JAUBERT Léopold [JAUBERT Antoine, Léopold, Marie

Par Jacques Girault

Né le 15 février 1879 à Brignoles (Var), mort le 18 janvier 1942 à Hyères (Var) ; médecin ; maire d’Hyères.

Léopold Jaubert
Léopold Jaubert
Communiqué par la famille.

Fils d’un propriétaire de vignobles, classé à droite, père de six enfants, Léopold Jaubert fit ses études secondaires au collège des Pères maristes à La Seyne (Var). Étudiant à la Faculté de Médecine de Lyon, il devint interne des hôpitaux.

Léopold Jaubert s’installa comme médecin à Hyères en 1906 et créa un des premiers établissements climatiques à usage médical de la ville en 1907. Médecin de l’hôpital municipal, puis de l’hôpital Renée Sabran, propriété de la ville de Lyon dont le maire Édouard Herriot lui remit la médaille des Hospices civils de Lyon en 1931. Une amitié durable lia plus tard les deux hommes.

Mobilisé en août 1914 dans le service de santé, il fut affecté dans le corps expéditionnaire des Dardanelles et de Macédoine. Il se maria en janvier 1918 à La Garde (Var). Son épouse, originaire d’Espagne, veuve, avait une fille qu’il adopta.

Réinstallé à Hyères, Léopold Jaubert, membre de la Ligue des droits de l’Homme, et sans doute de la Libre Pensée, ne prit pas part aux luttes politiques dans la ville au début des années 1920. Membre du conseil d’administration du Syndicat d’initiatives, dans les années 1930, il dirigea la Société immobilière et climatique de la plage d’Hyères. Il publia des études médicales sur la cure hélio-marine et les conséquences du climat hyérois et un ouvrage couronné par l’Académie française.

Le 2 juin 1928, Paul Gensollen, maire radical-socialiste de la ville, démissionna à la suite de la “division du conseil municipal […] en deux fractions numériquement à peu près égales”. Jaubert accepta alors de contribuer à dénouer cette nouvelle crise municipale due aux divisions internes dans les forces de gauche. Élu conseiller municipal, le 1er juillet 1928, il fut porté à la tête du conseil, le 7 juillet. Le sous-préfet le classait parmi les radicaux-socialistes. L’année suivante, lors des élections municipales générales, il conduisait une “liste de concorde républicaine et d’intérêt local”, comprenant une majorité de socialistes SFIO, des radicaux-socialistes et des républicains de gauche. Il répondait négativement à la question d’un journaliste “Hyères doit-elle continuer de végéter dans la médiocrité […] ?” et s’affirmait partisan d’une “ville ordonnée”, fondée sur le développement de l’agriculture et du tourisme d’hiver. Le 5 mai 1929, il fut élu en deuxième position avec 1 452 voix sur 3 833 inscrits (Hyères-ville seulement). Le nouveau conseil municipal contribua fortement à l’équipement de la commune. Jaubert devint membre du conseil d’administration de la Caisse d’épargne et au Syndicat d’initiative, délégué au Touring-club. Membre du Conseil départemental d’hygiène et de la commission d’aménagement des villes et des villages, Léopold Jaubert fut élu vice-président puis président de l’Amicale des maires de l’arrondissement de Toulon. Il participa aux congrès de l’Association générale des maires de France et fit, en 1934 à Paris, une intervention remarquée. Républicain et socialiste, il prononça, entre autres, une allocution pour la célébration du cinquantenaire de l’école laïque à Hyères, dont la presse locale publia de larges extraits.

En 1935, Léopold Jaubert, que le sous-préfet considérait maintenant comme “républicain-socialiste”, conduisait à nouveau une “liste de concorde républicaine et d’intérêt local” composée de membres du Parti socialiste de France (en fait la plupart des anciens conseillers municipaux socialistes SFIO en 1929) et de républicains-socialistes. Plusieurs listes sollicitaient les suffrages des Hyérois. Au terme de vives luttes, Jaubert arrivait en onzième position au premier tour avec 948 voix sur 4 657 inscrits. Les listes socialistes SFIO et communistes se désistaient en sa faveur et il retrouva son siège de maire, avec 24 co-listiers, le 12 mai 1935, avec 1 318 voix.

Ses adversaires contestèrent la régularité de l’élection. A la suite d’une longue attente, le Conseil d’État l’annula, le 21 novembre 1935. Aux élections générales, le 19 janvier 1936, sur 4 657 inscrits, le chef de file de la “liste Jaubert“ arrivait en 26eme position avec 1 286 voix. Il fut élu le dimanche suivant avec 1 822 voix, mais ses adversaires coalisés furent désignés en plus grand nombre au bénéfice de l’âge. Aussi, le 9 février 1936, Jaubert recueillait-il 12 voix contre 15 au futur maire Moulis.

Cette étroite défaite des nouveaux conseillers municipaux minoritaires prenait l’allure d’un conflit politique. En effet, Jaubert, rallié au Front populaire, présida la manifestation du 14 juillet 1935 à Hyères. Jaubert animait le nouveau groupe de l’Union socialiste et républicaine né de l’élargissement du PSDF vers les milieux “radicalisants”. Léon Chommeton, député sortant, ayant decide de ne pas se représenter, Jaubert fut désigné comme candidat dans la troisième circonscription de Toulon (région hyéroise). “Orateur disert, hautement documenté, éloquent sans emphase”, le candidat s’assignait trois buts : “défendre la République, surmonter la crise, servir la Paix”. Sa profession de foi signée par Chommeton, président de son comité électoral, définissait un “socialisme fait de mesure, de réalisme et d’idéal”. Le 26 avril 1936, arrivé troisième (2 542 voix sur 16 983 inscrits), il se désistait et menait campagne pour le candidat socialiste SFIO Michel Zunino.

Après une nouvelle crise municipale que le journal qui soutenait Jaubert Chanteclair-Var continuait à attiser, des élections furent organisées à l’automne 1937. Léopold Jaubert conduisait une liste “du Front populaire” comprenant ses amis USR, des socialistes SFIO et des communistes. Le 19 septembre 1937, dix conseillers municipaux furent élus. Jaubert arrivait personnellement en 14eme position avec 1 726 voix sur 4 834 inscrits. Au deuxième tour, il était élu avec 1 928 voix, le maire Moulis étant battu. Le 1er octobre, Jaubert retrouvait le fauteuil de maire par 27 voix contre 8. Il resta en functions jusqu’à sa révocation, le 19 février 1941. Il continuait à diriger son établissement médical et mourut en se rendant visiter un malade à l’extérieur. Sa famille décida que ses obsequies seraient religieuses. Son inhumation eut lieu à Brignoles.

Léopold Jaubert, populaire et généreux, s’exprimant souvent en langue provençale, moderne (il pratiquait le “caravanning” pour visiter les Alpes au début des années 1930, homme de gauche sincèrement rallié au Front populaire (avec son épouse, il organisa la solidarité avec les Républicains espagnols et hébergea chez lui des enfants espagnols), symbolisait les espoirs des démocrates d’une ville où la droite avait des fortes positions.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article194696, notice JAUBERT Léopold [JAUBERT Antoine, Léopold, Marie par Jacques Girault, version mise en ligne le 22 août 2017, dernière modification le 25 août 2017.

Par Jacques Girault

Léopold Jaubert
Léopold Jaubert
Communiqué par la famille.

SOURCES : Arch. Dép. Var : 2 M 3 52, 7 30 2, 32 2, 331, 35 2,4 M 49, 18 M 93, 3 Z 2 12, 14. — Arch. Mun. Hyères. — Presse locale. — Renseignements fournis par sa famille (Jacques Jaubert, Daniel Vassal).

Œuvre : Le fichier de la BNF en 2017 comportait quatre références dont - La cure de soleil. Pourquoi et comment la pratiquer, Paris, Éditions Flammarion, 1926, 235 p.

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