NEUHARD Liévin, Guillaume

Par André Balent

Né le 18 août 1922 à Heverlee (Brabant, Belgique), mort le 28 mai 1944 en action de combat à La Parade (Lozère) ; résistant (maquis Bir Hakeim [Languedoc] de l’Armée secrète)

Lievin Neuhard (1922-1944)
Lievin Neuhard (1922-1944)
Archives Martine de Gos. Carte de prière de Lievin Neuhard : la traduction du texte en français se trouve dans le corps de la notice biographique. Photographie Martine de Gos

Liévin Neuhard, était le fils de Frans Neuhard et de Marie, Virginie Cockx. Il était originaire d’une commune flamande des environs de Louvain. Sa famille était catholique et lui-même pratiquait cette religion, tout comme Jules Coolens et à la différence d’Éric Premer issu d’un milieu laïque et socialiste..Il possédait une "carte de prière" avec sa photographie au verso de laquelle était écrit en néerlandais : " membre du groupe de résistance Commandant Lambert (?), lieutenant du maquis "Bir Hakeim", né à Heverlee le 18 août 1922 et décédé à La Borie, département Lozère (France), le 28 mai 1944". Nous trouvons là une mention manuscrite d’un grade. Il s’agit d’une homologation dans les FFI attribuée après la Libération. Tous les morts au combat à la Parade et les fusillés de Badaroux (29 mai 1944) ont eu droit au moins à ce grade après la Libération.

Le destin résistant de Liévin Neuhard est parallèle à celui de deux autres jeunes Belges, Jules Coolens et Éric Premer., à partir de l’automne 1942.

Ils se sont rencontrés au centre de pré-apprentissage de Tarascon-sur-Rhône (Bouches-du-Rhône). Coolens et Premer avaient quitté la Belgique le 24 mai 1942, et, arrivés en France, avaient intégré ce centre de formation à Tarascon pour l’année scolaire 19442-1943 ; Lievin Neuhard, avait, pour sa part, quitté la Belgique le 15 janvier 1942. Ils ne semblent pas s’être connus auparavant.

En août, tous trois étaient à Pont-Saint-Esprit (Gard).d’où ils envoyèrent des lettres qui cosignèrent.Pendant l’année scolaire 1943-1944, tous trois fréquentaient le centre de préapprentissage et de placement d’Uzès (Gard).

Sans doute parce qu’ils étaient menacés d’être réquisitionnés pour le STO, ils quittèrent donc leur centre de préapprentissage dans la nuit du 31 décembre 1943 au 1er janvier 1944. Ils étaient vraisemblablement informés que le maquis Bir Hakeim (AS) était cantonné depuis le 3 décembre 1943 près de Pont-Saint-Esprit (Gard), au mas de Terris (commune de Méjannes-le-Clap, Gard) et ils s’y rendirent.

Désormais le parcours résistant de Neuhard et de ses deux amis belges se confondit avec celui du groupe principal de Bir Hakeim. Dans l’intervalle des cantonnements successifs du maquis il participa aux coups de main, actions armées et combats de Bir Hakeim (Voir Capel Jean alias « commandant Barot ». Le 5 janvier, ils quitta le mas de Terris pour celui de la Sivardière, toujours à Méjannes-le-Clap. Ils gagna ensuite le mas du Serret (commune de Labastide-de-Vitrac, Ardèche) du 26 janvier au 29 février), au hameau des Crottes (commune de Labastide-de-Virac), à proximité des gorges de l’Ardèche, du 29 février au 3 mars (Voir Labastide-de-Virac, hameau des Crottes (3 mars 1944)). S’étant dispersés, les maquisards savaient qu’ils devaient se regrouper à la Picharlariè, ferme isolée et inoccupée de Moissac-Vallée-Française (Lozère), dans les Cévennes. Ce fut chose faite entre le 10 et le 15 mars. À la Picharlarié, Bir Hakeim cohabita avec le maquis école du « comité de Saint-Jean » [du-Gard] (AS, lui aussi) et exerça une force d’attraction sur les membres de ce dernier au point qu’ils finirent par fusionner. Le 7 puis le 12 avril, Neuhard participa aux combats de la Vallée Française contre les forces d’occupation et, dès le 13, au regroupement du maquis au Castanier (commune de Sainte-Croix-Vallée-Française, Lozère) puis au château de Fons (commune de Bassurels, Lozère). Entre le 6 et le 12 mai, il participa à l’expédition de Bir Hakeim dans l’Hérault afin de réceptionner avec ses camarades un parachutage d’armes qui avorta. De retour à Fons, il suivit les pérégrinations de Bir Hakeim, au Grand Hôtel du Fangas (Valleraugue, Gard) à proximité du mont Aigoual puis à La Parade (Lozère), sur le causse Méjean. Dans la nuit du 25 au 26 mai 1944, Capel, informé, entre autres, par Laurent Olivès le pasteur résistant d’Ardailhès, de l’imminence d’une attaque des forces vichystes (GMR et Milice), ordonna le départ de ses hommes vers La Parade. La plus grande partie d’entre eux effectua le trajet à pied, non sans avoir essuyé des tirs de Francs-gardes. Ayant franchi nuitamment le col de Perjuret et s’étant cachés pendant le jour, ils arrivèrent fourbus à La Parade.

Le lendemain, 28 mai 1944, dimanche de la Pentecôte, les forces d’occupation — Allemands et Arméniens de l’Ost Legion — venues pendant la nuit depuis Mende encerclèrent La Parade et attaquèrent le cantonnement du maquis dont l’état major était installé au « château » Lapeyre — en fait une grande ferme caussenarde — au hameau de La Borie, à proximité immédiate du village de La Parade. Neuhard participa à la défense du cantonnement. On ignore quand il fut tué pendant le combat. Anna Rousseau*, résistante dont le mari trouva aussi la mort à La Parade, secrétaire du CDL de la Lozère, dirigea les travaux d’identification des victimes de La Parade et Badaroux (29 mai 1944) écrivit dans une de ses notes manuscrites intitulée Enquête Meyrueis : « ramassé quatre morts entre le cimetière [de la Parade] et le village, au dessous de la route, dont Liévin, belge (…) gonflé comme brûlé avec de grosses cloques blanches (lance-flammes), tête absolument défigurée ». Son acte de décès fut inscrit dans le registre de l’état civil de La Parade le 9 avril 1945 avec la mention « mort pour la France ». Neuhard fut homologué adjudant des FFI. Ses parents furent informés de son décès au début du mois de mai 1945. Son corps fut ré-inhumé le 15 mai 1957 au cimetière national des maquis à Chasseneuil-sur-Bieuvre (Charente).

Son nom figure sur le monument de La Parade, érigé en mémoire des morts de Bir Hakeim, les 28 et 29 mai 1944. Celui-ci est inscrit sur la stèle de la Tourette (Badaroux, Lozère) érigées en la mémoire des vingt-sept exécutés du 29 juin 1944. Il est également gravé à Mourèze (Hérault) sur le grand mémorial édifié en l’honneur des maquisards de Bir Hakeim morts au combat ou exécutés entre septembre 1943 et août 1944.

Voir La Parade (18 mai 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article194649, notice NEUHARD Liévin, Guillaume par André Balent, version mise en ligne le 21 août 2017, dernière modification le 6 octobre 2018.

Par André Balent

Lievin Neuhard (1922-1944)
Lievin Neuhard (1922-1944)
Archives Martine de Gos. Carte de prière de Lievin Neuhard : la traduction du texte en français se trouve dans le corps de la notice biographique. Photographie Martine de Gos

SOURCES : Archives privées de Martine de Gos, nièce d’Éric Premer. —. Association pour des études sur la Résistance intérieure (AERI), Association départementale des Anciens de la Résistance de Lozère, ANACR Lozère, La Résistance en Lozère, CDROM accompagné d’un livret, 27 p., Paris, 2006. — Courriels de Martine de Gos (2 juillet, 30 août et 1er septembre 2018). — Site MemorialGenWeb consulté le 20 août 2017.

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