CHALOIN Albert, Frédéric

Par Roger Pierre

Né le 8 avril 1879 à Saint-Laurent-en-Royans (Drôme), mort le 16 février 1954 à Saint-Jean-en-Royans (Drôme) ; tourneur sur bois, ouvrier, puis patron ; maire socialiste de Saint-Jean-en-Royans, vice-président du conseil général de la Drôme.

Albert Chaloin fit son apprentissage de tourneur sur bois dans le village de Saint-Laurent-en-Royans ; il aurait adhéré au Parti ouvrier dès 1897 (?), peut-être dans le bourg de Saint-Jean-en-Royans où, en 1899, une vingtaine d’ouvriers tourneurs se cotisèrent pour financer la venue d’Alexandre Zévaès* puis de Lucien Roland*, et où se maintint avec quelques éclipses un groupe socialiste commun aux deux localités : Albert Chalouin en fut le trésorier de 1908 à 1914 et il le représenta au congrès fédéral de 1909.
Sur des listes socialistes, il fut candidat, mais non élu, aux élections municipales à Saint-Laurent, en 1908 et en 1912. Bien que devenu patron d’un petit atelier de tournerie, il était en 1913 le secrétaire du syndicat des tourneurs et scieurs du Royans, qui comptait 150 adhérents. Chaloin avait quitté l’école après de simples études primaires, mais il avait beaucoup lu ; il collabora en 1914 à La Drôme Socialiste. Dans ses articles, il demandait plus d’action, plus d’assiduité aux réunions.
Établi à Saint-Jean-en-Royans, et se qualifiant d’industriel, il fut en 1919 élu au conseil municipal, puis devint premier adjoint ; après la scission de Tours, il suivit la majorité, sans conviction, comme son maître Jules Nadi* ; il fut en 1922 élu comme « socialiste SFIC » au conseil d’arrondissement pour le canton de Saint-Jean, par 633 voix contre 491 au conseiller sortant. Mais en 1923, il revint à « la vieille maison », prit en 1925 la tête d’une liste d’union républicaine et socialiste et fut élu maire. Deux mois plus tard, il devint conseiller général du canton (631 voix sur 1 120 suffrages exprimés) et fut réélu jusqu’à la guerre à l’exception d’une année où il fut battu comme conseiller général par le très populaire docteur Guillat.
On considérait Albert Chaloin comme « très tolérant » ; président de la section locale de la Ligue des droits de l’Homme, maire du chef-lieu de canton, vice-président du conseil général, il jouissait en 1939, dans ce petit bastion socialiste du Royans, d’une position électorale très forte. Ses réalisations étaient nombreuses : développement de l’hospice des vieillards, capatage de la source des Berneries, aide à « L ’œuvre des enfants à la montagne et à la mer », création d’un cours supérieur d’agriculture et d’un cours complémentaire.
Vichy révoqua Chaloin de ses fonctions de maire en mai 1943 ; il se réfugia dans le Vercors en juin 1944 et eut sa maison détruite par la milice, mais, âgé, atteint de cataracte, il ne participa pas directement à la Résistance. Cependant, à la Libération, il voulut reprendre ses fonctions électives. À la Libération, le Parti socialiste, qui avait fait nommer Benjamin Malossane comme maire provisoire, lui fit grief de sa révocation tardive, lui refusa sa carte et le fit battre aux élections municipales de 1945 par la liste socialiste de l’instituteur résistant Benjamin Malossanne* : ce dernier lui succéda à la mairie et au conseil général. Le 22 septembre 1975, la municipalité Guillet (socialiste) donna dans une même délibération les noms d’Albert Chaloin et de Benjamin Malossane à deux avenues de Saint-Jean-en Royan.
Albert Chaloin était marié et père de cinq enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19293, notice CHALOIN Albert, Frédéric par Roger Pierre, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 25 octobre 2008.

Par Roger Pierre

SOURCES : Arch. Dép. Drôme, 13 M 290, 3 M. — Le Prolétaire, La Drôme Socialiste, La Volonté Socialiste (portrait, 10 octobre 1931), etc. — Vingt ans d’administration municipale, 6 octobre 1944-14 mars 1965, Conseil municipal de Saint-Jean en Royans. — Renseignements recueillis à Saint-Jean par M. Reynaud. — Renseignements fournis par les filles et le petit-fils de l’intéressé.

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