SAMAMA Maxime, alias "Maxime"

Par André Balent

Né le 6 octobre 1922 à Tunis (Tunisie), exécuté sommairement le 29 mai 1944 à Badaroux (Lozère) ; réfugié à Marseille (Bouches-du-Rhône) puis clandestin dans les Cévennes (Gard et Lozère) ; résistant (Armée secrète, AS) du Gard et de la Lozère, maquis école d’Ardaillès-Soureilhade (Valleraugue, Gard), maquis Bir Hakeim (Lozère)

Maxime Samama (1922-1944)
Arch. André Balent

Maxime était le fils de Victor Samama et de Chabat Cohen ben Kamouch. Né en Tunisie, il vécut ensuite à Paris (5e arrondissement) où ses parents s’étaient installés. La famille Samama quitta la capitale française pour Marseille en 1940, croyant sans doute fuir la menace que pouvait représenter pour une famille juive la présence nazie dans la zone occupée.

Dans la cité phocéenne, Maxime Samama trouva un emploi (nous ignorons lequel). En décembre 1942, il quitta son emploi et partit de Marseille désormais occupée par les Allemands. La ville devenait incertaine et les Juifs y étaient traqués.

Il se rendit dans le Gard, département où il était sûr de trouver un abri. Les Cévennes, montagne boisée au relief vallonné du sud-est du Massif Central, avec un habitat dispersé, étaient d’autant plus une terre de refuge pour les proscrits de toutes origines que sa population paysanne, pour l’essentiel de religion réformée était, dans sa grande majorité, disposée, pour des raisons historiques, depuis à la guerre des Camisards, mue par un profond sentiment des solidarité pour les victimes de récession et d’oppression pour des motifs religieux ou politiques. Les Cévennes protestantes étaient majoritairement politiquement orientées à gauche. Beaucoup de pasteurs (et leurs épouses), dans les villages montagnards, furent à la fois les fers de lance de cet accueil des personnes menacées par un pouvoir arbitraire et impliqués dans la Résistance. Le jeune pasteur Laurent Olivès (né en 1913), résidait à Ardaillers, l’un des nombreux hameaux de la vaste commune montagnarde de Valleraugue où se trouve le mont Aigoual, point culminant les Cévennes. La paroisse dont il avait la charge depuis 1938 comprenait en particulier les trois villages d’Ardaillers, Taleyrac et L’Espérou.

Comme beaucoup de fugitifs et de réfractaires, Maxime Samama chercha donc à trouver un abri dans ces montagnes. Ayant été aiguillé vers Valleraugue, il fut pris en charge, comme d’autres, par le pasteur Olivès. Celui-ci recueillit des Juifs qu’il s’efforça aussi de faire passer en Suisse. Mais, décidé à enter en résistance, il était devenu un membre de l’AS gardoise. Il prit donc l’initiative de rassembler les jeunes fugitifs et réfractaires dans un maquis installé dans la grange de la Combe près de Taleyrac. Dès mars 1943, y étaient rassemblés plusieurs dizaines de réfractaires. Samama était l’un d’eux. En novembre 1943, Olivès franchit un nouveau pas en créant le maquis école destiné à donner une formation militaire aux cadres de la Résistance. Cela permettait de mieux assurer le ravitaillement des réfractaires qu’à la Combe. Cette formation était implanté à Ardaillers dans une vieille maison cévenole en mauvais état que l’on avait prêtée à Olivés, la Soureilhade. Ce maquis de l’AS fut désormais connu comme maquis d’Ardaillers-La Soureilhade. Samama participa à ses activités jusqu’au 29 février 1944.

Ce jour-là Ardaillers fut occupé par les éléments de la 9e Panzer Division SS Hohenstaufen (350 hommes environ venus avec 47 véhicules). Le convoi allemand avait été repéré lors de son passage à Ganges (Hérault), Olivès fut averti. Il prévint aussitôt la trentaine de maquisards qui se trouvaient qui partirent dans les montagnes suivis par quelques villageois d’Ardaillers. Les Allemands pillèrent Ardaillers et mirent le feu au mas Gibert. Ils tirèrent à la mitrailleuse et au canon contre des maquisards qui fuyaient et qu’ils ne purent atteindre tuèrent par balles un habitant d’Ardaillers, Émile Nadal qui voulait stopper l’incendie de sa maison. D’autres maisons du village atteintes par des projectiles d’artillerie prirent feu. Six habitants furent pris en otages puis remis à Sipo-SD de Nîmes qui les tortura : Émile Eckhardt propriétaire du Grand Hôtel de l’Aigoual, Hénoc Nadal, Louis Carle, Désir Jeanjean, Fernand Nadal et Joël Nadal. Le 6 mars 1944, deux d’entre eux furent libérés sans que l’on en sache la raison (Fernand et Noël Nadal). Les autres furent pendus à Nîmes, en trois lieux différents de la ville avec neuf hommes arrêtés le jour précédent à Driolle et Lasalle (Gard) et deux membres du maquis Bir Hakeim (Albert Lévêque et Fortuné Donati), tombés entre leurs mains, blessés, à Saint-Hippolyte-du-Fort (Gard).

Après l’attaque du 29 février qui lui permit d’échapper au piège tendu par les Allemands, le maquis d’Ardaillers-Soureilhade se divisa en quatre groupes. Maxime Samama fit partie du plus important, celui commandé par Jacques Poujol qui s’installa dans la région de Vébron, en Lozère, dans les gorges du Tarnon, entre le massif de l’Aigoual et le causse Méjean. Il se déplaçait, parfois fort loin, jusqu’à Saint-Guilhem-le-Désert (Hérault), afin d’éviter la Milice et les Allemands (Armée, Sipo-SD)

Le 3 avril 1944 Poujol se rendit à la Picharlarié (commune de Moissac-Vallée-Française, Lozère) pour discuter avec Jean Capel, chef du maquis Bir Hakeim (AS). Parlant au nom du pasteur Olivès, il refusa que son groupe intégrât ce maquis. Deux de ses hommes quittèrent le maquis d’Ardaillers-Soureilhade et intégrèrent la formation de Capel : Maxime Samama et Jean Vagny alias « Tarragone ».

Intégré à Bir Hakeim, Samama participa aux combats de la Vallée Française (7-12 avril 1944). Il participa ensuite au regroupement du maquis au Castanier puis au château de Fons. Le 24 avril, il accompagna Capel — Samama qui connaissait les hommes du maquis d’Ardaillers guida le chef de Bir Hakeim qui se déplaça, comme souvent, en Traction avant — au hameau du Viala (Vébron, Lozère) afin, une fois de plus, de convaincre le groupe de Jacques Poujol du maquis d’Ardaillers-Soureilhade de rallier Bir Hakeim. Cette tentative échoua. Entre le 6 et le 12 mai, il participa à l’expédition de Bir Hakeim dans l’Hérault afin de réceptionner avec ses camarades un parachutage d’armes qui avorta. De retour à Fons, il suivit les pérégrinations de Bir Hakeim, au Grand Hôtel du Fangas (Valleraugue, Gard) à, proximité du mont Aigoual puis à La Parade (Lozère), sur le causse Méjean.

Dans la nuit du 25 au 26 mai 1944, Capel, informé, entre autres par Laurent Olivès, de l’imminence d’une attaque des forces vichystes (GMR et Milice), ordonna le départ de ses hommes vers La Parade. La plus grande partie d’entre eux effectua le trajet à pied, non sans avoir essuyé des tirs de Francs-gardes. Ayant franchi nuitamment le col de Perjuret et s’étant cachés pendant le jour, ils arrivèrent fourbus à La Parade.

Maxime Samama fut surpris, le lendemain matin, le 28 mai, dimanche de la Pentecôte, par l’attaque des forces d’occupation — Allemands et Arméniens de l’Ost Legion — venues pendant la nuit depuis Mende et qui avaient encerclé La Parade. Pendant toute la journée, Samama participa aux combats, tenant le hameau de La Borie, à proximité immédiate de La Parade et où se trouvait, au « château Lapeyre », l’état major du maquis. À 16 heures, il fit partie des derniers défenseurs du « château » qui, à court de munitions firent leur reddition après avoir reçu la promesse qu’ils seraient traités en prisonniers de guerre. En fait, embarqués à 17 heures, avec les autres prisonniers de Bir Hakeim (au total vingt-sept hommes) sur des camions allemands, ils furent remis, à leur arrivée, à la Sipo-SD qui tortura durement la plupart d’entre eux dans les caves de la villa Lyonnet, son siège à Mende.

Le lendemain, ils furent tous conduits en camion au ravin de la Tourette (Badaroux, Lozère), le long du remblai de la voie ferrée de Labastide – Puylaurent (Lozère) à Marvejols (Lozère) via Mende. Il furent exécutés sommairement. Inhumé dans une fosse commune du cimetière de Badaroux, Samama fut homologué lieutenant des FFI à titre posthume avec effet le 18 avril 1944. Son nom figure sur le monument de La Parade, érigé en mémoire des morts de Bir Hakeim, les 28 et 29 mai 1944. Celui-ci est inscrit sur les deux stèles de la Tourette (Badaroux, Lozère) érigées en la mémoire des vingt-sept exécutés du 29 juin 1944. Il est également gravé (« Samana » au lieu de « Samama ») à Mourèze (Hérault) sur le grand mémorial édifié en l’honneur des maquisards de Bir Hakeim morts au combat ou exécutés entre septembre 1943 et août 1944.

Voir Badaroux, ravin de la Tourette, 29 mai 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article194452, notice SAMAMA Maxime, alias "Maxime" par André Balent, version mise en ligne le 13 août 2017, dernière modification le 8 décembre 2020.

Par André Balent

Maxime Samama (1922-1944)
Arch. André Balent

SOURCES : Gérard Bouladou, Les maquis du Massif Central méridional 1943-1944. Ardèche, Aude, Aveyron, Gard, Hérault, Lozère, Tarn, Nîmes, Lacour Rediviva, 2006, 617 p. [En particulier, p.320].— Éveline & Yvan Brès, Un maquis d’antifascistes allemands en France (1942-1944), Montpellier, les Presses du Languedoc/Max Chaleil éditeur, 1987, 348 p. [p. 169]. — Aimé Vielzeuf, Bloc-notes 44 (Dans le Gard, en attendant la liberté), Nîmes, Lacour, 1994, 150 + XXXII p. [voir plus particulièrement les pp. 27-29 : « 19 février 1944 attaque du maquis de la Soureilhade à Ardaillers »]. — Association pour des études sur la Résistance intérieure (AERI), Association départementale des Anciens de la Résistance de Lozère, ANACR Lozère, La Résistance en Lozère, CDROM accompagné d’un livret, 27 p., Paris, 2006. — Site MemorialGenWeb consulté le 13 août 2017.

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