TRUELLE Marie

Par Jean-Luc Labbé

Née le 30 avril 1887 à Chézelles (Indre), ouvrière-chemisière de l’usine Rousseau à Villedieu (Indre) ; militante syndicale en 1903 ; condamnée à l’amende pour solidarité avec les ouvriers porcelainiers.

Marie Truelle n’avait que 16 ans en 1903 ; célibataire, sachant lire et écrire, elle était la fille du journalier Henri Truelle (chez le patron porcelainier Catherinot). Un syndicat CGT d’ouvrières de l’habillement existait à Villedieu depuis 1902 et celui-ci prit part à des manifestations de solidarité avec les ouvriers porcelainiers en grève. Le 28 mai 1903, lors d’une de ces manifestations, la gendarmerie dressa procès-verbal à Marie Truelle pour « outrages à la gendarmerie dans l’exercice de ses fonctions. » Elle aurait crié « Enlevez les gendarmes ! » Le tribunal correctionnel de Châteauroux, bien que « sa conduite et sa réputation sont bonnes », la condamna quelques semaines plus tard à une amende.
Un rapport de la gendarmerie, daté du 28 mai 1903, lors de la grève des ouvriers porcelainiers retraça « les méfaits » de Marie Truelle : « Alors que le brigadier Burel et les gendarmes Leclerc et Limay faisaient dégager la voie où stationnaient des ouvriers, un rassemblement s’était formé empêchant la circulation aux abords de l’usine[de porcelaine], nous nous sommes approchés pour faire circuler, ce que les manifestants ont fait à l’exception de la nommée Truelle Marie qui n’y a consenti qu’à notre deuxième invitation puis elle s’est mise à courir en criant à trois reprises « Enlevez les gendarmes ! » et s’est réfugiée dans la fabrique de chemises Rousseau [où elle était ouvrière]. Lorsque notre présence n’a plus été nécessaire aux abords de l’usine nous nous rendus près de cette jeune fille et l’ayant interpellée sur son identité et sur le délit qu’elle venait de commettre, elle nous a déclaré ce qui suit : je reconnais m’être rendue à l’usine accompagnée de plusieurs camarades mais je nie avoir crié enlevez les gendarmes. Nous lui avons fait remarquer que nous la reconnaissions parfaitement et que nous dresserions contre elle procès-verbal pour outrage à la gendarmerie ». Et la gendarmerie de conclure, magnanime : « Nous n’avons pas cru devoir procéder à son arrestation ».
Lors du recensement de la population de 1901, Marie Truelle n’avait que 13 ans et déclarait déjà être ouvrière de l’usine Rousseau. Elle était domiciliée route de la Chapelle-Orthemale à Mehun (commune de Villedieu) avec son père Henri (46 ans, journalier à l’usine de porcelaine Catherinot), sa mère Marie née Boisbourdin (sans profession déclarée), sa sœur Maria (12 ans) et son frère Philippe (9 ans).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article194651, notice TRUELLE Marie par Jean-Luc Labbé, version mise en ligne le 21 août 2017, dernière modification le 16 décembre 2017.

Par Jean-Luc Labbé

SOURCES : Arch. Dép. Indre. – Recensement 1901, notes de P. Guny.

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