LECHERBONNIER Alexandre, Charles

Par Jean-Luc Labbé

Né le 26 avril 1823 et mort le 29 décembre 1899 à Issoudun (Indre) ; commerçant ; Elu républicain démocrate d’Issoudun, à partir de 1870, maire d’Issoudun et conseiller général du canton-nord ; franc-maçon ; historien et écrivain.

Né à Issoudun, il était commerçant à Bourges (marchand de corsets) lorsqu’il décida de revenir à Issoudun en 1868 et de participer à la conquête républicaine de sa ville natale avec, en particulier, Alfred Leconte qui était conseiller municipal depuis 1865, Louis Sineau et Jean-Baptiste Lumet. Alexandre Lecherbonnier fonda en 1869 une loge maçonnique, La Gauloise, où se retrouvèrent les élites républicaines et démocrates socialistes d’Issoudun et de Châteauroux. Les républicains obtinrent la majorité du conseil municipal en 1870, puis la quasi-totalité en 1871, pendant la Commune, avec une liste que le Sous-Préfet qualifia de « radicale et de révolutionnaire ». Surveillé par la police, il était dit en 1874 « républicain radical et dangereux, factieux », mais aussi « excellent écrivain qui sait inoculer ses perverses doctrines, ce qui est facile dans les cheveux de sa maitresse [SIC] ».
En janvier 1876, le comité républicain préféra investir Alfred Leconte pour les élections législatives. Ce partage des responsabilités ouvrait le chemin à Alexandre Lecherbonnier qui devint maire d’Issoudun. Nommé par l’Etat en décembre 1876 – conformément à une loi qui avait fait des maires des fonctionnaires nommés – Alexandre Lecherbonnier démissionna à plusieurs reprises : en juillet 1877 pour protester contre la privatisation d’un chemin communal par un « archiprêtre soutenu par la Préfecture » et une seconde fois en octobre 1879 avec la totalité du conseil municipal suite à la réactivation de l’octroi qui avait été supprimé depuis les émeutes vigneronnes de 1830. A chaque fois une commission administrative désignée par le préfet gérait la commune. Une élection municipale partielle, le 9 janvier 1881, redonna un conseil municipal entièrement républicain qui « rougissait » avec l’arrivée de jeunes élus dont Jacques Dufour, futur maire socialiste. Alexandre Lecherbonnier, nommé une nouvelle fois par l’Etat, retrouva son fauteuil de maire.
Il fallut attendre la consolidation de la République et le vote des lois de 1881 pour que les communes retrouvent la liberté d’élire leur maire. En application de ces lois, le conseil municipal d’Issoudun fut convoqué le 30 avril 1882. Alexandre Lecherbonnier, pour la première fois, devint un maire élu par les conseillers municipaux en obtenant 20 voix sur 27. Il le restera jusqu’aux élections de 1888. En 1886, il avait été élu conseiller général du canton Issoudun-nord. De 1882 à 1888, il fut un maire qualifié d’opportuniste, au sens de son soutien à la majorité gouvernementale d’alors, et finira par être écarté par la progression du radicalisme et du socialisme issoldunois. Réélu conseiller municipal en 1888, il ne fit pas acte de candidature pour être maire.
Humaniste, érudit et démocrate, il a beaucoup écrit sur l’histoire locale et les personnalités issoldunoises ; dont ses mémoires « d’un petit sans culotte devenu le vieux dreyfusard ». Fils d’un artisan ferblantier, il était le neveu d’Auguste Lecherbonnier, militant démocrate socialiste dans l’Indre pendant la Seconde République, condamné à la prison en 1850, interdit de séjour en 1851 puis député de la Corrèze en 1876.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article193671, notice LECHERBONNIER Alexandre, Charles par Jean-Luc Labbé, version mise en ligne le 11 juillet 2017, dernière modification le 13 juin 2019.

Par Jean-Luc Labbé

SOURCES : Arch. Dép. Indre. – Arch. Com. Issoudun. – Journaux L’Ordre républicain, l’Eclaireur du Berry et L’Echo des marchés.

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