TOUTAIN Joëlle, Jacqueline, Aline [née LE GRIFFON]

Par Jacques Defortescu

Née le 20 Juillet 1946 au Havre/Sanvic (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) ; militante syndicale CGT et communiste.

Joëlle Toutain en 2013
Joëlle Toutain en 2013
©J. Defortescu

Joëlle Toutain était la fille de Pierre Le Griffon et de Jacqueline Leleu son épouse. Son père fut tour à tour employé chez Ferrodo à Condé-sur-Noirot de 1942 à 1944, contaminé dès cette époque par l’amiante, il en décéda 40 ans plus tard. Élève tourneur en 1946, embauché chez Augustin Normand en 1946 (chantiers navales), puis à la Compagnie Industrielle Maritime en 1947 (pétroles), et enfin à la Ville du Havre, d’abord comme dessinateur, puis surveillant de travaux terminant sa carrière comme Adjoint technique. Sa mère fut vendeuse du journal local le Petit Havre avant-guerre, puis cessa son travail pour élever ses enfants.
Joëlle Toutain a eu trois sœurs, Jocelyne née le 1er janvier 1943 à Berjou (Orne), Sylvette née le 7 novembre 1944 au Havre et décédée le 30 juin 1992, et Myriam née le 12 juin 1949 au Havre.
De 1952 à 1956, Joëlle Le Griffon fréquenta l’école Paul Bert à Sanvic (commune des hauteurs du Havre jusqu’en 1955, date à laquelle elle fut rattachée au Havre), puis en 1957, l’école des Acacias sur les hauteurs du Havre dans le quartier de Frileuse. En 1961, elle entra au Collège Moderne puis jusqu’en 1963 au Collège Raoul Dufy. Elle suivit ensuite une formation de secrétaire médico-sociale au lycée Jules Lecesne au Havre. Elle obtint son Brevet de Secrétaire médico-sociale en 1965, à l’occasion de la première promotion sur la commune.
Elle suit les activités de son père militant pour la paix en Algérie et au Vêt-Nam, et adhéra au Mouvement de la paix. En 1964 elle rejoignit le PCF au Havre avec Annie Lousse (qui sera plus tard directrice du cabinet d’André Duroméa, député maire du Havre et Antoine Gutteriez qui avait vécu la guerre d’Espagne. Elle resta membre de ce parti pendant 47 ans, jusqu’en 2011.
Elle écrivit à Marie-Georges Buffet en 2007, pendant la campagne des élections présidentielles et à Céline Brulin, alors secrétaire départementale de la Fédération de Seine-Maritime du PCF. N’ayant reçu aucune réponse à ses interrogations, elle quitta le PCF en désaccord avec certaines pratiques internes, mais n’en restait pas moins une « compagne de route ».
Son premier emploi fut effectué à la clinique François 1er. Cette première expérience fut de courte durée (six mois) En avril 1966 elle devint secrétaire de mairie à la Mairie Annexe de Gournay (sur la commune de Gonfreville-l’Orcher).
Joëlle Toutain s’engagea dans une formation professionnelle de rédactrice de la Fonction Publique territoriale, dès 1970, interrompu à plusieurs reprises notamment par la naissance de ses deux enfants. Pendant cette période, sur la demande du maire de la commune, Jacques Eberhard, mettant à profit le volet Social de sa formation, elle mena des enquêtes pour aider les familles les plus déshéritées, afin de monter des dossiers pour le Bureau d’Aide Sociale de la commune. À partir de 1971, elle fut affectée sur un poste de secrétariat de mairie annexe le matin à Gournay-en-Caux et l’après-midi sur Mayville (autre quartier de Gonfreville-l’Orcher).
En 1992, elle accéda au grade de rédactrice (Cadre B de la fonction publique)
Dès son embauche le 1er avril 1966 à la Mairie de Gonfreville-l’Orcher, elle adhéra au syndicat CGT dont le secrétaire d’alors alors Maurice Legrand.
Elle devint secrétaire du syndicat ouvrier/employé CGT des territoriaux de Gonfreville l’Orcher en 1974, élue après le départ de Jean Perchey.
Désignée par son syndicat pour représenter le collège des salariés, elle fut nommée en 1975 Administratrice de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie du Havre et exerça ce mandat jusqu’en 2003.
Cette époque fut marquée pour elle par un intense engagement dans le mouvement syndical.
Elle milita au bureau de la coordination Syndicale Départementale CGT (CSD) des salariés de la Fonction publique territoriale, à la commission exécutive et au Bureau de l’Union des syndicats CGT d’Harfleur /Tancarville en 1974, puis a la commission exécutive et au Bureau de l’Union Départementale CGT de Seine-Maritime. Elle participa alors à de nombreuses formations pour remplir correctement ses mandats : Stages sur la protection sociale à Strasbourg, en 1981 et 1982 ; formation éducatrice pour la CGT etc…
En 1999, elle devint codirectrice du cabinet du maire de Gonfreville l’Orcher, Jean-Paul Lecoq. Elle fut particulièrement chargée de faire vivre les « relations internationales » et de l’aide à la mise en place d’une politique locale basée sur la « culture de paix » en accord avec l’engagement de la ville auprès de l’AFCDRP (Association Françaises des Communes, Départements, Régions pour la Paix).
Au congrès du syndicat qui suivit cette prise de responsabilité professionnelle, les délégué.e.s. ne la reconduisirent pas à la commission exécutive (à une voix près) au prétexte qu’elle était cadre et trop proche du maire, l’employeur.
En 2001, elle devint bénévole au Centre Social avec l’Association Gonfrevillaise d’Initiatives d’échanges et de solidarité (AGIES) puis secrétaire en 2005.
En 2002, elle fut candidate suppléante aux élections législatives dans la 9e circonscription de Seine-Maritime représentant le PCF (le titulaire étant Jean-Claude Blondel, élu à Montivilliers) où ils réunirent 2,85 % des suffrages.
Adhérente depuis 2003 à « Femmes solidaires », mais également à France- Palestine Solidarité-, à l’Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne (ATTAC) et à une Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne (AMAP) de l’arrondissement du Havre, c’est surtout dans la cause pour la libération du peuple Sahraoui, que Joëlle Toutain et Pierre Toutain (son époux), s’engagèrent.
En 1993, ils découvrirent la question de l’existence et du combat du peuple Sahraoui.
La ville de Gonfreville l’Orcher organisait cette année-là, à l’initiative de son maire de l’époque Marcel Le Mignot, un accueil d’enfants du Sahara occidental en butte à une guerre de libération menée par le Front Polisario contre l’occupation marocaine depuis la fin de l’année 1975. La municipalité décida alors un jumelage avec J’Réfia, camp de réfugié sahraoui en Algérie (Région de Tindouf)
Joëlle et Pierre Toutain adhérèrent alors à ce Comité de Jumelage dès sa création en 1993. Ils se rendirent de nombreuses fois dans les campements de réfugiés après leur première visite en 1994 où ils y accompagnèrent plus d’une centaine de français avec l’Association des Amis de la RASD (République Arabe Socialiste Démocratique), organisatrice, dont elle devint un membre actif.
En 1999, la ville de Gonfreville-l’Orcher et son comité de jumelage redonnèrent du dynamisme au jumelage avec Teltow, signé en 1963, avec cette petite ville allemande de la RDA proche de Berlin.
En désaccord grave sur le fonctionnement du Comité de jumelage de Gonfreville-l’Orcher, ils en démissionnèrent en 2009.
En 2010, a la faveur de sa participation individuelle à un colloque sur les Droits de l’Homme qui se tenait dans les campements de réfugiés sahraouis, Joëlle fut amenée à jouer le rôle de « bouclier » pour raccompagner avec cinq autres représentants français et espagnols, des militants sahraouis dans les territoires occupés du Sahara Occidental qu’elle visita à cette occasion. Elle fut ensuite observatrice internationale au Procès des militants sahraouis au tribunal militaire de Rabat en février 2013, puis pétitionnaire à la 4e commission de l’ONU en Octobre 2013.
Toujours décidée à défendre la cause du peuple Sahraoui, elle s’engagea alors dans l’Association havraise « Un camion-citerne pour les sahraouis », créée au Havre en 1991, adhérente a l’association Nationale des Amis de la RASD (République Arabe Sahraouie Démocratique).
Mariée à Pierre Toutain au Havre le 26 décembre 1966, ils eurent deux fils : Renaud né le 21 aout 1971 à Harfleur et Simon né le 5 janvier 1973 à Harfleur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article194546, notice TOUTAIN Joëlle, Jacqueline, Aline [née LE GRIFFON] par Jacques Defortescu, version mise en ligne le 17 août 2017, dernière modification le 30 octobre 2022.

Par Jacques Defortescu

Joëlle Toutain en 2013
Joëlle Toutain en 2013
©J. Defortescu

SOURCES : Entretien avec Joëlle Toutain juillet 2017. — Marie-Paule Dhaille-Hervieu, Communistes au Havre, Histoire sociale, culturelle et politique (1930-1983), Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2009. — Régine Villemont, Avec les Saharaouis- Une histoire solidaire de 1975 à nos jours…, L’Harmattan, 2009.

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