PICHON Alfred

Domicilié 19 rue de L’Indre, l’ouvrier ébéniste Marcel Pichon participa à la création du troisième syndicat ouvrier à Châteauroux après celui des typographes en 1886 et celui de la manufacture des tabacs en 1890. Elu trésorier du syndicat de l’ébénisterie de Châteauroux à sa fondation en 1891, il en devint le président en 1895. Le syndicat faisait alors état d’un nombre d’adhérents variant de 22 à 35 selon les années.
Son accession à la présidence en 1895 coïncida avec la création de la CGT à Limoges ainsi qu’avec un mouvement de grève des ouvriers ébénistes castelroussins. Les patrons de la douzaine d’entreprises artisanales de fabrique de meubles que comptait alors Châteauroux dénoncèrent l’accord sur les tarifs (prix payé à l’ouvrier pour fabriquer tel type de chaise par exemple, quelle que soit la durée que mettait l’ouvrier). Ces tarifs remontaient à un accord signé en août 1881 entre les patrons et les représentants de la corporation ouvrière. Le mouvement de grève fut suivi par une trentaine d’ouvriers ; soit les effectifs syndicaux déclarés en cette année 1895. Les chefs d’entreprises restèrent inflexibles, remplacèrent les grévistes par des « étrangers », c’est-à-dire des ouvriers extérieurs à la ville, et finirent par avoir gain de cause après quelques semaines. Le syndicat n’était pas encore affilié à une fédération nationale et n’avait ni caisse de secours, ni caisse de chômage ou de grève. Aucune déclaration d’Alfred Pichon ne permet de dater l’adhésion à la CGT. Seule certitude : c’était le cas en 1901 lors de la création de la Bourse du travail de Châteauroux. Vers 1896, Alfred Pichon fut élu conseiller prudhomme et le restera jusqu’en 1904 environ.
Alfred Pichon était également militant socialiste. Il fut candidat aux élections municipales de Châteauroux en 1896 avec Edmond Augras pour la première confrontation entre la majorité radicale du conseil municipal et une liste socialiste autonome. En 1901, il participa à la création de la Bourse du travail de Châteauroux et fit partie de la première commission administrative ; Louis Maraton étant le secrétaire général. Conseiller prud’homme, collège des salariés, il participa avec Augras, élu pour le collège des employeurs, en 1902 au congrès mixte des prud’hommes à Bourges. Alfred Pichon resta président de son syndicat CGT des ébénistes jusqu’à sa démission en 1904. Le syndicat qui rassemblait 35 adhérents n’en comptera plus que 18 l’année suivante. Alfred Pichon décéda en octobre 1913.