DUHARCOURT Émile, Pierre

Par Jacques Girault

Né le 6 avril 1903 à Carvin (Pas-de-Calais), mort le 2 juillet 1987 à Paris (XIIIe arr.) ; proviseur de lycée ; militant syndical.

Fils d’un comptable et d’une « institutrice laïque » (selon l’état civil) qui devint directrice d’une école maternelle d’Arras (Pas-de-Calais), Émile Duharcourt, qui se désignait parfois Emile-Pierre Duharcourt, reçut tous les sacrements catholiques. Il effectua sa scolarité secondaire dans des collèges du Pas-de-Calais : d’abord à Arras, puis à Boulogne-sur-mer entre 1915 et 1917, à Béthune en 1918-1919. Enfin, au lycée de Saint Omer entre 1919 et 1921, il obtint le baccalauréat (série littéraire). Élève en classe de rhétorique supérieure au lycée Louis le Grand à Paris en 1923, il échoua au concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm. Inscrit à la Sorbonne, il passa avec succès les certificats d’études supérieures constitutifs de la licence ès lettres qu’il obtint en octobre 1922 ainsi que le diplôme d’études supérieures en 1924.

Maître d’internat puis répétiteur au collège d’Étampes (Seine-et-Oise/Essonne) en novembre 1924 dont il démissionna peu après pour pouvoir préparer l’agrégation pendant deux ans, il suivit le stage pédagogique au lycée Janson de Sailly en mars 1925. Il effectua son service militaire à l’école de Vincennes d’infirmiers militaires qu’il termina en octobre 1927 comme sous-lieutenant des services de santé. Il se maria en novembre 1927 à Levallois-Perret (Seine/Hauts-de-Seine). Veuf en 1936, père d’un enfant, il se remaria en septembre 1936 à la mairie du VIeme arrondissement de Paris avec Jeanne Dreyfus, ancienne élève de l’ENS de Sèvres où elle se convertit au catholicisme et resta pratiquante, devenue professeur bi-admissible de lettres à Arras (Pas-de-Calais), fille de commerçants en vêtements du Puy (Haute-Loire). Il était père de six enfants, dont l’avant-dernier, Pierre Duharcourt, né en 1941, futur professeur des universités, secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement supérieur, puis co-secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire.

Émile Duharcourt devint professeur de 1927 à 1931 aux collèges de Château-Thierry (Aisne) puis de 1931 à 1936 d’Arras. Admissible au concours de l’agrégation de grammaire en 1935 et reçu en 1936. il fut nommé au lycée Faidherbe à Lille (Nord) en 1936.

Co-auteur en 1938 des extraits de Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, en deux tomes des classiques Larousse qui furent réédités à plusieurs reprises jusqu’au milieu des années 1950, Émile Duharcourt prépara une édition du Cinna de Corneille qu’il ne publia pas. Il fut le responsable de la chronique littéraire de la station de radio PTT Nord, « La voix de l’Université ».

Émile Duharcourt demandait un poste de principal depuis 1930. Il entama une carrière administrative comme censeur du lycée de garçons de Valenciennes (Nord) en octobre 1938. Nommé proviseur du lycée de Bourges (Cher) en octobre 1939, il n’occupa pas cette fonction puisqu’il fut mobilisé du 27 août 1939 au 23 juillet 1940 à l’état-major d’une division d’infanterie motorisée. À la rentrée d’octobre 1940, il dirigea ce lycée puis fut nommé proviseur du lycée de Mont-de-Marsan (Landes) à partir de la rentrée scolaire d’octobre 1941. A la suite d’une campagne de presse en juin 1942 qui révéla que son épouse d’origine juive ne portait pas l’étoile jaune, il obtint dans l’urgence sa mutation pour le lycée de Tulle en octobre 1942.

A la fin de la guerre, Robert Caulet, professeur de dessin dans son lycée, président du Comité départemental de Libération de la Corrèze, demanda son déplacement car, appliquant les ordres du préfet, il avait sanctionné les internes qui avaient manifesté, le 11 novembre 1942 malgré l’interdiction et avait transmis la liste des élèves susceptibles d’être appelés pour le Service du travail obligatoire. Dans sa défense, le proviseur indiqua qu’il avait aidé la Résistance en ne signalant pas les absences de Caulet, d’un élève parti au maquis et en aidant les élèves juifs du lycée. La sous-commission de révision du Conseil supérieur d’enquête du ministère, le 27 décembre 1944, estima qu’il avait « soutenu dans la mesure de ses moyens les organisations de Résistance ainsi que des Israélites persécutés » ajoutant que son épouse, « d’origine juive a elle-même souffert des persécutions » (elle avait été révoquée en décembre 1940 de son poste au lycée de Bourges). Il accepta le déplacement néanmoins à condition que son épouse obtienne un poste dans la ville. Il rappelait les difficultés rencontrées pendant ces quatre années : privation du traitement de son épouse, angoisse du risque de sa déportation.

Emile Duharcourt fut nommé proviseur du lycée et directeur du collège technique de Montluçon (Allier) en octobre 1944. Il obtint le poste de proviseur du lycée Blaise Pascal à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) en octobre 1948 où il anima les classes nouvelles, créa une école de parents d’élèves, un foyer pour les élèves internes. Il poursuivit sa carrière à la tête du lycée mixte Jean-Baptiste Corot de Savigny-sur-Orge (Seine-et-Oise/Essonne) à partir d’octobre 1954, alors qu’il avait souhaité ne pas être nommé à la tête de cet établissement en raison de l’exiguïté de l’appartement pour une famille de huit personnes. Il organisa des annexes à Orsay (Seine-et-Oise/Essonne) et à Dourdan (Seine-et-Oise/Yvelines). Son épouse, membre du Syndicat national de l’enseignement secondaire, obtint des postes aux lycées de Savigny puis Hélène Boucher à Paris. En octobre 1963, il devint proviseur du lycée Voltaire à Paris et exerça les fonctions de sous-directeur puis de directeur en 1964 du centre pédagogique régional de Paris. Il partit à la retraite à la fin de l’année scolaire 1968-1969.

Émile Duharcourt joua un rôle important dans la direction des syndicats des chefs d’établissement de l’enseignement secondaire. Ainsi il fut dès sa constitution secrétaire général du Syndicat des proviseurs et des directrices de lycées qui intégra la Fédération de l’Éducation nationale. Dans les années 1950, il en devint le secrétaire général adjoint, responsable des questions corporatives et tout particulièrement de l’ancien cadre normal. En Auvergne, il fut aussi le représentant syndical à la Commission administrative paritaire académique et au conseil académique de discipline des maîtres d’internat.

Dans les années 1960, Emile Duharcourt représenta la France dans des réunions du Centre européen de l’Education.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article193759, notice DUHARCOURT Émile, Pierre par Jacques Girault, version mise en ligne le 11 juillet 2017, dernière modification le 1er février 2019.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat., AJ/16/5969, F17/29797. — Bulletins syndicaux.— Notes de Nicole Fiori-Duharcourt.

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