PIO Fernand, alias « Fernand »

Par André Balent

Né le 12 juin 1914 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; mort exécuté sommaire le 29 mai 1944 à Badaroux (Lozère) ; résistant (maquis Bir Hakeim de l’Armée secrète)

Fils de Donat Pio et d’Élisabeth Largnèze, Fernand Pio résidait à Clermont-l’Hérault (Hérault). En 1943, il était sans profession.

En 1943, il était déjà membre du groupe de l’Armée secrète (AS) formé à partir des MUR (Mouvements unis de la Résistance) du Clermontais par Paul Demarne et Mohamed Bouzid. En novembre 1943, il devint l’un des membres du groupe franc (AS) que Paul Demarne forma avec les plus déterminés des jeunes réfractaires du Clermontais : Pierre Manzanera, François Arjona (« Arjo »), Fernand Pio, Marcel Compan, Camille Sallan, Théogène Heultz, Roger Salasc, Hippolyte Guiraudou, Marc Sans, Julien André. En décembre 1943, Demarne décida d’intégrer le groupe de combat de l’AS du Clermontais au maquis Bir Hakeim (AS) créé initialement à Toulouse (Haute-Garonne), après avoir pris contact avec son chef, Jean Capel qui relocalisait l’activité de sa formation dans l’Hérault et le Gard. Bir Hakeim, après avoir dépendu initialement de la R 4 appartenait désormais à la R 3. Bir Hakeim se transformait en une assemblage complexe de maquis (avec un maquis principal) et de groupes francs urbains ou ruraux, à Toulouse, Montpellier et dans le Clermontais. Pio appartint initialement au groupe franc de Clermont-l’Hérault dirigé par Demarne. Celui-ci conçut d’audacieux coups de main afin de récupérer des armes, des véhicules et du matériel nécessaires à l’activité du maquis principal.

Fernand Pio intégra ce dernier lorsque, à la mi-mars 1944, il établit son cantonnement dans les Cévennes au mas isolé et abandonné de la Picharlarié (commune de Moissac-Vallée-Française, Lozère). Il participa aux combats de la Vallée Française contre la redoutable division blindée SS Hohenstaufen entre le 7 et le 12 avril 1944.

Pio participa ensuite aux regroupements successifs de Bir Hakeim à la Rouvière (Sainte-Croix-Vallée-Française, Lozère) puis au château de Fons (Bassurels, Lozère) et, enfin, au Grand Hôtel du Fangas (Valleraugue, Gard), près du sommet du mont Aigoual, point culminant des Cévennes. Pendant la nuit du 25 au 26 mai 1944, l’imminence d’une attaque conjointe du Fangas par des forces vichystes (GMR et Milice) incita Capel à quitter ce cantonnement cévenol (il avait d’ailleurs promis aux autres chefs de maquis AS de quitter les Cévennes) pour s’installer à La Parade (Lozère) sur le causse Méjean. Pio fit partie du groupe motorisé de Bir Hakeim qui comprenait des camions (avec du matériel), une cuisine roulante et des motos et des side-cars (Voir aussi Heinz Johann Karl). Arrivés à La Parade dès le 26 mai, ils préparèrent le cantonnement pour ceux des maquisards qui faisaient le trajet à pied.

Le 28 mai, au matin les troupes d’occupation (Allemands et Légion arménienne) venues pendant la nuit de Mende parce qu’elles avaient été averties de la présence de Bir Hakeim sur le causse Méjean encerclèrent La Parade avant de livrer à l’assaut des maquisards. Capel envoya un motocycliste sur la route de Meyrueis afin de d’effectuer la liaison avec le groupe de Bir Hakeim venu de l’Hérault sous le commandement de Demarne qui devait renforcer le dispositif de défense du causse Méjean (Demarne et ses hommes furent plus tard prévenus du combat et de la tuerie qui avait décimé Bir Hakeim à La Parade). Ce motocycliste était selon toute vraisemblance Fernand Pio qui connaissait parfaitement Demarne et ses hommes de la région de Clermont-l’Hérault. Le motocycliste tomba en panne à 1 kilomètre de La Parade environ et rencontra les troupes d’occupation qui le firent prisonnier.

Vers 15 heures 15, Fernand Pio fit partie des prisonniers qui ramassèrent les corps des morts et des blessés parmi les soldats des troupes d’occupation. À 17 heures il embarqua avec les autres prisonniers sur un camion qui l’amena à Mende où il fut livré à la Sipo-SD qui le détint dans la villa Lyonnet où elle avait établi son siège. Selon toute vraisemblance, il fit partie de ceux, parmi les « Biraquins » prisonniers, qui ne furent pas torturés. En effet, Anna Rousseau*, secrétaire du CDL de la Lozère et dont le mari, un des lieutenants de Capel, avait été tué à La Parade procéda à l’identification des maquisards tués à La Parade et à Badaroux. Elle nota à l’intention des parents de Pio : « Votre fils ne porte pas de traces de blessures, il est probable qu’il ait fait partie de ceux qui furent épargnés [des tortures infligées] ». Le lendemain matin, les prisonniers furent amenés en camion au ravin de la Tourette (commune de Badaroux, Lozère) le long du remblai de la voie ferrée de Labastide – Puylaurent (Lozère) à Marvejols (Lozère) via Mende. Il furent exécutés sommairement. Inhumé dans une fosse commune du cimetière de Badaroux, Fernand Pio avait été reconnu avant son inhumation par les gendarmes qui trouvèrent sur son corps « un bulletin de recensement au nom de Pio Fernand domicilié à Clermont-l’Hérault rue Coutellerie n° 10 par le commissariat du STO ». Son portefeuille retrouvé par les gendarmes contenait 1 900 francs (un billet de 1000 F., 1 billet de 500 F., 4 billets de 100 F.). Reconnu par ses parents le 15 janvier 1945, il fut ré-inhumé au cimetière de Clermont-l’Hérault. Son acte de décès a été établi le 27 mai 1945 et inscrit sur le registre de l’état civil de La Parade.

Son nom fut inscrit sur le monument aux morts de Clermont-l’Hérault (Hérault), sur la stèle érigée à proximité du monument aux morts de cette commune à la mémoire des Clermontois morts pour faits de résistance, au combat, fusillés ou en déportation ; sur le monument érigé à Mourèze (Hérault) en l’honneur des membres du maquis Bir Hakeim morts au combat ou fusillés et sur le monument érigé à La Parade (commune de Hures-la Parade, Lozère) pour commémorer les morts du combat de La Parade et les prisonniers exécutés sommairement à Badaroux.

Voir Badaroux, ravin de la Tourette (29 mai 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article194421, notice PIO Fernand, alias « Fernand » par André Balent, version mise en ligne le 10 août 2017, dernière modification le 12 septembre 2021.

Par André Balent

SOURCES : René Maruéjol, Aimé Vielzeuf, Le maquis « Bir Hakeim », 2e édition, Genève, Éditions de Crémille, 1972, 251 p. [en particulier, pp. 10, 39].— Association pour des études sur la Résistance intérieure (AERI), Association départementale des Anciens de la Résistance de Lozère, ANACR Lozère, La Résistance en Lozère, CDROM accompagné d’un livret, 27 p., Paris, 2006. — Site MemorialGenWeb consulté le 10 août 2017.

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