DAOUI Larbi

Par Claude Pennetier

Né en 1926 à Ain Sefra (Algérie) ; une des sept victimes de la manifestation parisienne du 14 juillet 1953 place de la Nation à Paris.

Plaque apposée par la Ville de Paris, 12 avenue du Trône, le 6 juillet 2017
Cliché Daniel Kupferstein

Larbi Daoui, manœuvre et domestique, domicilié à Saint-Dié (Vosges), participa à Paris, avec le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) à la manifestation du 14 juillet 1953 organisée par la gauche syndicale et communiste. Entre 6000 et 8000 Algériens défilaient en fin de cortège place de la Nation quand des affrontements eurent lieu avec la police. Celle-ci tira sans sommation faisant six morts algériens (Abdallah Bacha , Larbi Daoui, Tahar Madjène, Amar Tadjadit, Abdelkader Draris, Mouhoub Illoul et un français de la CGT, Maurice Lurot.
Selon le témoignage de Sahnoun Boubekeur, ami d’enfance de Larbi Daoui, recueilli par Daniel Kupferstein : "Je sais que le martyr Larbi Daoui était en tête de la manifestation en hissant le drapeau algérien. D’après les dire, il a été tué parce qu’il a hissé le drapeau algérien". Mais le faits ne sont pas clairement établis car les témoignages attribuent à plusieurs personnes différentes le fait d’avoir hissé le drapeau algérien, ainsi à Tahar Madjène ou Mouhoud Illoul. Il est vrai qu’il y avait cinq drapeaux.
Il fut atteint par une balle vers 17h24, semble-t-il au moment où le cégétiste Maurice Lureau voulut s’interposer boulevard de Charonne entre les policiers qui tiraient à feu continu et les manifestants algériens. La balle, que l’on n’a pas retrouvée, entra par le sternum et traversa le cœur. Il mourut à 18 h 30 à l’hôpital Tenon.
Son cercueil ainsi que celui de quatre autres victimes, fut exposé à la Mosquée de Paris. Son corps fut enterré au cimetière franco-musulman de Bobigny puis fut exhumé le 18 septembre et transféré en Algérie, à Oran le 25. Le corps n’avait pas été réclamé par sa famille (sa mère malade ne fut informé qu’un an après) et c’est la direction du MTLP qui souhaita qu’il soit enterré en Algérie. Il fut emporté à Aïn Sefra où il travaillait avant de venir en France. Un rapport de l’administration le présentait comme "un simple d’esprit" qui avait adhéré au MTLD. L’administrateur de la commune demanda qu’il soit enterré à Tiout son village de naissance à 16 km d’Aïn Sefra et limita les participants à 7 personnes. Il furent une vingtaine mais sans qu’il y eut de discours, juste une prière.
Une journée d’hommage à Larbi Daoui a été organisée en 2009. Selon le témoignage d’un des ses amis d’enfance, responsable des scouts musulmans, Sahnoun Boubekeur, il avait adhéré au MTLD en 1946 à Aïn Sefra. "Il cotisait la somme de cinquante francs à l’époque", "À ce moment là, Larbi Daoui ne parlait que de l’indépendance. Il était aussi très serviable [...] Il était célibataire et on le surnommait Binhas. En fait c’est lié à son patron, un juif qui s’appelait Pinard". Larbi Daoui était parti en Palestine en 1948, puis en France en 1950, à la recherche de travail et ne s’était plus manifesté à Aïn Sefra.
La mairie de Paris fit apposer une plaque commémorative le 6 juillet 2017, 12 avenue du Trône jouxtant la place de la Nation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article193822, notice DAOUI Larbi par Claude Pennetier, version mise en ligne le 16 juillet 2017, dernière modification le 18 juillet 2017.

Par Claude Pennetier

Plaque apposée par la Ville de Paris, 12 avenue du Trône, le 6 juillet 2017
Cliché Daniel Kupferstein
Larbi Daoui
Larbi Daoui
Les balles du 14 juillet, op. cit.
Cortège pacifique et discipliné du MTLD rue du Faubourg Saint-Antoine le 14 juillet 1953
Cortège pacifique et discipliné du MTLD rue du Faubourg Saint-Antoine le 14 juillet 1953
Photo Mémoire l’Humanité. Les balles du 14 juillet 1953, op. cit

SOURCES : Daniel Kupferstein, Les balles du 14 juillet 1953. Le massacre policier oublié des nationalistes algériens à Paris, La Découverte, 2017 (utilise notamment le dossier d’instruction, cour d’appel (Archives de la Seine, n° 1348 W17). Nous devons beaucoup à cet ouvrage. — Maurice Rajsfus, 1953, un 14 juillet sanglant, Agnès Viénot, Paris, 2003. — Danielle Tartakowsky, Les manifestations de rue en France, 1918-1968,, Publications de la Sorbonne, 1997.— Emmanuel Blanchard, La police parisienne et les Algériens, 1944-1962, Nouveau Monde, 2011. — Jacques Simon, Paris1953. Un 14 juillet rouge de sang algérien, L’Harmattan, 2015.

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