WILLIOT Raymond

Par Frédéric Stévenot

Né le 6 novembre 1920 à Quarouble (Nord), victime civile fusillée par les Allemands le 14 juin 1944 à Guise (Aisne) ; ouvrier agricole ; victime civile.

Fils de Ferdinand Joseph Williot et de Marie Célinie Marchand, Raymond Williot se maria à Jeanne Eugénie Lansiaux.

Domicilié à Longchamps, Raymond Williot fit partie du groupe fusillé par les Allemands vers 14 h 30 au château de Faÿ à Guise..

Le 5 août 1944, Jean-Baptiste Afchain décrivit ainsi aux gendarmes l’arrestation : « le 14 juin 1944, vers 8 heures, M. Boulet Raphaèle (sic) que je connais depuis son enfance, est arrivé chez moi. Cet homme était accompagné d’un camarade. Son camarade m’était inconnu. Quelques instants plus tard, alors que nous étions en train de discuter, 150 Allemands environ, faisant partie d’une formation de S.S., qui venaient de se battre avec un groupe de résistance, ont fait irruption dans ma ferme. Après avoir fait une perquisition à mon domicile, ils ont emmené tous les hommes présents et nous ont conduits au hameau de Bohéries. Là, nous avons été placés aux côtés d’autres personnes qui s’y trouvaient déjà. Après avoir vérifié nos identités, les Allemands nous ont priés de regagner nos domiciles respectifs, à l’exception de M. Boulet et de son camarade. A mon avis, je crois que ces hommes ont été retenus parce qu’ils n’étaient pas de la région ».

Lors de l’exhumation du 31 juillet 1944, Jean-Baptiste Afchain pu reconnaître Raphaël Boulet grâce aux « vêtements qu’il portait au moment de son arrestation. De plus, il avait encore des pièces d’identité sur lui ». Dans sa déposition du 21 octobre 1944, relative à Suzanne Pelletier, il raconta ce qui suit : « vers 8 heures, les SS sont venus chez moi et ont perquisitionné dans toute la ferme. À cette première perquisition, ils ont été très corrects ; ils n’ont rien volé et se sont bornés seulement à visiter les différentes pièces de la maison et la grange. Boulet et Bucquoy se trouvaient chez moi au moment de cette perquisition. Les Allemands n’ont même pas demandé leurs papiers. Environ une heure plus tard, une quarantaine de SS sont venus à la ferme, ils se sont mis à perquisitionner une deuxième fois, brisant une porte et volant une quantité importante de vivres et de linges. La perquisition a duré plus d’une heure. Boulet et Bucquoy qui étaient encore chez moi, ont été réquisitionnés avec mes fils pour ouvrir une ancienne cave ; ce travail terminé, ils sont descendus à Longchamps sous la garde des S S ». Raphaël Boulet, Bucquoy, Minet et Williot firent partie du groupe de quinze hommes ramassés aux fermes de la Grumelle, la Vallée à l’Orge et Afchain. Ils furent conduits à Bohéries après le renvoi des hommes de Longchamps, reconnus par le maire Houdez, le curé Moreau et, peut-être le régisseur allemand de Proix. Williot n’a pas de papiers sur lui ; Minet a été traité de "terrorist" devant Modeste Moyaert. À Bohéries, tous les quatre n’ont aucun avocat pour parler en leur faveur. Vers quatorze heures, attachés deux par deux au bras, ils arrivèrent en camionnette dans la pâture du château de Faÿ à Guise. Ils furent obligés de creuser une fosse ; rangés sur le bord face au trou, ils furent tués l’un après l’autre d’une rafale de mitraillette ».

Ouvrier agricole chez Émile Boutin, cultivateur dans l’une des fermes de Trémont, au matin du 14 juin 1944, il travaillait « dans les champs avec un tombereau et deux chevaux » quand il fut arrêté par les Allemands. Il fut alors amené vers midi à Longchamps dans un camion, avec Henri Minet et son personnel ; il évoquera sa faim devant ses compagnons.
Vers 14 h., le jardinier Allizard le voit descendre d’une camionnette, attaché à un autre homme, en compagnie de deux autres attachés l’un à l’autre : Raphaël Boulet, Édouard Bucquet et Henri Minet. Ils furent alors dirigés vers le fond de la pâture où ils durent creuser une tombe. Ils furent abattus d’une rafale de mitraillette et tombent dans la fosse.
Les corps d’Émile Borgne et de Pierre de Martimprey furent traînés et poussés sur les tués avant le comblement de la fosse.
Lors de l’exhumation, le 31 juillet 1944, Marcel Houdez, maire de Noyales, reconnu Raymond Williot « à son allure générale ». Émile Boutin le reconnu « à ses vêtements et à l’ensemble de son corps » ajoutant qu’« il portait son alliance et son couteau de poche ».

Raymond Williot fut réinhumé dans le cimetière de Guise, et déclaré « mort pour la France » le 11 septembre 1948.

Le rapport de gendarmerie le dit né à Proisy, alors qu’il s’agit en réalité de la commune de son mariage. L’acte de décès fut dressé à Longchamps le 31 juillet 1944 à la suite de l’exhumation des fusillés du château de Faÿ à Guise.


Le nom de Raymond Williot est cité sur les monuments aux morts de Longchamps, de Noyales et Proisy, ainsi que sur le calvaire du château de Faÿ à Guise. Il fut donné à une rue de Proisy.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article193487, notice WILLIOT Raymond par Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 13 avril 2018, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Frédéric Stévenot

SOURCES. Sites Internet : commune de Vadencourt ; Mémorial GenWeb ; Généalogie Aisne.

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