DUROCHER Roger, Jules

Par Frédéric Stévenot

Né le 24 mai 1921 à Harnes (Pas-de-Calais) (Pas-de-Calais), fusillé le 14 juin 1944 à à Guise (Aisne) ; résistant FFI ; sergent FTPF, 2e compagnie.

Fils de Jules Ernest Francis Durocher et de Domitilde Delattre, Roger Durocher était domicilié à Harnes en 1944. Il était marié à Yvonne Pauline Marie Bigotte. Il fut l’une des vingt-sept victimes abattues au cours de la journée du 14 juin 1944, dans la région de Guise.

Ce jour-là, à sept heures et demie, Roger Durocher prit le train à la gare de Vadencourt malgré une blessure au bras : un affrontement violent venait d’opposer des FTPF du Pas-de-Calais aux Allemands, auquel il avait pris part. Débarqué à la gare de Guise, Roger Durocher fut capturé par le chef allemand du magasin de fourrage, qui se trouvait dans le jardin de son bureau au moment où les voyageurs, descendus du train, gagnaient la rue André-Godin :

Hélène Miternique, aide-infirmière à l’hôpital de Guise, a laissé un témoignage le 17 octobre 1944

« Le 14 juin 1944 vers 10 heures 30, un Allemand a conduit à l’hôpital de Guise un jeune homme blessé au bras. La blessure était grave. Il a été pansé après avoir été anesthésié. Entre une heure et deux heures de l’après-midi, je l’ai interrogé. Il m’a dit se nommer Durocher Roger, faire partie de la résistance et avoir été blessé dans un combat. Je lui ai demandé les circonstances de son arrestation. Il m’a dit ceci : « J’ai pris le train dans un pays voisin où nous nous étions battus. Une jeune fille (Monique Dubois) m’a accompagné et se tenait à mon côté de façon qu’on ne puisse remarquer aisément ma blessure. Après la descente du train à Guise, j’ai remarqué un homme qui me dévisageait. J’ai continué ma route tranquillement et cet homme m’a rattrapé, m’a poliment demandé du feu. Je lui ai répondu qu’il m’était impossible de le satisfaire en raison de ma blessure. Ce civil m’a remis lui-même entre les mains d’un Allemand. Celui-là même qui m’a conduit ici. La jeune fille m’a quitté précipitamment avant mon arrestation. […] Durocher a été interrogé l’après-midi du 14 juin par des membres de la Gestapo. J’étais présente à l’interrogatoire. Il n’a, en ma présence, dévoilé quoi que ce soit à ces Allemands. Ils l’ont emmené ensuite pour le fusiller ».

Avant quatre heures de l’après-midi, Roger Durocher fut amené en camionnette au château du Faÿ, où il est interrogé debout, un bras levé. Finalement, il fut autorisé à s’asseoir sur un tas de cailloux, en plein soleil. Il y resta jusqu’après 6 heures, heure à laquelle il fut emmené auprès de quatre autres FTPF qui venaient de creuser une fosse.
Arrêtés par les Allemands, Zygfrid Dominiak, Robert Salé, Émile Dubois et Marcel Rousseau avaient été amenés par ceux-ci à la gendarmerie de Guise pour y être gardés à vue pendant une partie de la journée. Ils conduit dans la pâture du château de Faÿ en fin d’après-midi. C’est là qu’ils furent exécutés par les Allemands, vers 18 h. 30, en compagnie de Roger Durocher.

Lors de l’exhumation du 31 juillet 1944, les gendarmes de Guise le décrivent ainsi : « un corps aux cheveux châtains foncés (portant) un pantalon bleu avec des pièces kaki, un tricot vert, un tricot gris rayé, un veston foncé, des chaussettes en laine bleue, un cache col en laine bleue, des chaussures montantes en cuir noir à semelles cloutées et un pansement à l’avant-bras droit ». C’est ce dernier détail qui permit d’identifier Roger Durocher. En mentions marginales, il est écrit "Durocher" et renvoyé à un acte du 18 décembre 1947, contenant la transcription du jugement du tribunal d’instance de Vervins (Aisne), en date du 13 novembre 1947.

Enterré dans le cimetière de Guise, Roger Durocher fut exhumé le 29 septembre 1944 pour être transporté définitivement à Harnes ; sa femme vint le reconnaître. Il fut inhumé dans le cimetière de cette commune le 1er octobre 1944, après un service religieux.


Fusillé sommairement, Roger Durocher fut reconnu « Mort pour la France » des « suites de ses blessures » (AC 21 P 178192), en tant que FFI, le 20 avril 1950. Il fut homologué (GR 16 P 204974).

Son nom figure sur les stèles et plaques érigées à Vadencourt, et sur les monuments commémoratifs de Guise et d’Harnes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article193401, notice DUROCHER Roger, Jules par Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 21 juin 2017, dernière modification le 16 avril 2021.

Par Frédéric Stévenot

SOURCES. SHD, dossiers adm. résistants. — Sites Internet : Mémoire des hommes ; MémorialGenWeb ; site de Vadencourt. — Renseignements Jean-Marie Caudron.

ICONOGRAPHIE. Mémorial GenWeb

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