Par Frédéric Stévenot
Né le 9 novembre 1945 à Reims (Marne), mort de ses blessures le 6 juin 1977 à Reims ; ouvrier verrier ; syndicaliste CGT.
Pierre Maître était âgé de trente-sept ans quand il fut abattu par des membres d’un commando patronal, appartenant à l’encadrement de Citroën et de la CFT (Confédération française du travail). Marié à Yolande Maître, le couple avait un fils, Pascal, et une fille née le 6 novembre 1977. La famille habitait dans le quartier Croix-Rouge. Pierre Maître travaillait alors aux Verreries mécaniques champenoises, à Reims, établissement affecté par un mouvement de grève. Les revendications portaient sur le treizième mois et les salaires. Deux délégués de la CGT furent renvoyés. Les gardes mobiles furent envoyés contre les grévistes, et chargèrent un meeting dans lequel était présent le maire communiste de Reims, Claude Lamblin, qui venait d’être élu.
Vers minuit, la veille, cinq hommes venus de l’usine Citroën voisine des VMC tentèrent d’arracher la banderole de la CGT. Vers une heure du matin, le dimanche 5 juin 1977, une automobile GS vert métallisé conduite par Henri Mangematin et immatriculée à Paris, ralentit à la hauteur du piquet de grève, des coups de feu furent tirés depuis le véhicule : dix-sept impacts furent retrouvés. Serge Vermeulen et Raymond Richard furent gravement blessés ; Pierre Maître succomba quelques heures après avoir reçu une balle en pleine tête, dans la nuit du dimanche au lundi.
Le chef du commando et tireur, Claude Leconte, était membre du SAC (Service d’action civique). Il avait été envoyé à Reims en 1973 pour briser les grèves chez Citroën, en faisant pression sur des travailleurs immigrés pour qu’ils effectuent le travail. Il dirigeait un groupe d’hommes de main qui opérait chez Citroën, mais aussi dans d’autres entreprises rémoises.
Une grande manifestation fut organisée au lendemain de la mort de Pierre Maître et lors de ses obsèques, le vendredi 10 juin, lesquelles se tinrent en présence d’Henri Krasucki, secrétaire général de la CGT. La direction des VMC dut accepter les revendications des salariés et réintégrer les deux délégués.
La municipalité de Reims décida peu après de donner le nom de Pierre-Maître à la rue où se trouvait l’usine. Un hommage est rendu au syndicaliste chaque année, dont l’organisation est assurée aujourd’hui par l’association « Les Amis de Pierre Maître », créée en 2009.
Par Frédéric Stévenot
SOURCES : L’Humanité, « Il y a 40 ans, les assassins de la CFT, 2 juin 2017 ; L’Union, « Il y a 40 ans, l’ouvrier des VMC, Pierre Maître, était assassiné à Reims, 2 juin 2017. — Site Match ID, Acte n°1014, Source INSEE : fichier 1977, ligne n°185068. — Notes de Renaud Poulain-Argiolas.