BOUYRIE René

Par Isabelle Antonutti

Né le 21 mars 1935 à Paris (XVe arr.), mort le 26 octobre 2008 à Créteil (Val-de-Marne) ; ouvrier clicheur puis photograveur ; responsable syndical actif ; membre du Parti communiste français

Sa mère, Camille Millet, était femme de chambre, son père, Jean, chauffeur de maître. Après une jeunesse consacrée au sport (Champion de Paris de course à pieds), il intégra l’Ecole Estienne en 1951, non sans avoir obtenu son certificat d’études, il sortit major de sa promotion en 1954. Embauché chez Mincel et Cie à la sortie de l’école, il dut partir effectuer son service militaire pendant 4 ans, à partir de la fin 1954. En 1958, il entra chez Larousse et adhéra à la CGT. De 1959 à 1968, il travailla à l’Imprimerie industrielle (Issy-les-Moulineaux) où étaient imprimés l’Express, France Dimanche, etc. Il devint secrétaire adjoint du GIA (Groupe inter ateliers). Il milita activement contre la guerre du Vietnam et adhéra au Parti communiste français en 1967. Sa femme, Louise, accoucha de son deuxième enfant, Laurent, aujourd’hui secrétaire de la catégorie photogravure avec Jean-François Ropert et membre du bureau syndical du SGLCE (Syndicat général du livre et de la communication écrite). En 1969, il fut placé au Parisien Libéré, rue des Petites écuries, qu’il quitta pour France Soir, en1972, journal où il milita avec Christian Guillaumie (futur secrétaire de la catégorie photograveurs) jusqu’en 1977. Entre temps, il fut « détaché » pour occuper le poste de secrétaire de la catégorie « clicheurs » avec René Lepeu. Il fut chargé d’agir pour obtenir l’équilibre des salaires des clicheurs d’une entreprise à l’autre. Son acharnement et son intransigeance pour mener à bien sa tâche lui valurent le surnom de « Fouquier-Tinville ». Pendant le conflit du Parisien Libéré (1975-1977), il fut chargé par le CILP (Comité Intersyndical du livre Parisien) des relations avec les avocats pour défendre les salariés en lutte. Sur les 1300 procédures judiciaires instruites, toutes furent amnistiées. A la fin du conflit, il travailla avec ses camarades du secrétariat à la création de l’AFPPI (Association pour la formation permanente des personnels d’imprimerie) dans l’objectif de former les clicheurs au métier de photograveur mais aussi de rajeunir la profession avec la création de stages pour les jeunes. En 1980, remplacé par Guy Theil, il rejoignit la Fédération (FFTL) et avec un autre camarade de sa section, Hervé Ropert, il œuvra à l’unification avec la fédération du Papier, objectif atteint en 1986 au Congrès de Bombannes avec la création de la FILPAC. En 1983, il consacra son mandat fédéral en grande partie au conflit des Dépêches de Dijon où il travailla en étroite collaboration avec Maurice Lourdez. Après la décision de la direction de délocaliser ce journal et de le coupler avec Le Progrès de Lyon, en accord avec la fédération, il soutint les salariés en lutte et se lia d’amitié avec Raymond Vasselon, membre du Parti communiste français, comme lui, et déterminé à résister. Après plusieurs mois de lutte, ils créèrent une SCOP, la Bourgogne républicaine. Pendant deux ans, elle réunit sur son journal plus de 7 000 abonnés et imprima de nombreuses publications. La preuve de la viabilité de l’entreprise avait été apportée, mais la défaite fut « politique » tant les relations entre le gouvernement et le groupe Hersant furent déterminantes pour « couler l’entreprise ». En 1985, il fit partie de la délégation de la fédération qui se rendit au Vietnam pour inaugurer l‘imprimerie créée intégralement grâce à la solidarité. Il revint enchanté par son voyage et la rencontre avec ce peuple qu’il avait tant défendu sans l’avoir jamais rencontré. En 1987, des militants de Kimberley Clark (Papier) furent injustement condamnés à des amendes extravagantes. La fédération, représentée par René, décida d’investir le Tribunal du Mans pour protester, la police fit alors preuve d’une violence inouïe et lui écrasa la rotule à coups de pieds, il en garda des séquelles jusqu’à la fin de sa vie. Le lendemain, la presse ne parut pas et une grande manifestation fut organisée à Paris avec Henri Krasucki, secrétaire général de la CGT, en tête de cortège. Il participa activement à la création du Comité de groupe SOCPRESSE (Groupe Hersant) et en signa l’accord de constitution en 1990. Il prit sa retraite en 1991, ce qui lui permit de se rendre plus souvent dans sa maison de Villers-Robert (Jura) mais reprit un mandat syndical à LSR (loisirs solidarité retraités), association affiliée à la CGT, et devint responsable de son journal Présence. Jusqu’à son décès d’un cancer le 26 octobre 2008, il afficha ses désaccords avec les orientations prises par la FILPAC, notamment après le départ de son ami Dominique Céran, secrétaire fédéral qui lui succéda tout en manifestant son attachement à la CGT. René Bouyrie a été inhumé dans le cimetière de Villers-Robert (Jura).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article193026, notice BOUYRIE René par Isabelle Antonutti, version mise en ligne le 8 juin 2017, dernière modification le 12 juin 2017.

Par Isabelle Antonutti

SOURCES : Renseignements fourni par l’Institut CGT Histoire Sociale du Livre Parisien .— Notes de son fils Laurent Bouyrie 12 juin 2017.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable