SUAREZ Manuel

Par André Balent

Né en 1912 en Espagne, mort fusillé sommaire le 29 mai 1944 à Badaroux (Lozère) ; résistant : à l’Agrupación de guerrilleros españoles (AGE) du 4 mars 1943 au 12 mai 1944 puis au maquis Bir Hakeim du 12 mai 1944 au 29 mai 1944

Manuel Suarez résidait dans les Asturies. Il s’était marié avant 1936.
En 1936, il s’engagea dans les milices antifascistes afin de combattre les militaires soulevés ; Il intégra ensuite l’Armée populaire après la « militarisation » des milices. À une date indéterminée, il se retrouva en Catalogne, car il entra en France en février 1939 au moment de la Retirada. On ignore son parcours entre 1939 et 1943-1944.
Il participa à la Résistance dans le département de la Lozère. Il intégra la 15e brigade des Guerrilleros españoles (Lozère) commandée par Miguel López. Cette brigade faisait partie de la 3e division de Guerrilleros regroupant les brigades de l’Ardèche, du Gard et de la Lozère commandée par Cristino Garcia Grandas

Suarez fit partie du détachement de la 3e brigade commandé par Miguel López mis à disposition du maquis (AS) Bir Hakeim (Voir Capel Jean). Le détachement arriva au Grand Hôtel du Fangas (mont Aigoual, commune de Valleraugue, Gard) le 16 mai 1944 dans deux camions. Le cantonnement du Grand Hôtel fut repéré par un avion de reconnaissance allemand. Pendant la nuit du 25 au 26 mai, les forces vichystes, GMR et Milice, attaquèrent. Capel eut le temps d’ordonner le départ du mont Aigoual avant l’encerclement. Comme le gros des effectifs du maquis, Suarez fit à pied le trajet vers le nouveau cantonnement choisi par Capel, La Parade, sur le causse Méjean (Lozère). Il arriva à destination le 27 mai au soir. Installé au hameau de La Borie, à, proximité du village de La Parade, il passa la nuit au « château Lapeyre », avec l’ état-major.

Au commencement de la matinée du 28 mai, les troupes d’occupation prévenues grâce à la « trahison » du chef de la brigade de gendarmerie de Meyrueis encerclèrent La Parade. Bir Hakeim, ou du moins sa formation principale, était pris au piège. Les maquisards tentèrent plusieurs sorties qui se soldèrent par des échecs et la mort de tous les chefs, à commencer par Jean Capel. Suarez défendit, avec d’autres maquisards de toutes origines, pendant toute la durée du combat, les positions de Bir Hakeim à La Borie. À 16 heures, les derniers défenseurs retranchés dans le « château » Lapeyre, à court de munitions, hissèrent le drapeau blanc, se rendant contre la promesse d’être traités comme des prisonniers de guerre. Suarez était l’un d’eux.

À 17 heures, les prisonniers montèrent sur des camions qui les conduisirent à Mende (Lozère) où ils furent livrés à la Sipo-SD. Ils furent, pour la plupart d’entre eux, torturés de façon extrêmement brutale dans les caves de la villa Lyonnet, siège de la Sipo-SD. Ils furent conduits, le lendemain au ravin de Tourette (commune de Badaroux, Lozère) en contrebas du talus de la voie ferrée de La Bastide-Puylaurent à Marvejols. Son corps fut inhumé à Badaroux le soir même.

Son nom est inscrit sur la stèle de la Tourette (Badaroux, Lozère) érigée en la mémoire des vingt-sept exécutés du 29 juin 1944. Il est également gravé à Mourèze (Hérault) sur le grand mémorial érigé en l’honneur des maquisards de Bir Hakeim morts au combat ou exécutés entre septembre 1943 et août 1944. Il figure également sur la stèle de la Grand-Combe (Gard) érigée à la mémoire de « nos glorieux héros sans uniforme du canton de la Grand-Combe tombés pour la Libération de la France ». Il est inscrit aussi sur le monument érigé en 2004 à Portes (Gard), près du cimetière du hameau de l’Affenadou à la mémoire des Espagnols du Gard, de la Lozère et de l’Ardèche (3e division de l’AGE) morts pour faits de résistance.

Voir Badaroux, Ravin de la Tourette (29 mai 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article194687, notice SUAREZ Manuel par André Balent, version mise en ligne le 22 août 2017, dernière modification le 22 août 2017.

Par André Balent

SOURCES : Association pour des études sur la Résistance intérieure (AERI), Association départementale des Anciens de la Résistance de Lozère, ANACR Lozère, La Résistance en Lozère, CDROM accompagné d’un livret, 27 p., Paris, 2006. — Site MemorialGenWeb consulté le 22 août 2017.

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