CHAPUIS Charles, Eugène, Claude

Par Roger Pierre, Jean Reynaud

Né le 17 juin 1907 à Vienne (Isère), mort le 2 juillet 1988 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; professeur, puis proviseur ; militant syndicaliste dans l’enseignement technique (SET, SPËT, SNERT) ; militant mutualiste ; résistant ; militant communiste dans la Drôme et les Bouches-du-Rhône, président départemental de France-URSS des Bouches-du-Rhône.

Son père, radical-socialiste, originaire d’un milieu d’artisans charrons de Vienne, effectua le « Tour de France », puis devint employé municipal à Marseille où il termina sa carrière comme chef de section au service du Canal. Après des études au lycée Périer puis Thiers de Marseille, Charles Chapuis, titulaire du baccalauréat en 1924, poursuivit ses études à la faculté des sciences de Marseille, où il obtint en 1927 la licence ès sciences et, l’année suivante, un diplôme d’études supérieures de physique. Il enseigna d’avril 1929 à octobre 1930 à l’école pratique de commerce et d’industrie de Bonneville (Haute-Savoie). Pendant deux ans, il fut préparateur de chimie à la faculté des sciences de Marseille, où il préparait l’agrégation de sciences physiques qu’il présenta deux fois, sans succès. En 1932, il effectua son service militaire comme sergent chimiste. Il s’était marié en 1929 avec une fille de marchand de bestiaux de l’Isère. Leurs enfants furent élevés « autant que se peut en athée et en révolutionnaire ».

En 1933-1934, il enseigna à l’école pratique de Cherbourg (Manche), où il fut secrétaire de la section du Syndicat de l’enseignement technique. Il participa au lancement du journal local bimensuel du comité Amsterdam-Pleyel, La Lutte antifasciste, auquel il continua de collaborer depuis la Drôme. En octobre 1934, il fut en effet nommé à l’école pratique de Valence où il enseignait les mathématiques. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, il mena dans cette ville une action importante tant au point de vue syndical que politique.

Secrétaire du Syndicat de l’enseignement technique, Chapuis succéda à Léopold Chabal en 1935, au secrétariat du Cartel de la Drôme des services publics et il y impulsa la campagne pour l’abrogation des décrets-lois. Il participa au congrès de fusion de la FGE et de la Fédération unitaire de l’enseignement en 1935. Membre de la commission administrative de l’UD Drôme-Ardèche, puis à partir de la fin de 1938, membre du bureau, il fut délégué aux congrès annuels de 1935 à 1938, au congrès de la Fédération des fonctionnaires de 1935 à 1939. Il participa aussi au congrès national du Syndicat du personnel de l’enseignement technique en mars 1939, où Philippe Rabier fut élu secrétaire général. Il avait soutenu ce dernier en plusieurs occasions : fusion en 1936 des syndicats des ateliers et de l’enseignement général dans le Syndicat de l’enseignement technique, grève du 30 novembre 1938, congrès de mars 1939. Il était lui-même secrétaire régional de la 7e section en 1939.

À Valence, Chapuis compta parmi les fondateurs du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, constitué au début de 1935, et il en devint secrétaire du comité départemental. Il présida aussi l’Association des sous-officiers de réserve républicains, créée dans la Drôme le 19 janvier 1936. Son dévouement et son activité dans ces diverses organisations, lui valurent d’être désigné, en 1935, secrétaire du Comité départemental de Front populaire. Ce Comité groupait, outre le CVIA qu’il représentait, la CGT (Louis Saillant), la CGTU (Charles Doucet), le Parti communiste (Albert Faure), le Parti socialiste (Magnan) et les néo-socialistes (Mondon).

À la fin de 1936, Charles Chapuis, secrétaire de la cellule communiste de Valence-centre, secrétaire adjoint de la section de Valence, fut nommé secrétaire du comité de ville de Valence du Parti communiste auquel il avait adhéré en janvier 1927 quand il était étudiant. En mars de l’année suivante, il fut élu membre du bureau régional du Parti. Il assista comme délégué au IXe congrès du Parti communiste d’Arles en décembre 1937. Il participa fin août-début septembre 1939 à la mise en place de la nouvelle organisation du Parti.

Il collaborait à La Voix populaire. Mais l’autorité que prenait rapidement dans les milieux intellectuels et syndicaux de la Drôme le seul professeur militant au Parti communiste, suscita en 1938 et 1939, sous divers prétextes, les attaques des socialistes se réclamant de « l’indépendance syndicale ». Chapuis fut remplacé par Charles Chamoux à la tête du Comité départemental de Front populaire lorsque celui-ci fut reconstitué en 1938 pour une brève période. Lors de la grève du 30 novembre 1938, en tant que secrétaire de la Fédération des fonctionnaires, il ne réussit pas à entraîner ses collègues, provoquant à son encontre, de la part des mêmes, l’accusation de défaillance. Il ne se laissa pas décourager par ces attaques et continua à militer activement. Il dirigea en 1939, le comité interdépartemental Drôme-Ardèche d’aide aux volontaires de retour d’Espagne.

Mobilisé durant la Seconde Guerre mondiale du 5 septembre 1939 au 31 juillet 1940, il revint à Valence à la mi-septembre 1940. Il figurait sur la liste des suspects avec le numéro 3, et fut arrêté, le 14 janvier 1941, avec vingt-huit autres militants, à la suite de la diffusion de l’Humanité clandestine. Interné au camp de Loriol (Drôme), il fut relevé de ses fonctions (arrêté du 8 février 1941) et, après des perquisitions infructueuses, il fut libéré à la demande du préfet de la Drôme, le 3 mars 1941. Réintégré dans l’enseignement, il fut muté (arrêté du 12 avril 1941) à Firminy (Loire), comme l’avait demandé son épouse. Convoqué par le directeur de l’Enseignement technique, le 23 mai 1941, « il prit l’engagement ferme de s’abstenir de toute activité étrangère à son métier et il affirma que cette attitude était la sienne depuis la mobilisation ». Il enseigna à Firminy jusqu’à l’été 1944, tout en étant interdit de séjour à Valence. En 1942, responsable du parti communiste clandestin pour la vallée de l’Ondaine, il organisa le Front national. Le PCF coupa avec lui en raison de ses contacts avec Antoine Serra (réintégré en janvier 1945) du groupe Pastor (rapport au centre, mars 1944). Membre en 1943-1944 du Comité des intellectuels, il fit partie de la commission de presse du CDL qui comptait six membres et préparait la presse d’après la Libération. Il fut rédacteur en chef et éditorialiste du Patriote de Saint-Étienne. En 1948, dans une brochure éditée par l’Association nationale des anciens combattant FFI-FTPF et leurs amis, il accusait notamment Londres et Alger d’avoir « trahi » les résistants du Vercors (p. 11). il fut homologué membre du Front national, Résistance intérieure française (RIF).

En décembre 1944, Chapuis fut nommé professeur au collège technique de garçons de Marseille, devenu lycée technique du Rempart. Le 14 avril 1947, il devint directeur du Centre du Bâtiment de la rue des Convalescents à Marseille (150 élèves), transformé en 1949 en collège technique, avec mission de créer un grand lycée technique du bâtiment. Ce lycée Diderot ouvrit en 1958 et il en devint le proviseur. Il le développa jusqu’à sa retraite en 1970.

Charles Chapuis participa à tous les congrès académiques du Syndicat national de l’enseignement technique et appartint à la commission administrative de la section régionale (S3). En 1948, il participa également comme délégué au congrès national de la FEN qui décida l’autonomie. De 1946 à 1960, il assista à tous les congrès nationaux du SNET, présidant plusieurs séances (1952, 1953, 1954, 1956, 1961, 1962), appelant à voter pour les listes « Union pour une action syndicale efficace ». Devenu chef d’établissement, il resta militant du SNET jusqu’à la création du SNPDES, puis exceptionnellement après avec l’autorisation des instances du syndicat. Il siégea notamment à la CA académique du SNET en tant que conseiller technique des directeurs.

Chapuis fut élu au Comité fédéral des Bouches-du-Rhône du PCF avant 1953, enseigna dans des écoles fédérales et fut responsable du service d’ordre fédéral. Il fut président départemental de France-URSS.

À partir de 1960, il faisait également partie de la commission administrative de la MGEN des Bouches-du-Rhône et en fut le vice-président. En 1962, il fut élu membre du conseil d’administration de la Caisse primaire de Sécurité sociale du département sur la liste CGT-FEN.

Depuis 1962, Charles Chapuis appartenait à l’Amicale des vétérans du PCF.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19430, notice CHAPUIS Charles, Eugène, Claude par Roger Pierre, Jean Reynaud, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 13 décembre 2021.

Par Roger Pierre, Jean Reynaud

SOURCES : Arch. Nat., F17/30051 A. — Arch. Dép. Drôme, 35 M 360. — RGASPI, Moscou, archives biographiques du Komintern, 495/270/4412, autobiographie du 9 décembre 1937, 517 3, fonds Marty.— Arch. de la section départementale FEN des Bouches-du-Rhône. — Arch. IRHSES. — Bulletin SNI (section Drôme). — SHD, Vincennes GR 16 P 119987, Caen SHD/ AC 21 P 725237, Vincennes SHD/ GR 28 P 11 20— Le Travailleur alpin, 1935-1936. — La Voix populaire. — La Volonté socialiste, 1936-1939. — Vincent Giraudier, Hervé Mauran, Jean Sauvageon, Robert Serre, Des Indésirables. Les camps d’internement dans la Drôme et l’Ardèche pendant la Seconde Guerre mondiale. — Notice DBMOF, par Roger Pierre. — Témoignage de Charles Chapuis et de ses enfants. — Sources orales. — Notes d’Alain Dalançon, de Jacques Girault et Julien Veyret.

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