CHAPELAIN Lucien, Louis

Par Gabriel Désert, René Lemarquis, Claude Pennetier, Gilles Morin

Né le 2 février 1896 à Paris (XIVe arr.), mort le 27 juin 1975 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) ; ouvrier pâtissier, manœuvre, puis biscuitier ; militant communiste et syndicaliste ; secrétaire de la 18e Union régionale unitaire à Caen (Calvados) ; secrétaire de la Fédération générale de l’Alimentation CGTU puis CGT ; membre du comité central du Parti ouvrier et paysan français de Marcel Gitton en 1942 ; inspecteur régional du COSI durant l’Occupation.

Lucien Chapelain, , fils de Félix et de Berthe Manier, était le fils d’un ancien militant, communiste après le Congrès le Tours, devenu patron qui avait fait faillite en 1920 à Albi (Tarn). Il demanda lui-même en 1923 l’exclusion du PC de son père pour « attitude incompatible avec le rôle du PC ». En 1932 ce dernier s’était installé, « commandité par des capitalistes de Nancy ». La mère de Lucien Chapelain tenait une boutique de couronnes mortuaires à Albi. Lucien Chapelain obtint son Certificat d’études et commença à travailler à l’âge de treize ans et, un an plus tard, il fit son apprentissage d’ouvrier pâtissier. Il fit son service militaire comme soldat de 2e classe dans une section d’infirmiers. Il épousa le 8 septembre 1923, à Orléans (Loiret), Yvonne Coulon, une ouvrière d’usine, fille d’une ouvrière des manufactures de tabac ; le couple eut deux enfants, âgés de 22 et 11 ans fin 1946.
Domicilié à Caen jusqu’en 1933, date à laquelle il demanda à être radié des listes électorales, Lucien Chapelain durant la guerre 1914-1918, de la classe 1916, fut envoyé 13 mois au front en France et 17 mois dans l’armée d’Orient.

Après la guerre, Lucien Chapelain reprit en 1921 son métier d’ouvrier pâtissier à Orléans pendant dix-huit mois. Par suite de la répression, il devint livreur (au Caïffa) pendant un an, puis, en septembre 1923, se rendit à Albi où il travailla comme manœuvre et terrassier jusqu’en juin 1924 date à laquelle il revint à Orléans. Il fut alors successivement employé comme manœuvre en fonderie à la Compagnie générale d’électricité puis, à partir de mars 1925, comme terrassier à l’électrification du Paris-Orléans. D’août 1925 à juin 1930, il travailla à la « Biscuiterie Idéale » à Gentilly (Seine, Val-de-Marne). La CGTU le désigna alors comme permanent à la 18e UR à Caen.

Lucien Chapelain adhéra au PS (SFIO) en mars 1920 à la 7e section de Paris où il milita au Comité pour la IIIe Internationale. À Orléans, avec René Bailly et Émile Gaudry (voir aussi Émile Victor Gaudry), il fit adhérer la section à 75 % au nouveau PC. Il lutta après 1923 pour la « bolchevisation » du parti et sa transformation sur la base des cellules d’entreprises au Congrès fédéral du Tarn, puis, en 1924, à la CGE d’Orléans où il fut secrétaire de cellule. De 1925 à 1927, de retour dans la région parisienne il fut secrétaire un certain temps du sous-rayon de Gentilly et délégué au Comité du 4e Rayon. Jusqu’en 1930, il assista aux diverses conférences régionales et même au CC élargi de septembre 1931.

Sur le terrain revendicatif, il dirigea en 1924 deux grèves importantes du Bâtiment à Albi, participa à toutes les manifestations de la CGTU et fut affecté en juillet 1930 par la Confédération à la 18e Union régionale dont il devint secrétaire permanent le 1er janvier 1932. Il était, en même temps, au secrétariat de la région normande du PC. En 1930, il se rendit à Montjoie (Manche) pour y soutenir une grève des travailleurs du granit, et il anima, à la Maison du Peuple de Caen, plusieurs réunions tenues avec des ouvriers du bois, des couvreurs et des dockers.

En octobre, lors d’un meeting organisé par les deux syndicats caennais de cheminots, CGT et CGTU, il invita les travailleurs à s’unir pour mieux résister aux mesures prises par la Compagnie de l’État. Élu en novembre 1931 secrétaire de la 18e Région unitaire, il milita en 1931-1932, au Comité local de chômeurs, participa à des réunions syndicales organisées à Honfleur et Deauville. Lors du congrès départemental des syndicats unitaires, en octobre 1931, il invita les délégués à œuvrer en vue de l’unité syndicale, thème qu’il reprit, en janvier 1932, au cours d’une réunion des ouvriers caennais du Bâtiment, ce qui ne l’empêcha pas d’attaquer la CGT confédérée. Militant communiste, trésorier adjoint de la cellule de Caen et du sous-rayon communiste de Lisieux dont le secrétaire était Marcel Tourmente, Lucien Chapelain fut, à ce titre, candidat aux élections législatives de 1932, dans la 1re circonscription de Caen : il obtint 2,2 % des suffrages exprimés (385 voix sur 20 604 inscrits). La même année, il fut candidat au conseil général pour le canton de Caen-ouest, mais ne recueillit que 1,4 % des voix. Il représenta la région normande au VIIe congrès du PC (Paris, 11-19 mars 1932). En 1933 il demanda à être radié des listes électorales à Caen.

Lucien Chapelain s’installa à Arcueil (où il avait déjà milité en 1927-1928, avant de devenir permanent) puis à Gentilly où il assurait le secrétariat de la cellule communiste de la Biscuiterie Idéale en mai 1935. Selon un rapport de police daté du 25 septembre 1939, il tirait « ses ressources de ses fonctions syndicales » comme membre du bureau de la Fédération nationale des travailleurs de l’Alimentation et secrétaire général du syndicat des ouvriers biscuitiers, biscottes, produits de régime, pâtes alimentaires de la région parisienne. Selon Stéphane Courtois (op. cit.), il fut secrétaire de la Fédération unitaire de l’Alimentation de 1933 à 1935 et de la Fédération CGT de 1936 à 1939.

Chapelain a été mobilisé en 1939 au 127e bataillon de l’armée de l’Air. Ayant perdu son poste de permanent en 1939, il travailla de janvier 1940 à son arrestation comme manœuvre à l’usine de compteurs à gaz de Montrouge.

Interné administrativement le 5 juin 1941 au camp de Voves (Eure-et-Loir) puis libéré le 19 octobre 1942 grâce à Ambrogelly, il avait suivi l’évolution politique de son beau-frère Jean Ambrogelly. La brochure intitulée Deuxième « Lettre ouverte » aux ouvriers communistes, diffusée au printemps 1942 par le Parti ouvrier et paysan français (POPF) fondé par Marcel Gitton, le présentait comme membre du Comité central de cette organisation. Il devint inspecteur régional du Comité ouvrier de secours immédiat (COSI) en novembre 1942, affecté à la région bretonne. Il était encore secrétaire de la Fédération nationale des travailleurs de l’Alimentation et des hôtels, cafés et restaurants.
Il fut arrêté à plusieurs reprises, la première fois le 6 septembre 1944, relaxé le 15, puis le 10 novembre 1944, mis en libéré provisoire le 21 décembre 1944, puis incarcéré de nouveau à Fresnes le 14 novembre 1945. Inculpé au titre des articles 75 et suivant du code pénal (trahison avec l’ennemi).

Il comparut devant la Chambre civique, avec Gaston Clamamus et d’autres anciens communistes, en avril 1948. Lucien Chapelain se désolidarisa de la défense commune et affirma être entré au POPF de Marcel Gitton et Marcel Capron « pour saboter et espionner ». Il fut condamné à cinq ans de dégradation nationale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19402, notice CHAPELAIN Lucien, Louis par Gabriel Désert, René Lemarquis, Claude Pennetier, Gilles Morin, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 11 décembre 2021.

Par Gabriel Désert, René Lemarquis, Claude Pennetier, Gilles Morin

Chapelain comparut devant la Chambre civique, avec Gaston Clamamus et d’autres anciens communistes, en avril 1948. Chapelain se désolidarisa de la défense commune et affirma être entré au POPF de Marcel Gitton et Marcel Capron « pour saboter et espionner ». Il fut condamné à cinq ans de dégradation nationale.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13032, rapport du 5 novembre 1931 ; F/7/14901. Z/5/253 ; Z/6NL/136/3217 ; 20010216/121/3235. — Arch. Dép. Calvados, série M 500 et 2 368. — Arch. PPo. 100, 87, 50. — État civil du XIVe arr. — RGASPI : 495.270.1051 : Autobiographie du 1er février 1932. — Mazou Sadou, Le Mouvement ouvrier dans le Calvados, 1930-1938, mémoire de maîtrise, Caen, 1972. — Pierre Durand, Les Français à Buchenwald et à Dora, Éd. sociales, 1977. — Notes de Gilles Morin.

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