EMANUÉLY Maurice, René, Théodore, Charles

Par Jacques Girault

Né le 30 décembre 1903 à Orléansville (Algérie), mort le 4 mai 1986 au Chesnay (Yvelines) ; proviseur de lycée ; militant syndicaliste.

Né dans une famille catholique dont le père était vétérinaire, Maurice Emanuély passa sa jeunesse à Oran. Après avoir été reçu au baccalauréat en 1920 en Algérie, boursier, il obtint la licence ès sciences et le diplôme d’études supérieures à la faculté des sciences de Nancy en 1925. Boursier d’agrégation à la faculté des sciences de Strasbourg, il fut reçu à l’agrégation de mathématiques en 1926. Entre 1932 et 1935, il fréquenta la faculté de Droit de Paris et obtint la licence en 1936. Il se maria en avril 1928 à Oran. Le couple eut quatre enfants.

Maurice Emanuély commença sa carrière de professeur agrégé au lycée de garçons Lamoricière d’Oran en 1926. Sursitaire, il effectua le service militaire d’octobre 1929 à octobre 1930 dans le Génie et fut lieutenant de réserve par la suite. Muté en métropole, il enseigna au lycée de Troyes (Aube) en 1930-1932, avant d’entrer dans le cadre parisien. Professeur à Paris au collège, devenu peu après lycée Rollin à partir d’octobre 1932, puis au lycée Buffon en octobre 1934, il postula pour devenir proviseur. Il fut nommé professeur au lycée Hoche à Versailles en 1937.

Mobilisé du 26 août 1939 au 30 juillet 1940 comme lieutenant adjoint au chef d’un bataillon du Génie, Emanuély fut remarqué par son attitude patriotique. Aussi son dossier de candidature pour devenir inspecteur d’académie fut-il peu approfondi en décembre 1940. Alors qu’il demandait un poste en Algérie, il fut nommé dans cette nouvelle fonction en Charente-Inférieure à partir de janvier 1941. Selon René Capitant, ministre de l’Éducation nationale en 1945, bien qu’ayant « toujours montré pour le Maréchal de la sympathie et du respect », il avait « couvert les activités de résistance », protégé son personnel, notamment les jeunes instituteurs menacés par la perspective du Service du travail obligatoire, et avait obtenu la réintégration d’instituteurs francs-maçons.

En mars 1943, Maurice Emanuély demanda un poste de proviseur de lycée et fut nommé à la tête du lycée de Saint-Etienne (Loire). Mais apprenant que le précédent proviseur avait été déplacé d’office, il refusa ce remplacement pour accepter la direction du lycée de Mâcon (Saône-et-Loire) où il entretint de bons rapports avec les nombreux enseignants gagnés à une attitude hostile au régime.

À la Libération, à la suite de la plainte d’une directrice d’école de Charente-Inférieure dont le fils était le chef de cabinet du Préfet et qui avait été rétrogradée en 1942 par l’inspecteur d’Académie, Maurice Emanuély, en application d’un décret du 16 juin 1945, fut arrêté dans son lycée et ramené par les gendarmes aussitôt en Charente-Maritime pour être interné à l’hôpital Aufredy à La Rochelle avec les frais de nourriture à sa charge. Aussitôt les protestations se multiplièrent de la part des organisations de Résistance de Saône-et-Loire, du syndicat des proviseurs, d’une majorité des professeurs et des parents d’élèves. Le dossier d’enquête montra le peu de fondement de l’accusation. Le 19 septembre 1945, la commission de vérification des internements administratifs décida de mettre fin à l’internement mais la cour de justice maintint l’inculpation de l’ancien inspecteur puis classa sans suite le dossier le 22 octobre 1945. Quand Emanuély reprit ses fonctions à Mâcon en novembre, une manifestation de sympathie fut organisée en présence du recteur.

Le ministère accorda une promotion réparatrice Maurice Emanuély en le nommant proviseur des lycées Saint Charles en 1947 puis Thiers en 1949 à Marseille (Bouches-du-Rhône). Il fut muté en 1957 au lycée Hoche à Versailles (Seine-et-Oise) dont il conduisit de bonne façon les travaux d’extension. Il dirigea de 1959 à sa retraite en 1966 le lycée Pasteur à Neuilly (Seine/Hauts-de-Seine).

À partir de la Libération, Maurice Emanuély militait dans le Syndicat des proviseurs et des directrices de lycées qui s’affilia à la FEN à partir de 1948. Dans les années 1950, il appartenait à la commission exécutive nationale de ce syndicat. En outre, il était le secrétaire régional du syndicat des proviseurs et des directrices de lycées à partir de 1950. A ce titre, il s’étonna, dans une lettre au recteur de l’académie d’Aix, le 25 novembre 1950, de ne pas avoir été placé au premier rang lors de l’inauguration de la cité universitaire de Marseille puisqu’il dirigeait le lycée « le plus ancien et le plus important des lycées de la ville ». Dans sa réponse personnelle, le recteur récusait les motifs invoqués et qualifiait cette réaction de « mauvaise humeur ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article193758, notice EMANUÉLY Maurice, René, Théodore, Charles par Jacques Girault, version mise en ligne le 11 juillet 2017, dernière modification le 17 août 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat., AJ/16/5977, F/17/28676. — Bulletin du syndicat.

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