PÉCHINOT Eugène, Edmond, Marcel, Louis

Par Gérard Larue

Né le 29 juin 1906 à Auxerre (Yonne), mort le 29 novembre 1984 à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis) électricien ; militant communiste, interné politique au camp de Pithiviers (Loiret) ; résistant Front national, FFI.

Fils de Eugène Joseph et de Marie Marcoeur, il demeurait depuis 1939 avec son amie Yvonne Cousin née le 6 juin 1904 à Stains (Seine, Seine-Saint-Denis) et leurs quatre enfants, dans une maisonnette lui appartenant 1 rue Bégé à Stains, venant du 17 boulevard d’Aubervilliers, même localité.
Incorporé le 12 novembre 1926 au 130ème Régiment d’Artillerie lourde, Eugène Péchinot fut renvoyé dans ses foyers le 10 novembre 1927. En 1929 il était cultivateur à Grésigny (Côte-d’Or).
En 1935, il était adhèrent au Parti communiste à Stains cellule du centre, secrétaire de section de 1936 à juin 1937, secrétaire de la cellule Paul Vaillant-Couturier de 1937 à 1939.
En janvier 1939, il fut accusé sans preuve avec son camarade Robert Vignes, d’avoir « menacé de mort » Oscar Mériaux premier adjoint depuis 1935 sur la liste communiste de Jean Chardavoine et devenu doriotiste.
Mobilisé en 1939, il fut libéré le 10 mai 1940. Du 19 juin 1939 au 24 septembre 1942, il travailla en sa qualité de monteur-électricien à la maison Stenneler, Entreprise Générale d’Electricité, 1 rue de Paris à Pierrefitte (Seine, Seine-Saint-Denis). Il effectua pour le compte de cette entreprise des travaux aux Glacières et Entrepôts de Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis), à la Société Française Duco 43 rue de Romaincourt à Stains, et à l’Union des Services Publics à Paris (Seine) qui affirmeront « qu’il s’était montré un très bon ouvrier et avait donné satisfaction par sa conduite ».
En mars 1940, une enquête des Renseignements généraux notait à son sujet : « Militant très actif, il assistait aux réunions et manifestations locales organisées par l’ex-Parti-communiste […] Il vendait le journal l’Humanité le dimanche à Stains ».
Le 27 août 1940, il fut contacté par Marcel Aubard et participa dès lors à la distribution clandestine des tracts communistes. Eugène Péchinot fut arrêté une première fois le 11 mars 1941 pour propagande communiste clandestine (collectage de fonds en faveur des emprisonnés politiques et détention de tracts en vue de la distribution) puis envoyé au dépôt pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939. La visite domiciliaire effectuée dans son logement avait permis à la police de saisir un révolver 6,35 à barillet, ainsi que des tracts et des papillons. Il fut inculpé de détention d’arme à feu (ordonnance allemande du 20 juin 1940) et mis à la disposition des troupes d’occupation à la prison de la Santé, puis à Fresnes (Seine, Val-de-Marne).
Le 16 mars 1941, il écrivit une lettre émouvante à sa compagne, depuis sa cellule n° 698, division 11, dans laquelle il évoquait ses conditions de détention à la Santé, lui demandait des nouvelles de leurs quatre enfants, lui donnait des conseils pour entretenir le jardin, s’inquiétait de savoir si elle avait reçu le chômage, et n’oubliait pas de passer le bonjour à la mère de Robert Vignes également emprisonné.
Relaxé le 11 mai 1941, libéré le 19, il fut à nouveau arrêté le 24 septembre 1942 dans le cadre d’une opération sur l’ensemble de la région parisienne, 1621 militantes et militants communistes furent arrêtés en raison de leurs activités communistes passées. Il en fut de même que ses camarades de Parti, Bayer Jean, Bussière Louis, Giraud Maurice, Principe Enrico, Jumel Roger, qu’il cite dans ses lettres à son épouse] puis transféré au camp de rétention administrative de Pithiviers (Loiret) en application du décret du 18 novembre 1939.
Père de quatre enfants, le dernier n’avait que six mois, il demanda rapidement sa libération en s’appuyant sur des témoignages de Monsieur Marchand, Conseiller municipal de la ville de Stains, et de ses anciens employeurs, notamment Paul Stenneler qui intervint en sa faveur dès le 25 novembre 1942, puis en décembre et en février 1943, auprès du Préfet de Police sans résultat.
Le 28 juillet 1943 une deuxième demande de libération fut déposée par sa compagne, mais la réponse fut encore négative, « aucune mesure de bienveillance ne pouvant être envisagée […] dans les circonstances actuelles ».
Une dernière lettre de sa compagne au Préfet de Police en date du 28 décembre 1943 demandait sa libération. Elle sut mettre en relief sa difficulté extrême à faire vivre seule ses quatre jeunes enfants, insista sur le fait que le traitement pour l’estomac suivi par son mari avait nécessité son envoi à l’hôpital d’Orléans, que monsieur Stenneler attendait son retour pour le reprendre, enfin qu’il était venu deux fois en permission et qu’il était retourné chaque fois au camp.
Le 13 mars 1944, Eugène Péchinot fut enfin libéré du camp de Pithiviers non sans avoir dû auparavant « s’engager à respecter l’ordre et la personne du Maréchal ». L’effet fut immédiat, dès le 27 mars 1944, contacté par Georges Bocquillon, il s’engagea au Front national, dans les FFI groupe franc N°1 avec six de ses camarades et participa à la libération de Stains en août 1944 comme chef de groupe.
Dans son dossier militaire, Eugène Péchinot déclara en 1948 « avoir connu dans la résistance ses camarades Robert Vignes, Pierre Pierron, André Guillotte et André Guilloux ». Dans la biographie qu’il envoya au Parti en 1950, il désignait Louis Bordes comme étant son responsable en 1940 dans la résistance.
Ses services dans la résistance furent homologués au titre de la Résistance intérieure française (RIF).
Dans un document écrit de sa main, intitulé GR-20 sergent Péchinot Eugène 1 rue Bégé, on peut y lire une liste de militants stanois de sa connaissance : « Vallet Françoise, Auclair Pierre, Ronchetti Charles et Édouard, Boisnier Eugène, Jehan François, Emery Henri, Borne Robert, Fournier Léopold, Doriant Charles, Minier Lucien, Péchinot Yvonne ».
Eugène Péchinot mourut le 29 novembre 1984 à Saint-Denis.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article193302, notice PÉCHINOT Eugène, Edmond, Marcel, Louis par Gérard Larue, version mise en ligne le 17 juin 2017, dernière modification le 17 juin 2017.

Par Gérard Larue

SOURCES : Arch. PPo. 1 W 1066, mains-courantes commissariat de Saint-Denis CB 91.46, BA 1836. – SHD Vincennes 16 P 462516 – Photocopies de documents familiaux aimablement transmis le 28 novembre 2016 par sa petite-fille, madame Caroline Péchinot-Arzul, échanges téléphoniques avec son fils Armand Péchinot.

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