CHAMPEAUX René [Dictionnaire Algérie]

Par Jacques Girault

Né dans l’Yonne, mort vers 1966 à Neuilly (Hauts-de-Seine) ; instituteur ; secrétaire de la section du Syndicat national des instituteurs dans le département de Constantine (1945-1948) en Algérie.

Marié à une institutrice, René Champeaux (parfois orthographié Champeau) commença à enseigner en Algérie en 1931. Le couple avait un garçon. Lors de la réunion du conseil national du SNI, les 18 et 19 juillet 1945, il intervint dans la discussion de la question laïque, évoquant la situation dans le département de Constantine où l’école laïque subissait la concurrence des écoles coraniques et de celles des Pères blancs. Lors du congrès de Grenoble du SNI, le 24 juillet 1946, il critiquait le bureau national qui méconnaissait l’Algérie et la situation scolaire qui y régnait. Régulièrement, il signalait des aspects de cette situation et souvent plus largement de l’école et des instituteurs dans l’Union française, ainsi devant le congrès du SNI, le 19 juillet 1947. Le lendemain, il réintervenait sur « la mission de la France » en situation coloniale et le rôle particulier du syndicalisme, « il faut éclairer la masse, l’amener à penser ces problèmes ». Il fut même annoncé comme « candidat individuel » lors de l’élection du bureau national à la proportionnelle (L’École libératrice, 27 novembre 1947), candidature qui sembla avoir été retirée par la suite.
Dans le débat qui traversa le SNI au début de 1948, Champeaux se prononça pour le maintien dans la CGT. Par la suite, il adopta une attitude visant à permettre un retour dans l’unité. Par exemple, lors du congrès du SNI des 22-24 mars 1948, assesseur de la première séance, intervenant sur les questions corporatives, il souhaita qu’un permanent soit chargé de l’Outre mer. Le 23, un débat d’orientation s’engagea et les dirigeants des tendances intervinrent, ce qui empêcha, selon lui, l’établissement d’une motion de synthèse, car précisait-il, « le devoir actuel des sections est de préparer à nouveau l’unité ».
Une divergence apparut dans le courant de 1948. Deux instituteurs avaient jeté des tracts dans la voiture du gouverneur général. Albert Augarde, nouveau secrétaire de la section syndicale, refusa de les défendre à la différence de Champeaux qui les approuva. Finalement, Henri Boissonnet intervint pour étouffer l’affaire. En 1950, une autre affaire l’amena à prendre une position d’avant-garde. Il avait proclamé sa solidarité avec des condamnés par les tribunaux à Bougie. L’École libératrice, le 20 avril 1950, annonça qu’il était poursuivi, et le 8 juin 1950, qu’il avait été condamné par le tribunal correctionnel de Constantine pour « outrages à magistrats » à un mois de prison avec sursis et 100 000 francs d’amende. Le SNI lui apporta son soutien. La cour d’appel d’Alger modifia le jugement le 10 novembre 1950 et ramena l’amende à 2 000 francs.
En 1952, Champeaux fut nommé directeur de l’école d’application de Bouzaréah Centre. Il abandonna l’activité militante tout en restant membre du SNI pour se consacrer à la pédagogie. Retraité avant 1962, il se mit à la disposition d’une association s’occupant de l’alphabétisation des « Yaouleds », jeunes cireurs de chaussures. Il rentra en France peu après l’indépendance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19338, notice CHAMPEAUX René [Dictionnaire Algérie] par Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 30 mars 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Presse syndicale. — Renseignements fournis par L. Rigaud.

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