ANTIER Maurice, Fernand, Paul

Par Alain Dalançon

Né le 11 mars 1918 à Angers (Maine-et-Loire), mort le 25 octobre 2007 à Paris (XVIIIe arr.) ; professeur agrégé d’anglais ; militant syndicaliste du SNES ; président de l’APLV (Association des professeurs de langues vivantes).

Son père, Fernand, était employé des postes, sa mère, née Narcisse Monnier, était couturière. Maurice Antier effectua toutes ses études secondaires au lycée David d’Angers à Angers, de 1929 à 1936. Excellent élève, il alla dans la Khâgne du lycée Henri IV à Paris, sans réussir le concours de l’ENS. Licencié d’anglais, il fut professeur au collège de Bayeux (Calvados) et épousa le 16 août 1943, à Angers, Jacqueline Bruel, alors étudiante dans cette ville. Il prépara l’agrégation à Caen (Calvados) avec Louis Landré, futur président de l’APLV, réussit au concours normal de 1945, puis fut nommé professeur au lycée d’Angers où il avait fait toutes ses humanités. Par la suite, il fut un des responsables de l’association des anciens élèves et co-rédigea l’histoire du lycée.

Maurice Antier milita dès la Libération, à la fois à l’APLV dont il créa une section dans son lycée à la rentrée 1946, et au Syndicat national de l’enseignement secondaire, dont il fut secrétaire de la section départementale (S2) du Maine-et-Loire à partir de 1947-1948. Il prit une part active aux débats opposant les partisans du maintien à la CGT à ceux défenseurs de l’autonomie. Ainsi, dans L’Université syndicaliste de décembre 1948, signa-t-il un long article intitulé « Le pain, la paix et la liberté », réponse à un article de Paul Delanoue paru dans L’Enseignement public, où il faisait le constat de « l’échec de la CGT depuis 4 ans » et manifestait son soulagement de la quitter. Dans L’US du 22 janvier 1950, il défendit une conception ouverte de l’autonomie en se prononçant « Pour un syndicalisme d’éducateurs » qui ne soit pas « replié sur le corporatisme égoïste ».

Il obtint sa mutation au lycée Michelet à Vanves (Seine, Hauts-de-Seine) puis au lycée Henri IV à Paris en 1952, où il termina sa carrière dans le second degré. Il enseigna également comme maître de conférences à l’École Polytechnique et donna des cours à la Sorbonne et à la nouvelle université de Vincennes.

Maurice Antier poursuivit son militantisme syndical et associatif pour défendre à la fois les intérêts corporatifs de ses collègues linguistes et une conception moderne de l’enseignement des langues vivantes. Rédacteur en chef du bulletin de l’APLV, Langues Modernes, de 1952 à 1958, il devint vice-président de l’association puis président deux fois, au début puis à la fin des années soixante. Il bouscula le conservatisme d’un enseignement suranné, en manifestant son intérêt pour toutes les techniques audiovisuelles permettant à l’enseignant de faire entrer la langue authentique dans la classe, de passer du rôle de source de toute l’information à celui d’aide à l’apprentissage. Il fit en sorte que l’association diffuse l’information, en servant d’interface entre les chercheurs et les praticiens. Les manuels qu’il rédigea, seul ou en collaboration, illustraient cette orientation.

Élu commissaire paritaire national des agrégés en 1965 sur la liste FEN, il s’attacha en particulier à réclamer des inspections régulières pour éviter les retards de promotion des collègues provinciaux. Il accepta d’être candidat sur la liste des « autonomes » aux élections de la CA nationale du SNES en 1966 et 1967 et fut élu suppléant.

Juste après 1968, il ouvrit l’association aux jeunes universitaires désireux de réformer l’institution en profondeur. L’APLV défendit le MUR, « mode unique de recrutement », repris par le ministre de l’Éducation nationale, Edgar Faure, qui aurait permis l’unification de la formation des maîtres du second degré au plus haut niveau, en faisant disparaître CAPES et agrégation. Gérard Alaphilippe, secrétaire général adjoint du SNES, fut également séduit par le projet mais le ministre ne tint pas sa promesse au printemps 1969, et mit en place le statut des PEGC (professeur d’enseignement général des collèges).

L’année suivante, Maurice Antier mena le combat contre l’application de la circulaire du 17 novembre 1969 du nouveau ministre, Olivier Guichard, supprimant l’obligation d’apprendre une seconde langue vivante à partir de la classe de quatrième. Cette circulaire suscita un important mouvement de protestation organisée par les syndicats de la FEN (SNES, SNESup, SNPEN) en concertation avec l’APLV, avec conférence de presse commune et des grèves des professeurs de langues vivantes du SNESup et de leurs étudiants. Dans un article du Nouvel Observateur, du 23 février 1970, Maurice Antier expliqua en quoi cette circulaire méconnaissait « l’exigence de plus en plus impérative de la pratique des langues étrangères, indispensable à de multiples métiers ». On enseignerait beaucoup moins certaines langues en les rendant facultatives, en particulier l’espagnol et l’italien. Le ministre partait aussi de la présupposition fausse « qu’il existerait d’une part, des enfants « doués » qui choisiraient une seconde langue, et d’autres, qui ne la choisiraient pas ». Une telle mesure allait en outre à l’encontre de la construction européenne.

Maurice Antier resta fidèle à l’APLV jusqu’à la fin de sa vie, spectateur attentif et toujours passionné. Tout en s’intéressant à l’histoire de sa ville, et à celle de personnalités angevines de l’époque des Lumières : un chimiste, un voyageur aux États-Unis sur les traces de Chateaubriand.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article194336, notice ANTIER Maurice, Fernand, Paul par Alain Dalançon, version mise en ligne le 2 août 2017, dernière modification le 6 novembre 2020.

Par Alain Dalançon

ŒUVRE : Plusieurs manuels réédités dont : Fluent English, Cours d’anglais parlé et écrit à l’usage de la classe de 2de des lycées, collèges et écoles normales, Didier, 1956 ; L’Anglais par l’explication de textes. Classes terminales, propédeutiques, préparation aux grandes écoles, Didier ; Savoir l’anglais, classique Hachette 1971 ; La Vie d’aujourd’hui de A à Z avec James, Ann Laffay, Bernard Warch. — Avec Girard Denis, Hardin Gérard, Pédagogie de l’anglais, Hachette, 1972.

SOURCES : Arch. IRHSES (dont L’Université syndicaliste). — Article de Maurice Antier, « Une politique incohérente », Le nouvel Observateur, 23 février 1970. — « Vingt ans avant. Interview de Maurice Antier », Les Langues modernes n° 2, 1986, p. 99-105. — « Quelques souvenirs de Maurice Antier », Langues modernes, 2003/1. — Pierre Moreau, « In Memoriam Maurice Antier », Langues modernes, 2007. — Etat civil d’Angers

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