LE LABOURER Émile

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Né le 2 août 1901 à Guénin (Morbihan), mort sous la torture le 10 février 1944 à Baud (Morbihan) ; agriculteur ; FFC ; FFI.

La famille Le Labourer
La famille Le Labourer
SOURCE : Ouest-France

Émile Le Labourer était le fils de Guénin Marie Le Labourer et de Marie Mathurine Le Marec, cultivateurs à Kervégo en Guénin (Morbihan). Il avait épousé Marie Josèphe Annic le 14 février 1925. Le couple avait deux filles, Solange et Thérèse, et exploitait une ferme à Poulmein en Baud.

En novembre-décembre 1943, Henri Bouret [pseudonyme dans la Résistance : Jean-François], chef du Service National Maquis en Bretagne et Maurice Dervieux, responsable de ce mouvement dans le Morbihan, entreprirent d’implanter un maquis dans le village de Poulmein, situé sur le territoire de la commune de Baud (Morbihan). Composé de jeunes réfractaires au Service du travail obligatoire (STO) originaires pour la plupart de la région d’Hennebont et de Lorient, ce maquis fut armé avec l’aide des résistants de la Gendarmerie de Vannes sous les ordres du chef de l’Armée secrète (AS) du Morbihan, Maurice Guillaudot. Placé sous le commandement de Pierre Ferrand [pseudonymes dans la Résistance : Émile, Gaby], qui travaillait à l’arsenal de Lorient, ce maquis était hébergé dans la ferme d’Émile Le Labourer à Poulmein en Baud.

Le 10 février 1944, à la Croix de Cranne, sur la route conduisant du village de Poulmein au bourg, quatre membres du maquis de Poulmein, armés de revolvers, Robert Couric, François Guyonvarc’h, Jules Le Sauce et Albert Rousseau, se trouvèrent face à un détachement allemand guidé par le dénonciateur Le Gallo. Ils réussirent à se dégager en abattant l’officier qui commandait ce détachement, le dénonciateur et plusieurs soldats, puis ils coururent donner l’alerte à Poulmein. Dans sa hâte, François Guyonvarc’h perdit ses papiers. À Poulmein, Raymond Couric, en l’absence de Pierre Ferrand, donna l’ordre de quitter la ferme. Plusieurs maquisards décidèrent de rester et de charger les vêtements et les armes stockés dans la ferme sur une charrette pour les évacuer. C’est alors que la ferme fut encerclée par des soldats géorgiens appartenant à une « unité de l’Est » armés par la Wehrmacht. Le jeune Mathurin Henrio, âgé de 14 ans, qui arrivait à la ferme pour rapporter à Raymond Guyonvarc’h les papiers qu’il avait perdus à la Croix de Cranne, fut abattu. Le fermier Émile Le Labourer fut attaché à un arbre et torturé à mort, sa ferme pillée et incendiée. Le maquisard Georges Lestréhan fut torturé et abattu. Ses camarades Eugène Thomas et Pierre Lantil, qui étaient parvenus à se débarrasser de leurs armes, furent faits prisonniers. Un peu plus tard, Alphonse Bouler qui arrivait à la ferme pour livrer du bois au maquis fut abattu à son tour.
Le 13 février 1944 à Baud, trois mille personnes assistèrent aux obsèques d’Émile Le Labourer, Mathurin Henrio et Alphonse Bouler.
Il est inhumé dans le cimetière de Baud où une rue porte son nom.

Émile Le Labourer a obtenu la mention « Mort pour la France » et le titre d’Interné-résistant. Il a été homologué FFC et FFI avec le grade de sous-lieutenant. La carte de Combattant volontaire de la Résistance (CVR) lui a été attribuée à titre posthume en 1953.

À Baud, où une rue porte son nom, Émile Le Labourer figure sur le monument érigé dans le village de Poulmein en hommage aux maquisards du mouvement Service National Maquis. Il est aussi inscrit sur le monument aux morts communal.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article193764, notice LE LABOURER Émile par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, version mise en ligne le 15 juillet 2017, dernière modification le 15 avril 2019.

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

La famille Le Labourer
La famille Le Labourer
SOURCE : Ouest-France
Émile Le Labourer
Émile Le Labourer
SOURCE : Ouest-France, 31 décembre 2013
Sur le monument de Poulmein en Baud
Sur le monument de Poulmein en Baud
Sur le monument aux morts de Baud
Sur le monument aux morts de Baud
SOURCE :
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson

SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 77 162. — Arch. Dép. Morbihan, 41 J 9, . — Ami entends-tu… Bulletin de liaison et d’information de l’ANACR, numéros 70 (1er semestre 1989), 72 (2e semestre 1989), 108 (1er trimestre 1999), et 132 (1er trimestre 2005) et 144 (1er trimestre 2008). — " Il y a 70 ans , des résistants rejoignaient le maquis de Poulmein " (photo), Ouest-France, 31 décembre 2013. — Roger Leroux, Le Morbihan en guerre 1939-1945, Joseph Floch imprimeur-éditeur, Mayenne, 1978, ouvrage dans lequel il est désigné par erreur sous le nom de Labourier. — Kristian Hamon, Le Bezen Perrot : 1944, des nationalistes bretons sou l’uniforme allemand, Yoran Embanner, 2005 et Agents du Reich en Bretagne, Morlaix, Skol Vreizh, 2011. — René Le Guénic, Morbihan, Mémorial de la Résistance, Imprimerie Basse Bretagne, Quéven, 2013. — " Lieux mémoriels en Morbihan-Bubry ", dossier en ligne sur le site Internet Les Amis de la Résistance du Morbihan, ANACR-56. — Panneau d’information du site mémoriel de Poulmein. — État-civil, Guénin ; Baud (acte de décès). (acte de naissance).

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