CHANTRE Jacques

Par Jacques Girault

Né le 28 octobre 1921 à Nérac (Lot-et-Garonne), mort le 10 février 2022 à Nérac (Lot-et-Garonne) ; instituteur dans le Lot-et-Garonne ; résistant ; militant communiste.

Fils d’un facteur, Jacques Chantre effectua ses études à l’école primaire supérieure de Nérac et obtint le brevet supérieur en 1941 à Agen. Il devint instituteur intérimaire à Gajac (octobre-novembre 1941) puis, pendant l’année scolaire à Durance, avant d’être nommé instituteur stagiaire à Lescar (Basses-Pyrénées/Atlantiques) en 1942-1943.

Militant des Jeunesses communistes à la fin des années 1930, il diffusait L’Avant-garde. En stage au centre de formation des maîtres à Toulouse (Haute-Garonne), le 1er mai 1943, il refusa de participer au rassemblement devant la statue de Jean d’Arc lors de la Fête du Travail. Convoqué aux chantiers de jeunesse en juillet 1943, neveu de Pierre Chantre, cheminot, communiste, syndicaliste et résistant, en contact avec Gérard Duverger, professeur communiste à Agen (Lot-et-Garonne), pris en charge par des militants communistes locaux, il rejoignit à Frespech le groupe FTPF sous les ordres d’André Delacourtie, dit « commandant Arthur ». Il participa à des sabotages ferroviaires, à des collectes financières, avec parfois des vols dans les mairies pour le ravitaillement. Arrêté le 9 octobre 1943 à Lamagistère (Tarn-et-Garonne), après des sabotages, incarcéré à la maison d’arrêt d’Agen, condamné à sept ans de réclusion, transféré le 23 décembre 1943 à la maison centrale d’Eysses, il fut actif lors de l’insurrection du 19 février 1944. Le 30 mai 1944, condamné à la déportation, incarcéré à Bordeaux (Gironde), puis à Compiègne, il fut déporté à Dachau. Interné dans un camp disciplinaire à Allach, affecté au contrôle technique de l’usine BMW fabriquant des moteurs d’avions et des tanks, gravement brûlé, soigné par un déporté, infirmier d’Avignon (Vaucluse), il participa à des actions de solidarité entre déportés. Libéré par l’armée américaine le 29 avril 1945, il fut rapatrié le 2 juin 1945 atteint de tuberculose. Il fut homologué déporté et interné de la résistance (DIR), et combattant des Forces françaises de l’intérieur (FFI)

Jacques Chantre obtint le certificat d’aptitude pédagogique et reprit son métier d’instituteur à Pindères. De janvier 1947 à la fin de septembre 1948, en congé de maladie, il retrouva son travail (octobre 1947-septembre 1951) à l’école de Puy-Fort-Éguille à Nérac. Pour avoir protesté, le 14 septembre 1950, contre la violation de la liberté individuelle des Espagnols, le 30 septembre 1950 (affaire « Boléro-Paprika »), il fut suspendu provisoirement de ses fonctions avec maintien de traitement. Le bureau national du Syndicat national des instituteurs, le 6 décembre 1950, demanda sa réintégration. Parmi les nombreuses autres protestations figurèrent les sections départementales du Syndicat autonome des instituteurs, du Syndicat national des instituteurs, de la Fédération des déportés, internés, résistants et patriotes, de l’Union générale des fédérations de fonctionnaires, du Syndicat de l’enseignement laïque du Finistère, du Comité départemental de liaison des combattants du Rhône et des parents d’élèves. Mais le maire de Nérac, Gabriel Lapeyrusse, socialiste SFIO, puis RPF et RGR, désireux de se débarrasser d’un instituteur communiste, obtint du ministre de l’Instruction publique son déplacement à l’école de garçons de Casteljaloux où il resta jusqu’en 1958 avant d’être nommé en 1958 à Lavardac et de retrouver un poste à Nérac où il enseigna jusqu’à sa retraite en 1976.

Membre de la Délégation départementale des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation du Lot-et-Garonne, il témoigna souvent dans les établissements scolaires. Il présida le comité de Nérac de l’Association nationale des Anciens combattants et Amis de la Résistance jusqu’en 2011, laissant la place à Claude Joseph. Il témoigna encore à 96 ans en 2017 à l’occasion d’une exposition "Portraits de résistants du bataillon néracais". Membre du Mouvement de la Paix et du Secours populaire, il adhérait aux Amis de l’Humanité

Marié en janvier 1946 à Nérac avec une linotypiste, fille d’un maçon d’origine italienne habitant Nérac, divorcé en 1950, Jacques Chantre se remaria en mars 1951 à Nérac avec Soleda Salas, boulangère à Dublineau (Algérie, département d’Oran), fille d’un boulanger, indiqué dans certaines sources comme cultivateur. Le couple eut quatre enfants.

Le 17 février 2022, dans son carnet, l’Humanité annonçait son décès.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19386, notice CHANTRE Jacques par Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 11 mars 2022.

Par Jacques Girault

Photo de Jacques Chantre (fiche sur le site « lesresistances.france3.fr.documentaire-pp ».
Photo de Jacques Chantre (fiche sur le site « lesresistances.france3.fr.documentaire-pp ».
Lors de son centième anniversaire.

SOURCES : Arch. Dép. Lot-et-Garonne (Dominique Texier-Favier), série T non classée, 1737 W 5. — Service historique de la Défense, Vincennes, GR 16 P 119201, Caen, AC 21 P 725075. — Presse syndicale. — Notes de Lysiane Chantre, sa fille.

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