charles Gras* et le jeune Lyonnais. Les corps de Louis et Marcel Roudier furent retrouvés, quelques jours après sur le territoire de la commune de Sénas et les quatre autres dépouilles sur celui de la commune de Lamanon, quartier de la Baptistine. Le corps de Louis Roudier, la tête tuméfiée, légèrement vêtu d’habits et pantoufles de toile, ne fut pas immédiatement identifié. Il fut d’abord inhumé à Sénas, puis, après des obsèques solennelles à Saint-Rémy, le 5 décembre 1944, dans le cimetière de cette ville. Louis Roudier fut reconnu mitrailleur, chef de sizaine des MUR. Mais Casimir Pierre Mathieu, chef des MUR de Saint-Rémy, fait également état de son appartenance aux FTPF, tout en certifiant qu’il était placé directement ses ordres, ce qui est possible dans un groupe composite comme celui de la Galine. Louis Roudier fut homologué sergent à titre posthume et obtint la mention « Mort pour la France » et fut décoré de la Croix de guerre et de la Croix volontaire de la Résistance. Son nom figure sur la plaque commémorative de la coopérative de la Galine et sur la stèle érigée entre Sénas et Lamanon, le long du canal des Alpines. Il est gravé sur la plaque « Guerre de 1939-1945 » du monument aux morts de la place de la République, sur celle, FTPF, scellée au début de l’avenue de la Résistance au centre de Saint-Rémy et sur le monument aux morts de la Résistance du cimetière de cette ville. Une rue de Saint-Rémy porte le nom de Louis et Marcel Roudier.
Voir le lieu d’exécution La Galine, Saint-Rémy de Provence (Bouches-du-Rhône) et ses environs, Sénas et Lamanon, 9-10 juin 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article192709, notice ROUDIER Louis par Robert Mencherini, version mise en ligne le 8 juin 2017, dernière modification le 20 février 2022.

Par Robert Mencherini

SOURCES : AVCC, Caen, 21P145559 — Arch. dép. du Gard, 3U7, article 252, dossier Paolino Honoré — Arch dep. Bouches-du-Rhône, 76 W 129, rapports de gendarmerie, 11, 12 et 16 juin 1944 — Casimir-Pierre Mathieu, La résistance à l’oppression, la première et deuxième guerre mondiale, La Résistance, Saint-Rémy, chez l’auteur, Cavaillon, Imprimerie Mistral, 1978, p. 316 et sq. — Marcel Bonnet, « Le massacre de “La Galine”, 9-10 juin 1944 », Revue de l’Amicale laïque de Saint-Rémy-de-Provence, 1984, reproduit (avec des documents) in Marcel Bonnet, Le massacre de “La Galine”, 9-10 juin 1944, présenté par André Bonafos et par Rémy Bonein (chef de groupe du quartier de la Galine 1940-1943), Eyrargues, Édition espace culturel Eyrarguais, 1991—Véronique Sassetti, « Saint-Rémy de Provence pendant la Seconde Guerre mondiale », mémoire de maîtrise, dir. R. Mencherini, Université d’Avignon et des pays de Vaucluse, 1996, dactylographié, p. 95 — Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944), Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930 - 1950, t.3, Paris, Syllepse, 2011, p. 599.

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