COLIN Constant.

Par José Gotovitch

Ensival (aujourd’hui commune de Verviers, pr. Liège, arr. Verviers), 29 juillet 1903 – Camp d’Oranienbourg-Sachsenhausen (commune d’Oranienbourg, Brandebourg, Allemagne), 1945. Ouvrier textile, militant et dirigeant syndical, dirigeant communiste verviétois, secrétaire national du Parti communiste de Belgique (PCB), conseiller communal d’Ensival, résistant, déporté.

Constant Colin naît à Ensival dans une famille socialiste. Ses parents sont concierges d’une école gardienne jusqu’à leur pension, prise en 1935. Une sœur est commerçante. Après huit années d’école à Ensival, Colin commence à travailler à l’âge de quinze ans : cloueur de chaises, assembleur de caisses, manœuvre d’usine à Verviers, puis quatre ans à la papeterie d’Ensival comme « premier sécheur », quatre ans comme « briseur de laine au cardé » à l’usine Drèze à Dison (pr. Liège, arr. Verviers), ensuite débourreur pendant six ans chez Hauzeur-Gérard, à Verviers, une entreprise textile. Il est réformé de l’armée pour une vue déficiente.

Secrétaire de la section de la Jeune garde socialiste (JGS) d’Ensival en 1921 et 1922, Constant Colin suit en 1925 les cours de formation socialiste sur l‘histoire du mouvement ouvrier. En 1929, il se rend comme délégué de la Fédération du Peigné auprès des grévistes d’Halluin, dans le Nord de la France. Membre du groupe socialiste de gymnastique d’Ensival qu’il dirige pendant deux ans, il est secrétaire de la Légion des Enfants du peuple pendant sept ans.

Délégué depuis 1928 au Bureau fédéral de la Fédération du Peigné, Constant Colin se rapproche des communistes et rejoint l’Opposition syndicale révolutionnaire (OSR) en 1930. Il en assure le Secrétariat. Dans le même temps, il adhère au Secours rouge international (SRI) et au Secours ouvrier international (SOI). En janvier 1931, il adhère au PCB : il fait immédiatement partie du Comité fédéral verviétois avec des responsabilités syndicales. Joseph Leemans, le leader communiste verviétois, a joué un rôle essentiel dans cette évolution.

En 1932, l’OSR envoie Constant Colin, à Paris, au Congrès antifasciste. En 1933, Colin dirige le comité de grève qui mobilise les 5 000 ouvriers de son entreprise. Il mène ensuite la résistance dans la grande grève textile de Verviers en 1934, faisant le coup de poing avec la police. C’est chez Hauzeur qu’est mise au point la première résolution de s’opposer par la grève à l’offensive patronale et qu’y est constitué le premier comité de grève. Constant Colin entre alors temporairement (cinq mois) dans l’illégalité. Son domicile est perquisitionné.

Colin est envoyé par le Comité de grève populariser le mouvement en France et aux Pays-Bas. Il fera deux mois de prison pour faits de grève. Colin assure un travail sur tous les fronts des grèves avec une énergie incroyable, et les rapports soulignent qu’il a l’écoute des masses. Il le payera d’ailleurs d’un épuisement qui l’écartera de la scène pendant quelques semaines.

La Conférence de Charleroi du PCB de mai 1935 élit ce militant ouvrier exemplaire au Comité central. Dans son dossier au Komintern, il est souligné que sa cellule d’Ensival « est une des meilleures de tout le parti ». Est mis en avant également que Constant Colin a « a une juste attitude vis-à-vis des ouvriers socialistes et a des liaisons multiples avec eux ». Ce document date de 1935 et répond au tournant pris par le VIIe Congrès de l’Internationale. Il devient secrétaire administratif du PC. Il entre au Bureau politique en 1936. En 1938, il est élu conseiller communal à Ensival. Tant Andor Berei que Xavier Relecom soulignent ses qualités mais relèvent également qu’il est conscient de son manque de formation et s’en trouve embarrassé devant ses camarades. La guerre empêchera que les perspectives d’une formation approfondie se réalisent.

Car en 1940, Constant Colin est secrétaire d’organisation nationale. Comme tel, il lui revient de mettre sur pied l’appareil clandestin et d’organiser les liaisons. Il prend de surcroît en charge tout particulièrement le travail syndical. À cette fin, c’est lui qui lance le clandestin L’Action Syndicale et met Jacques Grippa* au travail dans ce domaine.

Incarnation de l’ouvrier communiste monté au sommet du parti, homme de masse et d’organisation, personnalité unanimement appréciée par tous, Constant Colin introduit le parti dans la clandestinité. Il tient trois années d’illégalité au sommet, un record. Mais en prélude aux arrestations de juillet, il tombe le 10 avril 1943. Très violemment torturé, il devient aveugle sous les coups. Déporté à Oranienbourg en Allemagne, il meurt à une date indéterminée en 1945. Il constitue l’une des plus grosses pertes en cadres du PCB sous l’Occupation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article194083, notice COLIN Constant. par José Gotovitch, version mise en ligne le 26 juillet 2017, dernière modification le 29 novembre 2022.

Par José Gotovitch

ŒUVRE : Avec BONENFANT A., La grève formidable des 500.000 en juin 1936, Bruxelles, Éditions Germinal, (1936).

SOURCES : RGASPI, 495-193-279 – CArCob, Archives de la clandestinité, RNC et Secrétariat – BOTTERMAN X., Histoire du mouvement communiste à Verviers (1919-1940), Bruxelles, CArCoB, 2009.

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