MANILLIER Georges, André

Par Alain Dalançon

Né le 23 mai 1906 à Château-Thierry (Aisne), mort le 30 mai 1981 à Saint-Bel (Rhône) ; professeur de dessin ; artiste peintre, militant du PCF.

Manifestation pour la Paix - 1949
Manifestation pour la Paix - 1949
Encre sur papier

Fils d’un dessinateur et d’une couturière, Georges Manillier commença à travailler comme apprenti dans une verrerie dès l’âge de 13 ans, puis il travailla dans la décoration, tout en suivant des cours du soir de dessin. Il se maria en juin 1931 à Paris (Ve arr.) et devint professeur de dessin dans l’enseignement technique. Après la Seconde Guerre mondiale, il fut nommé au lycée de la Martinière à Lyon (Rhône) où il passa le restant de sa vie.

Georges Manillier était avant tout un artiste peintre. Durant la Seconde Guerre mondiale, il commença à exposer en 1941 au « Salon d’automne ». Il illustra le n°1, de janvier 1942, (consacré à l’entraînement physique sportif), de la revue trimestrielle L’Armée nouvelle, éditée sous le patronage du secrétariat d’État à la guerre. Il peignit aussi cette même année Arrestation des juifs (huile sur bois). Il apporta à cette époque son concours à l’illustration du journal des Compagnons de France fondés en juillet 1940 par Henry Dhavernas, commissaire général par intérim des Scouts catholiques de France (n° 20 du 1er mars 1942, « Route impériale », et n° 24, mai 1943, « Métier de Chef »). Cette organisation n’était pas un organisme d’État mais une association indépendante, même si elle dépendait pour sa survie des subventions généreuses accordées par Vichy, qui mit cependant un terme à son existence en janvier 1944, soupçonnant, avec raison, qu’elle était impliquée dans des activités de la Résistance.

Après la Guerre, Georges Manillier était connu comme militant communiste. Son œuvre reflétait ses convictions politiques et son humanisme. Il peignit les gens simples dans tous les moments de leur vie, leur travail, leurs peines, et leurs joies, en se rattachant au « Réalisme socialiste ». Il reçut en 1947 le prix Sébastien-Gryphe pour son illustration de La Citadelle d’A. J. Cronin, célèbre roman anglais auquel est attribuée une grande influence dans la création du système de santé publique britannique. Puis en 1951, il reçut le prix du « Livre progressiste » pour l’illustration de Nous retournerons cueillir les jonquilles de Jean Laffitte, livre relatant l’exploit d’un groupe de francs-tireurs partisans qui, vers la fin de l’été 1942, effectuèrent en plein jour le sabotage de la base militaire allemande de Sainte-Assise. La même année, pour sa peinture intitulée Du pain et des roses, il remporta le concours organisé par la municipalité de Vénissieux qui souhaitait contribuer « au développement du sens artistique de sa population ouvrière […] par l’exécution d’un panneau décoratif » destiné à orner la salle du conseil municipal. À cette époque, il fut aussi à l’initiative de la création de l’activité « Les travailleurs et les arts » au sein de « Travail et Culture Rhône ». Jusqu’à la fin de sa vie, il cultiva le lien entre les arts et le monde du travail. Son but était de donner le goût de peindre, de sculpter, de graver : « La liberté réelle de l’artiste passe par l’éducation de tous, car plus les gens sont éduqués, plus ils sont aptes à choisir eux-mêmes, sans qu’on leur impose un consensus. » Militant du Parti communiste français, il figura par ailleurs en 23e position sur la « liste d’union ouvrière et démocratique pour la défense des intérêts lyonnais dans la paix et l’indépendance nationale » aux élections municipales de Lyon en 1953.

Meilleur ouvrier de France en arts graphiques, médaille d’or du salon des Beaux-Arts de Lyon, il se vit attribuer la « palette d’or » au salon d’automne en 1953. Dans les années 1960-1970, il fut président de l’Union des Arts plastiques, devenue ensuite la Maison des Arts plastiques Rhône-Alpes (MAPRA) à Lyon. Dans la seconde partie de sa vie, son œuvre est rattachable à la « Figuration narrative ». Après avoir pris sa retraite de professeur d’éducation artistique dans l’enseignement technique, il obtint aussi le diplôme d’État d’architecte.

Georges Manillier est l’auteur d’une œuvre peinte considérable, ainsi que de sculptures, mosaïques, dalles de verre, ferronneries et vitraux d’église (quatre verrières figurées dans l’église de Savigneux (Loire)). Plusieurs de ses toiles sur le monde ouvrier sont exposées aux mairies de Vénissieux et Pierre-Bénite (Rhône). Dans cette dernière ville à municipalité communiste de 1947 à 2014, un grand parc public arboré porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article193749, notice MANILLIER Georges, André par Alain Dalançon, version mise en ligne le 11 juillet 2017, dernière modification le 29 avril 2021.

Par Alain Dalançon

Manifestation pour la Paix - 1949
Manifestation pour la Paix - 1949
Encre sur papier
Portrait d'un ouvrier
Portrait d’un ouvrier
huile sur toile

ŒUVRE : Autres publications que celles mentionnées dans la biographie : Coauteur avec Fernard Boissel de Pour un Art de Vivre, Éditions Plantyn, 1973. — Illustrateur du livre d’Henri Pagneux, Aux feux du prisme, Éditions L’Hermès, 1977.

SOURCES : Arch. mun. Lyon, 518 WP 25. — Formations et activités municipales, n° 44, octobre 1981, allocution de Marcelle Colombet. — Vanessa Lassaigne, La politique culturelle de Venissieux, IEP Lyon, sept. 2001. — Philip Nord, « Vichy et ses survivances : les Compagnons de France », RHMC, 2012/4 n° 59-4, p. 125-163. — Manillier Georges, Wikipedia, consulté le 11 juillet 2017. — Notes de Jacques Girault.

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