CLÉMENT Charles (sans doute un pseudonyme)

Par Claude Pennetier

Né le 4 septembre 1909 à Lille (Nord) : ouvrier électricien ; élève de l’École léniniste internationale de Moscou en 1935-1936.

Photo dans son dossier du Komintern, RGASPI, Moscou
Photo dans son dossier du Komintern, RGASPI, Moscou

Peut-être se confond-il avec « Clemant » élève de I’ELI en avril-novembre 1936 . Charles Clément est peut-être un pseudonyme.
Fils d’ouvriers, Charles Clément perdit son père, ouvrier mineur, des suites de la guerre, le 1er juin 1919 à Bordeaux. Sa mère travaillait comme ouvrière repasseuse et comme blanchisseuse à Bordeaux. Apprenti électricien à douze ans et demi, Charles Clément vécut seul à l’âge de quinze ans et perdit le contact avec sa famille. Son unique frère était mort en 1919. Il refusa l’embrigadement par les Pupilles de la Nation en 1929, et fit même appel à Raoul Rebeyrol, avocat du Parti communiste, pour échapper à un « patronage », ce qui indiquerait qu’il était déjà à Bordeaux où Rebeyrol exerçait. Réformé de l’armée pour raisons de santé, il travailla à Bordeaux où il se maria et eut une fille.
Il avait adhéré à la Jeunesse communiste en 1927 et au Parti communiste en 1932, tout en militant activement au syndicat unitaire des électriciens de Bordeaux. Très actif dans l’aide aux révolutionnaires espagnols en 1929 et dans les grèves du bâtiment (1929), des électriciens (1933), de la chaussure, du livre, des métaux, des dockers, il semble s’être usé à la tâche. Pour des raisons de santé (tuberculose), il y eut une interruption de son appartenance au PC. Octave Rabaté, secrétaire de la XIIIe Union régionale de la CGTU lui demanda de reprendre sa carte. Secrétaire du rayon de Bordeaux, il fut délégué à la conférence nationale d’Ivry-sur-Seine en 1934. Son activité militante provoqua l’hostilité des employeurs. Les ouvriers imposèrent sa présence sur le bateau le Massilia en réparation à Bordeaux, mais il fut licencié un mois avant son départ à Moscou.
Les dirigeants communistes Vrignaud, Hubert Ruffe, Rabaté, Henri Courtade et Léo Pichon savaient qu’il allait suivre les cours de l’École léniniste internationale, mais sa femme ignorait les raisons de son départ. On ne connaît pas précisément la date de son arrivée dans la capitale soviétique. Il remplit un questionnaire biographique le 29 septembre 1935 et une autobiographie à une date non précisée. Le rapport établi par Garnier le 13 juillet 1936 sur « Clément » (ce qui laisse penser qu’il s’agit plutôt d’un pseudonyme) est plutôt négatif.
« Ce camarade a déjà exercé des fonctions responsables dans sa région, il est assez développé politiquement.
Cependant ce camarade a relativement peu profité de séjour ici. C’est un malade, un nerveux, il a déjà été envoyé au sana, mais en réalité il est toujours dans un état anormal.
Son état physique a eu des conséquences assez mauvaises sur son travail qu’il n’a pu faire avec assiduité.
D’autre part cela influe également sur son caractère, ce qui crée parfois des rapports assez difficiles avec les autres camarades. Dans ces derniers temps on constate une amélioration, son séjour au camp semble lui avoir été profitable.
Une telle situation est regrettable, c’est un camarade intelligent, qui en état de santé normal aurait pu faire un bon travail.
Lui-même pense que c’est une erreur de l’avoir envoyé faire des études. Dans les discussions politiques il montre du sens politique et une assez bonne compréhension des problèmes actuels. On pourra à mon avis l’utiliser dans des tâches comme l’agitation. Il est bon orateur et s’exprime assez concrètement mais il fera plus difficilement un bon rédacteur, dans ce domaine il a beaucoup plus de difficultés.
Il a une certaine expérience du travail dans sa région, en examinant comment l’utiliser, on pourra tirer de lui un travail profitable au parti. »
Il serait revenu en France en novembre 1936. On ignore son devenir.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article193770, notice CLÉMENT Charles (sans doute un pseudonyme) par Claude Pennetier, version mise en ligne le 12 juillet 2017, dernière modification le 12 juillet 2017.

Par Claude Pennetier

Photo dans son dossier du Komintern, RGASPI, Moscou
Photo dans son dossier du Komintern, RGASPI, Moscou

SOURCES : RGASPI, Moscou, 495 270 4957, RGASPI, 531 1 176, liste de 34 éIèves de l’ELI dont le passeport a expiré, avril-novembre 1936.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable