CHAMBELLAND Maurice, Louis, Nicolas

Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Julien Chuzeville

Né le 18 septembre 1901 à Belfort (Territoire de Belfort), mort le 26 mai 1966 à Paris ; comptable, correcteur ; militant syndicaliste révolutionnaire ; animateur de la Révolution prolétarienne et de la Ligue syndicaliste ; créateur du Cercle Zimmerwald.

Photographie de Maurice Chambelland à la tribune du congrès de la CGT unifiée, 1938 (La Révolution prolétarienne, juin 1966).

Né à Belfort d’un père d’origine franc comtoise, agent des contributions indirectes, Maurice, Francisse Chambelland, et d’une mère alsacienne, Marie Schmitt, Maurice Chambelland fut élevé à Lyon, Mâcon et Chalon-sur-Saône selon les affectations de son père. Il eut une sœur Hélène née le 20 janvier 1914 qui épousa Raymond Croze né en 1908, fils de professeurs d’École normale abonnés de la RP ; polytechnicien, R. Croze devint directeur des Télécommunications.

Maurice Chambelland passa son certificat d’études le 31 juillet 1914. La guerre ne lui permit pas de continuer ses études et il entra comme employé à la Recette des finances de Chalon-sur-Saône le 28 janvier 1915. En juillet 1918, il passa un concours pour entrer dans l’administration des contributions. Reçu, il fut nommé à Épinal (Vosges).
Il prit aussitôt contact avec des militants de l’Union des syndicats des Vosges et d’anciens abonnés de la Vie Ouvrière dont le coiffeur anarchiste Victor Loquier, l’instituteur Paul George (qui signait Georges Airelle dans la VO) et Lucien Cousin. Il était donc déjà acquis aux idées syndicalistes, hostile à la guerre et à l’Union sacrée, attiré par la Révolution russe. Sous quelles influences ? Un instituteur qui le poussait à lire, la fréquentation de militants à Chalon dont la sœur de Marie Guillot. Il était déjà un grand liseur, fréquentait les bouquinistes de Chalon et, malgré de faibles ressources, achetait beaucoup de livres (de Voltaire aux brochures anarchistes) et des journaux de toutes tendances, l’Humanité comme l’Action Française. Déjà préoccupé du passé du mouvement ouvrier, il se documentait sur la Commune, les mouvements syndicaliste et anarchiste. Ses premiers actes de militant dans les Vosges furent décisifs. Il se syndiqua tout de suite et adhéra au PC dès la scission de Tours.
À sa création, le 23 janvier 1921, il fut membre du comité de la fédération communiste des Vosges et de la commission de l’hebdomadaire communiste vosgien l’Étincelle où il écrivait de nombreux articles, ainsi que dans le journal de l’UD, le Réveil ouvrier dont il était rédacteur en chef adjoint et où il publiait un « billet d’Épinal ». Il participa également à de nombreuses réunions surtout à l’occasion de grèves. Son premier article dans la Vie ouvrière parut en 1920 et, à cette date, il correspondait déjà avec Monatte. Ses choix étaient donc clairs.

Le 20 mai 1921, il fut obligé de donner sa démission de vérificateur des contributions indirectes à la suite d’un avis de son directeur au préfet dénonçant sa collaboration à la presse d’avant-garde et sa participation aux grèves du textile vosgien. Le congrès de l’UD-CGT tenu à Gérardmer le 16 mai 1921 l’avait élu trésorier de l’UD des Vosges. Partisan de la tendance Vie ouvrière, il avait de nombreux contacts par lettre avec Monatte et envoyait des articles à la VO.
Alors âgé de 19 ans, Maurice Chambelland écrivit ses premières correspondances dans L’Humanité à propos des grèves dans les Vosges. S’exprimant lors de réunions publiques, il fut brièvement arrêté en septembre 1921 et « bousculé, frappé » par les policiers (article de Guy Tourette, L’Humanité, 15 septembre 1921).

Fin 1921, Pierre Monatte, qui souhaitait se retirer de la VO, le fit venir à Paris pour lui confier le secrétariat de rédaction qu’il prit en janvier 1922. Auparavant, il avait présenté la situation financière de l’UD des Vosges lors de la réunion du comité de l’UD à Épinal le 27 novembre 1921. En décembre 1921, il cosigna avec Lucien Cousin un texte opposé à la scission de la CGT (paru dans L’Humanité, 17 décembre 1921). Bien que passé à la CGTU en janvier 1922, Chambelland tint encore à venir défendre sa gestion financière devant le congrès de l’UD-CGT réuni à Saint-Dié les 16-17 avril 1922.

En juin 1922, il fut envoyé à Berlin comme observateur à la Conférence internationale syndicaliste révolutionnaire. À son retour, il participa au Ier congrès de la CGTU à Saint-Étienne (25 juin-1er juillet), délégué par différents syndicats (agriculture, alimentation, cheminots, bâtiment, textile, enseignement). Il y fit sa première intervention à un congrès national sur la Conférence de Berlin et participa aux réunions du groupe communiste. Chaque jour, il écrivait à Monatte pour le tenir au courant.
Dans la VO du 20 octobre 1922, il publiait un article intitulé « Trahison et rupture », dans lequel il condamnait le centre qui venait de triompher au IIe congrès du PC (Paris, 15-20 octobre). Cela lui valut d’être licencié de la VO par Monmousseau* et Semard* pour avoir publié un article traitant des affaires intérieures du PC.
Il écrivit alors dans le Bulletin communiste. Le 9 novembre 1922 y parut une déclaration signée P. Monatte, M. Chambelland, F. Charbit, L. Clavel, Y. Orlianges qui précisait : les uns membres du PC, les autres non, mais « tous nous sommes des syndicalistes révolutionnaires c’est-à-dire que nous attribuons au syndicat un rôle essentiel dans la lutte révolutionnaire pour l’émancipation du prolétaire et que nous donnons au Parti un rôle auxiliaire et non directeur ». La déclaration se prononçait contre le centre « fraction masquée et fardée de la droite... ». M. Chambelland participa avec les signataires de la déclaration à la création des Cahiers Communistes qui eurent sept numéros.

Il entra alors comme rédacteur à La Vie sociale avec Monatte, puis devint secrétaire de rédaction à l’Humanité. Outre ses tâches de secrétaire de rédaction, il suivait étroitement la vie sociale, écrivant de nombreux articles et participant à de multiples réunions. C’est pour l’Humanité qu’il suivit le congrès de Bourges, deuxième de la CGTU, 12-17 novembre 1923. Il participa au bulletin de l’Internationale syndicale rouge.
C’est à cette époque que se forgèrent les amitiés décisives qui resteront celles de toute sa vie avec Pierre Monatte et Alfred Rosmer et les idées auxquelles il restera fidèle : un syndicalisme révolutionnaire rénové par le souffle de la Révolution russe, un Parti communiste indépendant et libre mais ne jouant pas un rôle directif pour les organismes syndicaux.

Profondément choqué par les méthodes des « bolchevisateurs », il démissionna de son poste de l’Humanité le 23 avril 1924 en envoyant une lettre collective de démission avec Rosmer, Charbit et Godonnèche. Malgré des propositions de la grande presse où ses talents de journaliste avaient été reconnus, il prit une place de comptable, travail qu’il exercera jusqu’à son entrée dans la profession de correcteur d’imprimerie le 20 mars 1932 qui devait lui laisser plus de temps pour militer.

Très critique de la bolchevisation du PC, et de la servilité des nouveaux dirigeants du PC vis-à-vis des directives de Moscou, il écrivait à Monatte le 30 mai 1924 :
« Les domestiques approuveront les maîtres. Quand on leur demandera de voter ton exclusion - et on arrivera bien à le leur demander - ils la voteront. »
En août 1924, il protesta lors d’une assemblée du PC contre l’exclusion de Souvarine. Le 24 septembre 1924, il démissionna du PC par la lettre suivante :
« Il faut plier ou partir dit l’extraordinaire résolution des secrétaires fédéraux parue dans l’Humanité de ce matin. Comme je n’ai pas l’intention de plier, je pars. Recevez, en conséquence, ma démission de membre de votre prétendu Parti communiste. »
Il fut exclu le même jour par le Bureau politique. Monatte, Rosmer et Delagarde envoyaient peu après leur lettre au comité directeur et étaient exclus à leur tour.

Ce premier « noyau » de militants souhaitait ne pas rester inactif. Il n’était plus possible de militer dans le PC, pour ces militants, syndicalistes-révolutionnaires avant tout ; il fallait donc continuer à militer dans les organisations syndicales mais aussi trouver une tribune. C’est ainsi que fut décidée la création d’une revue : La Révolution prolétarienne dont le premier numéro parut en janvier 1925 avec le sous-titre « revue mensuelle syndicaliste communiste ». Maurice Chambelland joua un rôle essentiel dans cette décision. Ce fut une création véritablement collective due à un premier noyau. Il fut de ce premier noyau et participa étroitement à toute la vie de la revue. On peut même dire qu’il en fut la cheville ouvrière presque sans interruption (il fut le gérant de mars 1929 à 1939) et, après César Hattenberger, il en assura les lourdes tâches de l’administration. Ce fut souvent lui qui prit en charge la confection de chaque numéro ; tâches bénévoles comme il était de règle dans la revue.

Sa grande préoccupation fut de faire revivre les idées syndicalistes révolutionnaires aussi bien à la CGT qu’à la CGTU. À cet effet, il lança, en octobre 1925, l’idée d’une Ligue syndicaliste « pour qu’un tas de camarades n’abandonnent pas toute lutte », dans l’esprit d’une Charte d’Amiens rénovée. C’est à cette tâche qu’il consacra toutes ses forces en militant à la CGTU et en y organisant la première minorité. À ses débuts, la Ligue eut pour secrétaire M. Chambelland, pour secrétaires adjoints Jehanne Stanko et R. Menard, pour trésorier Tauzin. La Ligue syndicaliste militait pour l’unification syndicale sur la base de l’indépendance et de « l’esprit de classe », tout en défendant le principe du front unique afin de « réaliser dès maintenant le maximum d’action commune contre le patronat et contre l’État ».

Au IVe congrès de la CGTU, Bordeaux, 19-24 septembre 1927, il représenta des syndicats du Bois et des employés. Il intervint, le premier, au nom de la minorité, contre le rapport moral présenté par Monmousseau. Il expliqua clairement sa position : ne pas déserter l’organisation syndicale unitaire (il critiqua d’ailleurs la CGT qui ignorait l’intérêt ouvrier), y lutter pour la renforcer, y retrouver l’indépendance la plus complète à l’égard de tous les partis afin que l’action ne soit guidée que par les intérêts propres du mouvement ouvrier. Il concluait ainsi : « nous devons nous prononcer contre le rapport moral parce que nous estimons que le syndicalisme ne s’est pas encore guéri de la crise de la guerre et que si, du côté de la rue Lafayette, on assista à un néomillerandisme, du côté de la CGTU on voit se produire un néo-guesdisme, à peine déguisé, néfaste, comme l’autre tendance, à l’intérêt manifeste de la classe ouvrière. Si nous votons contre le rapport moral, c’est donc parce que nous voulons que le congrès de Bordeaux soit le premier pas vers un nouveau congrès d’Amiens. »
Organiser la minorité de la CGTU lui paraissait primordial et il le fit par ses articles, par ses interventions. Au Ve congrès de la CGTU, Paris, 15-21 septembre 1929, il apparut comme un des principaux leaders de cette minorité numéro 1 dite de la Ligue syndicaliste. Il y prononça un discours de deux heures, discutant point par point le rapport confédéral, avant d’analyser la situation économique en affirmant ne pas croire que le capitalisme s’effondrerait dans la crise ni qu’une radicalisation des masses aboutirait dans les prochaines années à la révolution. Mais il affirmait surtout vouloir que la CGTU reprenne sa physionomie syndicaliste et échappe à la tutelle du Parti communiste.

Parallèlement, il souhaitait une union des minorités où tous les courants soient représentés dans un accord pour la reconquête de l’indépendance syndicale, la redéfinition d’une action qui ne tienne compte que des intérêts de la classe ouvrière et la reconstitution de l’unité syndicale. Il pensait qu’il était nécessaire d’avoir un organe de liaison et, avec un groupe de minoritaires, il lança le 4 décembre 1929 un hebdomadaire Le Cri du peuple dont il assura la rédaction et l’administration avec Daniel Guérin. Le premier numéro affirmait « deux CGT c’est déjà une de trop. Loin de vouloir une troisième CGT, nous voulons travailler à la reconstitution de l’unité syndicale et, avant tout, préserver l’unité de la CGTU. »
Cet hebdomadaire absorba pendant deux ans tous ses efforts.

À la fin de 1930 il pensa avec d’autres militants, comme Piquemal et Laplagne, qu’on pouvait aller plus loin. Il prit de nombreux contacts (dont une visite à Georges Dumoulin à Douai) et, le 9 novembre 1930, le « Comité des 22 » était constitué, composé de confédérés, d’unitaires et d’autonomes dont le Cri du Peuple devint l’organe, 4 décembre 1929-6 février 1932 (103 numéros, dont le dernier ne compte que 2 pages et fait suite à l’assemblée des souscripteurs du 24 janvier 1932 annonçant la disparition du journal et du comité). Le Comité des 22 était ainsi composé (cf. lettre de Laplagne au directeur du BIT, Arch. du BIT) :
- Confédérés : Marthe Pichorel, L. Digat, J. Tœsca, Pierre Monatte, Georges Dumoulin, Clément Delsol, Roger Hagnauer ;
- Autonomes : Roger Francq, M. Piquemal, R. Laplagne, Jean Métayer, Paul Martzloff, R. Mathonnet, G. Guilbot ;
- Unitaires : A. Rambaud, Victor Engler, Lucie Colliard, Henri Boville, René Deveaux, Paul Cadeau, Baptiste Bour, M. Chambelland.
Ils en appelaient à « la reconstitution de l’unité syndicale [...] sur les bases de la Charte d’Amiens. La réalisation de cette idée ne se conçoit [...] que dans la pratique de la lutte de classes et dans l’indépendance du mouvement syndical, en dehors de toute ingérence des partis politiques, toutes fractions et toutes sectes, ainsi que du gouvernement. » Cette initiative suscita de nombreuses adhésions.

Au XXIe congrès de la CGT, 15-18 septembre 1931, les confédérés, membres du Comité, en défendirent les positions. En novembre 1931, au VIe congrès CGTU tenu à Magic City, M. Chambelland en fut le porte-parole alors que les minoritaires étaient sous la menace d’exclusion, en butte aux attaques les plus violentes. Mais des divergences naquirent au sein de la minorité ; le Cri du peuple connut une grave crise financière et il fallut en suspendre la parution.
Maurice Chambelland travailla alors comme correcteur de presse, et rentra à la CGT sur la base de la motion de Japy (le syndicat des correcteurs était d’ailleurs toujours resté à la Fédération du Livre affiliée à la CGT). C’est au sein du syndicat des correcteurs que M. Chambelland allait militer et il en devint secrétaire adjoint en 1936, puis secrétaire de 1937 à 1939. D’après un rapport de police du 31 octobre 1938, il travaillait alors comme correcteur au journal Le Temps.

Il s’occupa régulièrement de la Révolution prolétarienne et fut de toutes les luttes contre le réformisme, contre le stalinisme de même que contre le colonialisme français. Il prit grande part à la campagne pour faire rentrer d’URSS Nicolas Lazarévitch, et accueillit Yvon à son retour. Il participa aux actions contre la guerre et, en 1935, fut membre du Comité provisoire d’organisation de la conférence nationale contre la guerre qui devait se tenir à Saint-Denis les 10 et 11 août 1935. Mais il se retira de la conférence à la suite de désaccords avec George Valois.

M. Chambelland participa activement au Front populaire comme délégué de la CGT pour la banlieue parisienne autour du Pré-Saint-Gervais où il habitait. Au congrès d’unité de Toulouse, 2-5 mars 1936, il fut délégué du Livre et il intervient pour rappeler que le Comité des 22, malgré son échec, avait aidé à préparer l’unité et demanda qu’on reste indépendant du pouvoir : « nous croyons que sous tous les gouvernements, avec toutes les formes de gouvernement possible, tant qu’il restera des ouvriers dont le travail servira à produire une plus-value qui s’en ira, ou bien dans les coffres du capitalisme, ou bien servira à faire vivre un État bureaucratique, il faudra des syndicats pour défendre les ouvriers qui produisent cette plus-value ». Il vota le Plan de la CGT à condition qu’on augmente le pouvoir et les responsabilités des délégués d’atelier. Il souhaita enfin revigorer l’action à la base.
Lors du congrès de fusion des syndicats de la région parisienne, 18-19 janvier 1936, il fut élu membre suppléant de la Commission exécutive (cf. Le Travailleur parisien, janvier-mars 1936).
M. Chambelland réorganisa l’administration et la trésorerie du syndicat des correcteurs en y introduisant des méthodes de gestion moderne et, en 1937, participa activement à la discussion de la convention collective de la presse.

Au XXVe congrès de la CGT tenu à Nantes en novembre 1938, il prit la parole au nom du Comité intersyndical du livre parisien. Son discours s’articula autour de trois points : lutte pour l’indépendance syndicale, lutte contre la guerre, lutte contre les décrets-lois Paul Reynaud, et c’est sur sa proposition que fut décidée la grève générale contre ces décrets-lois.
Il adhéra au Comité de vigilance des intellectuels anti-fascistes et apporta son concours aux comités de soutien des républicains espagnols. Dès le 10 août 1936, il critiquait dans La Révolution prolétarienne la politique « déplorable » de neutralité du gouvernement de Front populaire s’agissant de l’Espagne.

En 1939, à la déclaration de guerre, M. Chambelland quitta Paris pour la Saône-et-Loire, puis pour la Haute-Savoie où il ouvrit un cabinet de comptabilité. Il fut réformé temporaire, puis définitif (épuisé par la lutte militante de tous les instants, il avait été gravement malade en 1938). À l’automne 1940, il regagna Paris où il exerça la profession d’expert-comptable. Profondément hostile au régime hitlérien, il n’exerça cependant aucune action militante, redoutant le contact avec les communistes dans la Résistance et hostile à l’égard du nationalisme gaulliste. Toutefois il apporta de nombreuses aides individuelles à d’anciens militants. Désireux de maintenir un lien, au sein du noyau de la Révolution prolétarienne qui avait cessé sa parution en 1939, il tint dans son appartement une réunion mensuelle clandestine des amis de la RP.

En 1946, M. Chambelland s’occupa de la parution de la brochure de Pierre Monatte, Lettre d’un ancien à quelques jeunes syndiqués sans galons, et c’est sur son initiative que fut décidée la reparution en 1947 de la Révolution prolétarienne après la suppression de l’autorisation préalable ; il se chargea, avec sa femme, de l’administration de la revue. Le changement de sa vie professionnelle (il n’était plus salarié) l’éloigna de toute action directe dans le mouvement syndical, mais il participa comme observateur aux congrès de Force ouvrière dont il publia des comptes rendus dans la RP.
En 1951, en désaccord avec les positions pro-américaines de Robert Louzon, il se retira de la Révolution prolétarienne. Il resta fidèle aux options essentielles choisies avant la guerre et, à la fin de l’année 1951, il suscita la création du Cercle Zimmerwald dont il organisa les conférences et publia le premier - et unique - bulletin (juillet-septembre 1956, 64 pages). Il participa à l’animation de ce Cercle, qui en appelait à l’internationalisme et à la lutte de classe, aux côtés notamment de Monatte, Rosmer, Jean-Daniel Martinet, Marceau Pivert, etc. Chambelland appartint également au Cercle Pelloutier.

M. Chambelland eut des contacts suivis avec les syndicalistes nord-africains dont Messali Hadj et il fréquenta assidûment les amis de toujours, surtout Monatte et Rosmer (il s’occupa activement de la publication du tome II de l’Histoire du mouvement ouvrier pendant la guerre dont il assura la diffusion). Enfin, il apporta à Monatte un soutien de tous les instants et, à la mort de ce militant, c’est lui qui conçut le numéro spécial de la RP (nouvelle série n° 151, juillet-août 1960).
Il créa en 1953 la Solidarité syndicaliste pour venir en aide à d’anciens militants et prit entièrement en charge ce nouveau groupement.

Maurice Chambelland fut incinéré au cimetière du Père-Lachaise le 28 mai 1966.
Il s’était marié le 8 août 1923 à Athis-Mons (Seine-et-Oise, aujourd’hui Essonne) avec Louise Mussier. Ils eurent une fille, Colette Chambelland (1930-2003), qui fut historienne du mouvement ouvrier.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19315, notice CHAMBELLAND Maurice, Louis, Nicolas par Jean Maitron, Claude Pennetier, Julien Chuzeville, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 7 octobre 2022.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Julien Chuzeville

Photographie de Maurice Chambelland à la tribune du congrès de la CGT unifiée, 1938 (La Révolution prolétarienne, juin 1966).

ŒUVRE : Collaboration aux journaux et revues cités. — Vers un nouveau congrès d’Amiens, 1929, 32 p. — Les Deux grandes duperies du statut moderne du travail, 1938, 16 p.

SOURCES : Arch. Dép. Vosges, 8 M 93 et 8 M 102. — Arch. PPo., 1W1723. — Journaux, revues et congrès cités. — La Révolution prolétarienne, n° 517, juin 1966, p. 1-7, et n° 518, juillet-août 1966, p. 24. — Colette Chambelland et Jean Maitron (dir.), Syndicalisme révolutionnaire et communisme, les archives de Pierre Monatte, 1914-1924, Maspero, 1968. — Julien Chuzeville, Un court moment révolutionnaire, la création du Parti communiste en France (1915-1924), Libertalia, 2017. — Témoignage de Colette et de Louise Chambelland. — État civil de Belfort. — Notes Julien Baudoin.

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