Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson
Né le 5 août 1923 à Hennebont (Morbihan) ; exécuté sommairement le 10 février 1944 à Poulmein en Baud (Morbihan) ; résistant, membre du mouvement Service national ; Maquis.
Georges Lestréhan était le fils de Georges Lestréhan, couvreur, et de Jeanne Marie Le Toullec, décédée. Célibataire, il était domicilié à Hennebont (Morbihan), où il exerçait avec son père la profession de couvreur.
Il rejoignit le maquis implanté en novembre-décembre 1943 par Henri Bouret [pseudonyme dans la Résistance : Jean-François], chef du Service National Maquis en Bretagne et Maurice Dervieux, responsable de ce mouvement dans le Morbihan, dans le village de Poulmein, situé sur le territoire de la commune de Baud (Morbihan). Composé de jeunes réfractaires au Service du travail obligatoire (STO) originaires pour la plupart de la région d’Hennebont et de Lorient, ce maquis fut armé avec l’aide des résistants de la Gendarmerie de Vannes sous les ordres du chef de l’Armée secrète (AS) du Morbihan, Maurice Guillaudot. Placé sous le commandement de Pierre Ferrand [pseudonymes dans la Résistance : Émile, Gaby], qui travaillait à l’arsenal de Lorient, ce maquis était hébergé dans la ferme d’Émile Le Labourer à Poulmein en Baud.
Le 10 février 1944, à la Croix de Cranne, sur la route conduisant du village de Poulmein au bourg, quatre membres du maquis de Poulmein, armés de revolvers, Robert Couric, François Guyonvarc’h, Jules Le Sauce et Albert Rousseau, se trouvèrent face à un détachement allemand guidé par le dénonciateur Le Gallo. Ils réussirent à se dégager en abattant l’officier qui commandait ce détachement, le dénonciateur et plusieurs soldats, puis ils coururent donner l’alerte à Poulmein. Dans sa hâte, François Guyonvarc’h perdit ses papiers. À Poulmein, Raymond Couric, en l’absence de Pierre Ferrand, donna l’ordre de quitter la ferme. Plusieurs maquisards décidèrent de rester et de charger les vêtements et les armes stockés dans la ferme sur une charrette pour les évacuer. C’est alors que la ferme fut encerclée par des soldats géorgiens appartenant à une « unité de l’Est » armés par la Wehrmacht. Le jeune Mathurin Henrio, âgé de 14 ans, qui arrivait à la ferme pour rapporter à Raymond Guyonvarc’h les papiers qu’il avait perdus à la Croix de Cranne, fut abattu. Le fermier Émile Le Labourer fut attaché à un arbre et torturé à mort, sa ferme pillée et incendiée. Le maquisard Georges Lestréhan fut torturé et abattu. Ses camarades Eugène Thomas et Pierre Lantil, qui étaient parvenus à se débarrasser de leurs armes, furent faits prisonniers. Un peu plus tard, Alphonse Bouler qui arrivait à la ferme pour livrer du bois au maquis fut abattu à son tour.
À Baud, le nom de Georges Lestréhan est inscrit sur un monument érigé dans le village de Poumein.
À Hennebont où une rue porte son nom, il figure sur la plaque commémorative dédiée aux « Combattants de la Résistance » apposée dans le quartier Saint-Caradec, quai des martyrs.
Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson
SOURCES : Arch. Dép. Morbihan, 41 J 9. — Ami entends-tu… Bulletin de liaison et d’information de l’ANACR, numéros 70 (1er semestre 1989), 72 (2e semestre 1989), 108 (1er trimestre 1999), et 132 (1er trimestre 2005) et 144 (1er trimestre 2008). — Roger Leroux, Le Morbihan en guerre 1939-1945, Joseph Floch imprimeur-éditeur, Mayenne, 1978. — Kristian Hamon, Le Bezen Perrot : 1944, des nationalistes bretons sou l’uniforme allemand, Yoran Embanner, 2005 et Agents du Reich en Bretagne, Morlaix, Skol Vreizh, 2011. — René Le Guénic, Morbihan, Mémorial de la Résistance, Imprimerie Basse Bretagne, Quéven, 2013. — " Lieux mémoriels en Morbihan-Baud ", dossier en ligne sur le site Internet Les Amis de la Résistance du Morbihan, ANACR-56. — Panneau d’information du site mémoriel de Poulmein. — État-civil, Hennebont (acte de naissance) ; Baud (acte de décès).